La franco-nippone Noémie Aiko Sebayashi, fondatrice de la griffe Nattofranco, raconte une histoire de streetwear métissé.
Lorsqu’on parle de mode japonaise, les premiers clichés à surgir se limitent souvent à Comme des Garçons, Rei Kawakubo et Yohji Yamamoto, tous synonymes de conceptualisme aussi poussé que luxueux.
Pourtant un battement de cil dans la direction de la marque Nattofranco, lancée par la franco-nippone Noémie Aiko Sebayashi en 2014, suffit à prouver qu’elle s’inscrit dans une démarche radicalement différente : des joggings près du corps, des sigles de marques locales utilisés en imprimés, des cols roulés transparents tantôt ornés de broderies délicates, tantôt de personnages de manga.
Nattofranco automne-hiver 2016
Aujourd’hui, elle se place dans la continuité d’une longue histoire de streetwear japonais, comme Nigo, qui collabore avec Pharrell Williams entre autres, Undercover, mais aussi Urahara, Taichi Murakami, The Kimono Kid. Leur particularité malgré une grande variation stylistique ? Une observation de la culture urbaine d’un autre oeil, refusant un culte de l’Amérique et la citant de façon ludique; des coupes apposant leurs références traditionnelles anciennes, un sens de l’épuration, une volonté souvent No Logo et androgyne, pour un vestiaire quotidien toujours pointu.
Nattofranco automne-hiver 2016
Quant à NattoFranco, le label propose une vision plus singulière : celle d’un fusionnement entre deux pays, et plus particulièrement ses capitales, deux grandes métropoles clé à l’histoire de la mode – mais opposées à multiples niveaux. « Natto » comme le nom d’un dessert pour enfants à base de soja que la fondatrice affectionne, « Franco » comme le pays où elle grandit, en banlieue parisienne. Au Japon, on la dit « Hafu », soit « half » ou « moitié », métissée – et c’est précisément ce mélange des cultures et des codes des genres qu’elle retranscrit dans son travail : un flâneur urbain, à la garde-robe raffinée là où on ne l’attend pas, enfantin là où on s’y attend encore moins. Nattofranco, c’est l’histoire d’une mixité entre les registres, les pays, les âges – et une preuve, si il en fallait, de l’importance d’un partage de codes continu et sans cesse repensé pour faire avancer le style.
La collection NattoFranco est disponible sur leur site internet.