Texte : Alexandre Samson
Photos par Ferry van der Nat et article extraits d’Antidote Magazine : Desire printemps-été 2020. Stylisme : Yann Weber. Coiffure : Bénédicte Cazau-Beyret. Maquillage : Masae Ito.
Veste en tweed de laine, Chanel. Jupe en tweed de laine, Chanel. Collier pendentif en métal, cuir et strass, Chanel (réalisé par Desrues). Boucles d’oreilles en perles, métal et strass, Chanel (réalisées par Desrues). Ceinture en métal et cuir, Chanel. Collier multi rangs en perles nacrées et chaînes en cuir tressé, ornées d’un nœud en cuir plat et de petits camélias nacrés, Chanel (réalisé par Desrues). Boucles d’oreilles avec des camélias nacrés et goutte de verre, Chanel (réalisées par Desrues). Serre tête en velours de soie, Chanel (réalisé par Maison Michel). Escarpins en cuir métallisé et gros grain, Chanel (réalisés par la Maison Massaro).
Alexandre Samson, historien de la mode et responsable des départements Haute Couture et création contemporaine du Palais Galliera, analyse comment les codes de la maison Chanel se sont imposés, déclinés et renouvelés à travers les saisons pour mieux perpétuer la désirabilité de ses pièces iconiques.
4 décembre 2019. Sous la verrière du Grand Palais, la maison Chanel présente son défilé Métiers d’Art 2019-2020. Virginie Viard, directrice artistique des collections mode de la marque, y déploie 71 silhouettes composées de codes qui, s’ils sont aujourd’hui internationalement identifiables, ont été initiés par Gabrielle Chanel au cours du XXe siècle. On remarque les escarpins bicolores, au bout noir, l’usage des galons sur les vestes et les manteaux, les variations du sac matelassé « 2.55 », la chaînette dorée… sans oublier le tweed, étoffe signature de la maison.
Ces éléments ne représentent qu’une modeste partie du champ sémantique développé par Gabrielle Chanel. Bien que reconnaissables entre mille, ils se détachent de leurs versions originales. Adaptés à l’époque, ils ont subi de légères variations de formes, de matières ou de détails. Les sacs matelassés peuvent abandonner leur célèbre couleur noire pour un fuchsia, un rose saumon ou des broderies de paillettes argentées. Malgré ces évolutions, ils continuent de s’inscrire dans la lignée des modèles d’origine grâce à un processus savamment pensé par Karl Lagerfeld, nommé directeur artistique de la maison en 1983. Inspiré par les archives et une connaissance aiguë de l’histoire de la mode, il étudie le passé de la maison, identifie ses codes, les dissèque, les interprète puis les détourne avec pour devise : « Mon métier est de mettre Chanel dans l’air du temps. » Pendant 36 ans, il jouera avec ses emblèmes comme autant de gammes.
Depuis ses débuts en 1909, Gabrielle Chanel aura dédié sa carrière à simplifier la mode, à en dégager l’essentiel, en réponse aux évolutions de la vie moderne. « Le temps travaille pour moi », confiait-elle en 1960. Plus que tout autre créateur, elle aura anticipé et accompagné l’émancipation féminine pour proposer à sa clientèle un vestiaire de circonstance, facile à porter et à accessoiriser en fonction de son travail ou de ses occasions.
Le tailleur Chanel est l’emblème de sa réussite. À noter qu’il est rarissime qu’un type de vêtement soit à ce point associé à un nom. Plus qu’un exemple, c’est un objet de design, pensé, rationalisé. Confortable, à l’opposé du new look imposé par Christian Dior en 1947 étranglant la taille, il est conçu pour être porté à toute heure de la journée et par tous les âges. Dès le retour de la couturière en 1954, sa forme se plie à sa fonction, en faveur de la libération du corps des femmes modernes. Avec le tailleur, on peut marcher, courir, monter dans une automobile. Gabrielle Chanel lui fait d’ailleurs subir une sorte de « crash test » avant le défilé : les mannequins doivent monter sur le podium, faire semblant de rentrer dans une voiture basse ou sauter sur la plateforme d’un bus imaginaire. Si le tailleur nouvellement créé entrave le moindre de ces mouvements, il est immédiatement corrigé et revu en atelier.
Sous son apparente simplicité, le tailleur Chanel est un véritable objet d’ingénierie. Cristóbal Balenciaga lui-même en aurait acheté un pour le démonter et tenter d’en comprendre le secret. Non entoilé, il a la souplesse d’un cardigan. Il ne se déforme pas, lesté par une chaînette dorée visible à l’intérieur de l’ourlet et grâce à une manche montée très haut sur l’épaule. Rien d’inutile ni de décoratif dans ce tailleur : les poches sont fonctionnelles et les boutons dorés ont tous une boutonnière.
C’est l’uniforme moderne par excellence. Il ne correspond plus à une mode, mais à un mode de vie calqué sur le modèle masculin, assumé par Chanel en 1963 : « Ceux qui disent : « Chanel, c’est bien mais c’est toujours la même chose » ne comprennent rien à la vie moderne. Les hommes eux, est-ce qu’ils changent de mode toutes les saisons? (…) Les femmes aujourd’hui mènent des vies d’homme. »
Le tailleur Chanel est certainement le vêtement le plus copié de l’histoire de la mode du XXe siècle. Et cette spoliation, loin d’être considérée comme un mal par Gabrielle Chanel, entretient sa légende : « Peu de créateurs ont été plus copiés que moi et cela m’a toujours fait plaisir. Je suis du côté du grand nombre. Je crois que le style doit descendre dans la rue, dans la vie quotidienne comme une révolution. »
Bingbing Liu. Combinaison en jersey, Chanel. Veste en jersey, Chanel. Ceinture en cuir, métal, résine et strass, Chanel. Manchettes en résine, métal et strass, Chanel. Boucles d’oreilles en métal, résine et strass, Chanel. Collier en perles, métal, résine et strass, Chanel.
Encore aujourd’hui, l’un des secrets du tailleur tient à sa matière. Le tweed qui le constitue aurait été trouvé en Écosse par Gabrielle Chanel durant sa liaison avec le duc de Westminster, entre 1924 et 1931. Elle en fera le tissu fétiche de son tailleur à partir de la fin des années 1950.
Pratique et confortable, la laine qui le compose s’adapte au corps et régule sa température, en hiver comme en été. Chanel transcende ce matériau « pauvre », alors utilisé par les bergers, pour en faire une étoffe de luxe retissée à chaque collection comme une partition colorée, osant de libres mélanges de matières : viscose, soie, Lurex, paillettes… En tout, près de 15 tweeds différents sont développés à chaque collection. Encore aujourd’hui, un studio entier est dédié à leur renouvellement inventif et séduisant. Si Karl Lagerfeld ose l’effilocher, parfois le trouer comme un jean, Virginie Viard le rebrode de paillettes métalliques ou le traduit en imprimés optiques. Le tweed constitue ainsi une grille au tissage immuable sur laquelle Chanel projette l’air du temps.
Au tournant des années 1980, le tailleur classique (composé d’une veste, d’une blouse et d’une jupe) se fait désuet, avant que sa forme ne triomphe à nouveau grâce au talent de Karl Lagerfeld. Le couturier joue avec sa forme et en déchire le tweed (2008), le simplifie et supprime ses boutons dorés (1983), ou le complexifie et l’orne de galons barbelés (2009), tout en exhaussant les couleurs et les motifs tout au long de sa carrière. Il ira même jusqu’à se débarrasser de toutes ces caractéristiques afin d’interroger le style de la marque, comme pour la saison printemps-été 2013 : « J’aime l’idée de n’utiliser presque aucun des symboles de Chanel et que cela ressemble quand même à du Chanel. »
Percevant l’envie de son temps pour une mode dépareillée, il simplifiera le tailleur jusqu’à n’en garder que la veste. Elle sera traduite en tweed et galons noirs et deviendra la « petite veste noire Chanel », icône du XXIe siècle, au même titre que la petite robe noire imposée par sa fondatrice au siècle précédent.
Accessoire privilégié pour accompagner le tailleur Chanel, le sac « 2.55 » tient son nom de sa date de création, en février 1955. À nouveau, il est taillé pour la vie contemporaine : en cuir, jersey ou satin noir pour qu’il ne se tache pas, matelassé en losange pour qu’il conserve au mieux son volume. Immédiatement identifiable par sa forme de pochette, il tient dans la main et se distingue par son fermoir rectangulaire à tourniquet.
À gauche : Bingbing Liu. Veste en tweed pailleté, Chanel. Sautoir en perles nacrées et émaillées multicolore, Chanel (réalisé par Desrues).
À droite : Bingbing Liu. Cardigan en cachemire, Chanel. Jupe en cachemire, Chanel. Serre tête en velours de soie, Chanel (réalisé par Maison Michel). Bracelets en perles, métal et strass, Chanel. Boucles d’oreilles en métal, résine et strass, Chanel. Collier en perles, résine, métal et strass, Chanel. Sac en velours, métal et strass, Chanel.
En outre, le « 2.55 » est l’un des tout premiers sacs à bandoulière de l’histoire du luxe. Il permet de garder les mains libres tout en emportant l’essentiel. Sa chaînette dorée, réglable, est parcourue d’un lien de cuir noir afin de ne pas entendre le cliquetis des maillons.
Ce lien si iconique, que l’on retrouve à l’intérieur des vestes, deviendra l’un des emblèmes du style de Chanel sous la main de Lagerfeld qui l’isolera pour le transformer en ceinture ou en bijoux, décliné dans de nombreuses collections.
Proposé en trois tailles pour s’adapter aux besoins de sa clientèle, le sac « 2.55 » restera immuable jusqu’à son interprétation par Lagerfeld, qui en adaptera le matelassé sur des ceinturons (1988) ou des robes (1999) et jouera avec ses formes, ses couleurs et ses motifs jusqu’à le proposer en chapeau (1990).
Les souliers bicolores, développés à partir de 1957 par Raymond Massaro, répondent eux aussi à l’envie de confort et de simplicité suscitée par la vie contemporaine.
Pratiques, ils s’inspirent de la chaussure de loisir masculine, comme un trompe-l’oeil : au regard, le cuir beige allonge la jambe tandis que le bout noir fait le pied plus petit, tout en réduisant les salissures. De même, ils sont pourvus d’un élastique au talon qui permet à la femme de les retirer sous la table et de les remettre facilement.
Dès lors, ces souliers ne cesseront d’être interprétés sous forme d’escarpins, de ballerines, de bottes, de cuissardes… Si leur esprit demeure identique, leur forme ne cessera de muer.
Mais peu de personnes auraient pu prédire leur postérité au XXIe siècle sous la forme de simples espadrilles. Inspirées des séjours de Gabrielle Chanel en vacances qui, dans les années 1930, adopte en privé ces chaussures méridionales, elles sont proposées à partir de l’été 2011. Le succès est immédiat. Accessoire populaire détourné en icône du luxe, les espadrilles de Chanel sont aujourd’hui les chaussures les plus sollicitées d’internet, avec près de 100 000 recherches mensuelles sur Google.
Une slingback bicolore, très proche de l’originale créée par Chanel en 1957, est par ailleurs présentée par Karl Lagerfeld lors du défilé automne-hiver 2015, au sein de l’éphémère « Brasserie Gabrielle » édifiée pour l’occasion au sein du Grand Palais. Elle est à son tour accueillie avec grand enthousiasme, au point de faire aujourd’hui partie des pièces incontournables de la maison que l’on peut trouver en boutique chaque saison.
Les décors non structurels ne sont pas quant à eux du goût de Gabrielle Chanel. Elle ne s’attelle que tardivement au bijou et lorsqu’elle le travaille, c’est pour mieux jouer avec le temps et sa distorsion. Passionnée par la joaillerie ancienne, elle va jusqu’à répliquer des pièces d’orfèvrerie de la période byzantine qu’elle traduit en pierres précieuses ou en verroterie, comme avec ses célèbres manchettes ornées d’une croix en cloisonné. En cela, elle rend désirable une technique inventée il y a plus de 1500 ans. La couturière tient d’ailleurs dans son impertinence l’une des clés de sa réussite : « Le bijou doit rester un ornement et un amusement. » Elle remet en question les codes sociaux en mêlant vraies et fausses pierres. Afin de contrebalancer leur apparente simplicité, elle accumule les rangs de perles en sautoir et joue avec le porté des bijoux sur le corps, arborant un collier asymétrique sur une épaule ou renversé dans le dos.
On peut également citer d’autres attributs de Chanel qui, s’ils sont moins connus, tirent leur force de leur simplicité et de leur modularité. Les couleurs noir, blanc et or sont particulièrement emblématiques. Parmi les accessoires, on trouve le canotier, chapeau populaire qu’elle porte dès 1912, ou le ruban de satin noir noué dans les cheveux.
Le camélia, essence d’origine chinoise, constitue lui la fleur de Chanel par excellence, célèbre pour la régularité de ses pétales inodores. De la sorte, cette fleur sans parfum ne risque pas de brouiller les fragrances développées par la maison, notamment celle du N°5, chiffre porte-bonheur de Gabrielle Chanel.
En guise de décor sur des boutons, on trouve par ailleurs nombre de symboles astrologiques comme le lion, son signe du zodiaque, synonyme de force et de pouvoir, mais aussi les épis de blé (symbole de prospérité), le soleil, la croix ou le cristal de roche (auquel on attribue un rôle protecteur). Autant d’emblèmes discrets qui tiennent leur force de leur répétition saisonnière, et qui, identifiables des seuls initiés, sont souvent préférés par une clientèle encline à une mode dénuée de logos.
Bingbing Liu. Veste en cuir argenté, Chanel. Galons brodés de colliers composés de perles de verre et paillettes ( broderies réalisées par la maison Lesage). Pantalon en cuir argenté, Chanel. Sac en tweed et sequins, Chanel. Bottines en daim et gros grain, Chanel (réalisées par la maison Massaro).
Le processus créatif de la maison Chanel correspond à la mentalité de sa fondatrice. Elle ne regarde jamais en arrière sinon dans un passé rêvé. Ses choix sont stratégiques, pragmatiques. C’est une des raisons qui fait de Chanel le reflet de son temps. Gabrielle Chanel, en habillant des vedettes comme Brigitte Bardot, Delphine Seyrig et surtout Romy Schneider avait compris l’importance d’apposer le visage d’une personnalité à une création afin de favoriser l’identification de ses clientes. Karl Lagerfeld et Virginie Viard ont globalisé cet adage. À chaque nouvelle génération son visage : d’Inès de la Fressange à Kristen Stewart, de Nicole Kidman à Margot Robbie, de Vanessa Paradis à Lily-Rose Depp.
La désirabilité des codes de Chanel tient en majeure partie à leur identification immédiate, fruit d’une construction visuelle implacable orchestrée par Karl Lagerfeld.
Ce dernier présente sa première collection pour Chanel le 25 janvier 1983, après 12 années où l’image de la maison s’était reposée sur ses acquis. Les enjeux sont de taille : « Il fallait vraiment y aller à fond, parce que sinon ça restait le tailleur de la bourge avec le petit noeud, en tweed, discret. Tout ça, ce sont des choses que j’ai poussées, exagérées, et que j’ai fait rentrer dans la tête des gens comme si elles avaient toujours existé. » Il se plonge dans les archives de la maison jusqu’à révéler des caractéristiques moins connues, comme le développement du jersey dans les années 1910, le goût pour la dentelle dans les années 1930 ou pour les plissés de mousseline dans les années 1960.
Paradoxalement, c’est l’évidente simplicité de ses vêtements, tant décriés à son retour en 1954, et de ses codes qui firent la renommée de Chanel. Ils sont la source non pas d’une mode, mais d’un style revendiqué par sa fondatrice : « Je n’aime pas que l’on parle de mode Chanel. Chanel, c’est d’abord un style. Or la mode se démode. Le style jamais. »
Le tailleur, le sac à main « 2.55 », l’escarpin bicolore ou le canotier sont autant d’éléments qui ne suivaient pas les tendances stylistiques de leur époque. Pratiques, s’inspirant souvent de la rue, ils ont devancé les modes de leur temps. Karl Lagerfeld et aujourd’hui Virginie Viard nous rappellent que de leur renouvellement saisonnier dépend le succès de la maison.
À gauche : Bingbing Liu. Manteau en cuir métallisé imprimé, Chanel. Jupe en cuir métallisé imprimé, Chanel. Blouse en crêpe de soie, Chanel. Col composé de volants d’organza de soie assemblés en plissés accordéons (application réalisée par la maison Lemarié). Ceinture perles, cuir et métal, Chanel. Boucles d’oreilles en métal, résine et strass, Chanel. Escarpins en cuir métallisé et gros grain, Chanel (réalisés par la maison Massaro).
À droite : Bingbing Liu. Robe en satin, Chanel. Ceinture en chaîne tressée de cuir ornée d’un noeud en cuir, d’un camélia nacré et d’un double rang de perles, Chanel (réalisée par Desrues). Boucles d’oreilles en métal, résine et strass, Chanel. Escarpins en cuir métallisé et gros grain, Chanel (réalisés par la maison Massaro).
En ce début de XXIe siècle, si le désir pour Chanel naît encore de l’identification de ses codes, il est également suscité par sa stabilité dans l’histoire. En effet, alors que les crises économiques entraînent un repli vers des valeurs sûres, l’ensemble des vêtements et des codes de Chanel, éprouvés dans le temps, sont autant de marqueurs rassurants renouvelés à chaque époque.
Protégés et développés par Chanel depuis 2002, la Haute Couture et les Métiers d’Art contribuent à son rayonnement mondial. Depuis 1985, les savoir-faire du brodeur Lesage, du plumassier Lemarié, de l’orfèvre Goossens ou du gantier Causse hissent la maison au rang de figure de proue de l’excellence parisienne. La clientèle internationale n’associe plus seulement Chanel à la culture française mais à Paris et à l’attraction que la ville suscite.
Aujourd’hui, et à l’heure de la globalisation, ces vêtements, codes, décors, accessoires et savoir-faire font de Chanel une griffe reconnaissable avant même que l’on sache en prononcer le nom. Ensemble, ils forment des milliards de combinaisons et de variations possibles selon l’air du temps, le style et le goût des nouvelles générations, tout en les rythmant : « On ne peut pas jouer tout le temps la même mélodie », commentait Karl Lagerfeld. Leur déclinaison lors de défilés grandioses, relayés dans le monde entier, rehausse un style linéaire et lutte contre l’ennui, véritable bête noire des créateurs. Plus d’un siècle après, ils font de la marque fondée par Gabrielle Chanel un objet de désir essentiel et permanent, une force immuable et toujours changeante.
Bingbing Liu : Robe bustier en jersey, Chanel. Collier en chaîne tressée de cuir et ornée d’un noeud et d’un camélia nacré, Chanel (réalisé par Desrues). Escarpins en cuir métallisé et gros grain, Chanel ( réalisés par la maison Massaro ).