Andres Serrano n’en est pas à son premier scandale. Cet artiste, dont l’œuvre Piss Christ a outré une génération d’américains, présente à la Maison Européenne une sélection de photographies parmi ses plus polémiques. Un grand portrait du monde, de sa diversité et de ses travers.
Il a photographié le Ku Kux Klan, Anna Nicole Smith et Donald Trump. Andres Serrano compte parmi les artistes contemporains les plus emblématiques de la scène américaine. Les plus polémiques aussi. Son nom est indissociable des divers scandales qui lui ont fait un nom. S’il assure que son œuvre est apolitique, et que chacun est libre d’y lire le message qu’il décèle, Serrano s’est constitué malgré lui une base de détracteurs solide, scandalisés par son appropriation de références religieuses, politiques ou sociales.
De gauche à droite : Immersion (Piss Christ) et portrait d’Anna Nicole Smith par Andres Serrano
L’outrage majeur ? Piss Christ, son oeuvre la plus célèbre. Cette photographie d’un christ sur la croix, a priori embrasé, sur fond vermeil est en réalité le cliché d’un crucifix plongé dans un récipient rempli de l’urine de l’artiste. Bannie de plusieurs établissements et vandalisée à de multiples reprises, cette œuvre lance un débat à la fin des années 1990 en Amérique lorsque le pays apprend que l’artiste a reçu des subventions de la part d’un organisme public. Beaucoup y voient un blasphème, lui préfère se positionner dans la lignée d’un Caravage qui, au début du XVIIe siècle se servait d’une prostituée comme modèle pour peindre la Vierge Marie.
De gauche à droite : photos extraites des séries The Klan et A History Of Sex d’Andres Serrano
La Maison Européenne de la Photographie dédie à Andres Serrano une partie de son espace jusqu’au 29 janvier 2017. En partenariat avec la Galerie Nathalie Obadia qui représente et expose dans ses murs de la rue du Bourg Tibourg (Paris 4) d’autres travaux de l’artiste, cette rétrospective explore près de trente années de photographies.
De la série America, réalisée après les attentats du 11 septembre et mettant en scène des icônes pop, des citoyens ou encore des politiciens, à Nomads composée de portraits de sans-abri new-yorkais en passant par The Klan et ses membres masqués, l’exposition aborde des thèmes et problématiques divers qui feront automatiquement écho au contexte actuel. Et d’interroger les frontières entre correct et indécent, beau et laid, bon et immoral, chic et vulgaire, superflu et indispensable.
Heaven & Hell, Andres Serrano
L’exposition Andres Serrano est à découvrir à la Maison Européenne de la Photographie jusqu’au 29 janvier 2017.