L’application entend ainsi diminuer la comparaison et la compétition entre ses usagers, néfaste pour la santé mentale et source de stress et d’anxiété selon plusieurs rapports.
En avril dernier, les interrogations avaient été nombreuses lorsque Instagram avait annoncé tester une nouvelle fonctionnalité auprès de ses utilisateurs canadiens, leur donnant désormais la possibilité de masquer le compteur de « likes » apparaissant d’ordinaire sous chacun de leurs posts. Aujourd’hui, le réseau social étend l’expérience à six nouveaux pays répartis à travers le monde – Australie, Brésil, Irlande, Italie, Nouvelle-Zélande et Japon -, après s’être par ailleurs engagé début juillet à lutter contre le harcèlement, en dévoilant un nouvel outil dissuasif à destination des utilisateurs souhaitant poster des messages haineux.
Ainsi, le compteur de likes apparaissant sous chaque photo disparaît pour ne laisser place qu’à un seul nom d’utilisateur ayant aimé le post en question. À ses côtés, tous les autres utilisateurs ayant fait de même sont regroupés et désignés sous l’inscription « et autres ». Ce n’est qu’en cliquant sur cette seconde mention que s’affichera alors la liste exhaustive mais non comptabilisée des likes. Il s’agit là d’une petite révolution pour la plateforme de partage de photos et de vidéos, propriété de Facebook, motivée par son envie d’un retour à davantage d’authenticité. « Nous faisons cette expérience parce que nous souhaitons que nos utilisateurs se concentrent sur les photos et les vidéos partagées, pas sur le nombre de like qu’ils recueillent » a expliqué un porte-parole.
We’re currently running a test that hides the total number of likes and video views for some people in the following countries:
— Instagram (@instagram) July 17, 2019
✅ Australia
✅ Brazil
✅ Canada
✅ Ireland
✅ Italy
✅ Japan
✅ New Zealand pic.twitter.com/2OdzpIUBka
Car peu à peu, le like a été détourné de sa fonction première pour devenir un indicateur permettant de quantifier l’influence d’une personne. En conséquence, cette instrumentalisation a conduit à des dérives telles que l’achat de faux likes afin de faire croire à autrui que l’on possède une large audience. Mais plus grave encore, plusieurs études ont démontré ces dernières années l’influence néfaste du chiffre indiquant la quantité de likes obtenus sur la santé mentale, notamment chez les adolescents. Car constamment scrutés, ces chiffres participent à la mise en place d’une compétition entre les utilisateurs qui jaugent leur valeur et celle d’autrui à l’aune du nombre de mentions j’aime reçues. En 2017 au Royaume-Uni, cela a conduit la Royal Society for Public Health à classer l’application parmi les plus nocives, aux côtés de Snapchat qui avec ses filtres, brouille la distinction entre identité réelle et virtuelle au point qu’une nouvelle maladie a été baptisée « dysmorphie de Snapchat ».
De moins en moins utilisé pour signaler le fait que l’on trouve un contenu intéressant, le like est devenu un réflexe automatisé servant davantage à attester du fait que l’on a vu un contenu pour maintenir un lien avec son auteur ou témoigner de son appartenance à une communauté. Pour preuve, la photo comptabilisant le plus de likes sur Instagram ne présente rien d’autre qu’un œuf, signe de cette absurdité… Entouré de nombreuses significations, l’acte de liker reste cependant indispensable au fonctionnement de l’algorithme du réseau social utilisé par plus d’un milliard de personnes. Car en fonction de nos mentions « j’aime », Instagram adapte les contenus qui nous sont présentés. Quoiqu’il en soit, si elle est étendue et définitivement adoptée, cette nouvelle fonctionnalité devrait contribuer à diminuer encore un peu plus le pouvoir des influenceurs, déjà en perte de vitesse comme l’a souligné récemment la firme allemande InfluencerDB.