De Jeanne d’Arc à Rick Owens, le Musée des Arts Décoratifs siècles explore avec « Tenue correcte exigée, quand le vêtement fait scandale » plusieurs siècles d’outrages mode.
Source ou emblème de révolution, qu’elle soit sociale ou sexuelle, pérenne ou éphémère, la mode a toujours interrogé et défié les règles du vestimentairement correct. Car moins futile qu’il ne peut en avoir l’air, le vêtement est une déclaration, flirtant parfois avec la provocation.
Dans ce registre, les robes « clochard » haute couture de John Galliano, les dysmorphies de Rei Kawakubo, ou, plus récemment, les créations très révélatrices du défilé Rick Owens, ont toutes suscité choc et stupeur. Et bien avant elles, mini-jupes, bikinis ou smokings féminins suffisaient à défrayer la chronique, pour des raisons sociales, religieuses ou politiques.

De gauche à droite : Thierry Mugler haute couture automne-hiver 1997, Rick Owens automne-hiver 2015
À ces multiples objets du scandales, inscrits dans l’histoire de la mode, le Musée des Arts Décoratifs dédie « Tenue correcte exigée, quand le vêtement fait scandale », une exposition rétrospective, du 14e siècle à aujourd’hui.
À travers 300 pièces et accessoires, le musée, sous le commissariat de l’historien Denis Bruna, interroge la représentation du corps au fil des époques, le bouleversement des normes vestimentaires et l’évolution de la notion de genre. Un parcours historique et transgressif.
L’exposition « Tenue correcte exigée, quand la mode fait scandale » est à découvrir au Musée des Arts Décoratifs de Paris jusqu’au 23 avril 2017.
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