À 90 ans et plus de vingt ans après son départ de la maison éponyme, Hubert de Givenchy continue de faire briller la mode française à travers le monde. La Cité de la Dentelle et de la Mode de Calais lui rend hommage dans une exposition événement à découvrir jusqu’au 31 décembre.
Une blouse blanche ornée de broderie noire aux manches volantées en coton blanc ouvre le parcours des visiteurs venus admirer l’œuvre d’un homme. Cette blouse, c’est la mythique « Bettina » d’Hubert de Givenchy qu’il présente lors de sa toute première collection en 1952. Le jeune homme, originaire de Beauvais, a alors 25 ans et vient de lancer sa propre maison de couture. Il ne la quittera que 33 ans plus tard en 1995 après l’avoir préalablement vendue au groupe LVMH en 1988. Entre temps, le couturier sollicite le maître espagnol Cristobal Balenciaga, qui deviendra alors son mentor, un soutien moral, créatif et financier.
L’iconique blouse blanche « Bettina » de Givenchy.
À l’image de la « Bettina », le travail d’Hubert de Givenchy est un numéro d’équilibriste que seul les plus grands couturiers sont capables de réaliser. Il est audacieux, sans être fantasque, moderne sans être prétentieux, il habille le tout Hollywood tout en gardant le confort au centre de ses créations. »Cela ne sert à rien de faire de l’esbroufe, il faut faire des vêtements avant tout confortables et bien coupés, et il ne faut jamais contrarier le tissu avec trop d’artifices, il doit bouger sur le corps de la femme. Porter un vêtement doit vous donner une sécurité« , dit-il. La femme, c’est elle qui le pousse encore et toujours à se sublimer. « La mode, c’est faire tout son possible pour embellir la femme« , aime-t-il raconter, et c’est ce qu’il fera avec grâce et intemporalité, de ses robes fourreau aux pantalons-tailleurs jusqu’aux déshabillés en dentelle.
En 1961, il habille Jacqueline Kennedy lors de la visite officielle du couple présidentiel en France. En 1973, les photos de sa tenue de deuil créée pour la Duchesse de Windsor aux funérailles de son époux, une robe et manteau en crêpe de laine avec ceinture de cuir, font le tour du monde. Givenchy était l’homme de toutes les femmes et de toutes les situations. Il habille le mannequin Jerry Hall en 1976, alors compagne de Mick Jagger, d’une de ses petites robes noires qui font aussi son succès, mais c’est véritablement sa relation avec la star de cinéma Audrey Hepburn qui marque l’ère Hubert de Givenchy. Le musée ne s’y est pas trompé en consacrant un espace complet à sa muse et amie. Il l’habille à la scène comme à la ville, et entre dans l’histoire de la pop culture en dessinant la fameuse longue robe noire de Breakfast at Tiffany’s, également visible dans l’exposition.
De gauche à droite : Jerry Hall en robe noire Givenchy, 1976. Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany’s.
Au total, ce sont près de 70 pièces – issues de prestigieuses gardes robes privées, des archives de la maison Givenchy et du fonds Givenchy de la Cité de la dentelle et de la mode – qui sont présentées dans l’exposition dont Hubert de Givenchy assure-lui même la direction artistique, deux ans après avoir initié l’exposition Balenciaga, Magicien de la dentelle, toujours à La Cité de la Dentelle et de la Mode de Calais. S’il s’est retiré des circuits depuis 22 ans, il reste néanmoins un fervent activiste et ambassadeur de la couture française.
L’exposition Hubert de Givenchy est à découvrir à La Cité de la Dentelle et de la Mode de Calais jusqu’au 31 décembre.