C’est un fait : Gucci est parti pour vivre une nouvelle vie, envers et contre tous. Après douze ans de bons et loyaux services, sa directrice de création Frida Giannini est partie. Son bras droit Alessandro Michele lui succède.
À 42 ans, cet homme de l’ombre a été formé par l’Académie du costume et de la mode romaine puis chez Fendi avant de rentrer chez Gucci en 2002. Parmi ceux qui lui ont offert une chance à ses débuts, Tom Ford, qui demeure une évidente influence. Pour le côté sexy, bien sûr, mais aussi le jeu entre cérébral et ambigu.
Aujourd’hui, Michele est directeur de la création et doit aussi veiller à l’image de Gucci. Comme premiers pas, les défilés homme et femme automne-hiver 2015-2016. En France, la réception a été mitigée mais tout le monde s’est accordé sur un point : le monde Gucci est en pleine transformation. Et, nous le savons tous, la mode a souvent raison de bouger… En citant Roland Barthes (« Le contemporain est inactuel »), Michele n’a pas joué la carte de la simplicité – il a voulu, au contraire, affirmer le nouvel ADN de la maison italienne.
Androgynie, sensualité, effervescence de matières, reflet des looks de la rue : on est bien loin de la surenchère de glamour que Gucci puisait jadis au sein de la Riviera italienne. Au contraire, l’air du temps semble avoir été humé de près… De trop près ? En tout cas, le dressing partagé entre garçon et fille, l’ampleur des coupes et la suggestion des looks nous intriguent suffisamment pour que l’on demande à en voir plus.
Un texte de Sophie Rosemont