Cet été, le Jeu de Paume poursuit son exploration du travail du photographe au féminin avec Germaine Krull et Valérie Jouve (mention spéciale, cependant, au Coréen Khvay Smmang, pour son installation L’Homme-caoutchouc). La première est une figure complexe, à la fois passante et titulaire, de l’image du XXe siècle. La seconde fait partie des grands noms de la photographie contemporaine, et ses Corps en résistance exposés au premier étage du Jeu de Paume ne diront pas le contraire.
Mais Krull, à laquelle est destinée le rez-de-chaussée, capte cette fois notre attention. De sa naissance en 1897 à sa mort en 1985, elle a vécu plusieurs voyages, psychiques comme géographiques. Une enfance en liberté, un engagement bolchévique, la prison, les mariages éphémères, les reportages de guerre, la révélation mystique, le retour au bercail, en Allemagne, pour se retirer et mourir discrètement. Elle a vécu aux Pays-Bas, en France, en Amérique Latine, en Inde. Elle a photographié les architectures métalliques urbaines (ses « fers »), les nus féminins, les autoroutes, le Dalaï-Lama, les mains de Colette ou de Cocteau – cette partie du corps la fascinait.
Avec un corpus de 130 tirages, pages de revues et extraits de livres, la rétrospective consacrée à Germaine Krull est dense. Regroupée sur un seul et même étage, elle se termine aussi abruptement que s’est conclu la carrière de la photographe, trente ans avant son décès…
Jusqu’au 27 Septembre : Germaine Krull (1897-1985) – Un destin de photographe au Jeu de Paume, Concorde Paris.
www.jeudepaume.org
Un texte de Sophie Rosemont