Que faut-il retenir de la Fashion Week de New York hiver 2018 ?

Article publié le 17 février 2018

Photo : Gypsy Sport automne-hiver 2018-2019
Texte : Maxime Retailleau

Poitrines apparentes, drag kids et looks futuristes : voilà ce que les créateurs de la capitale américaine de la mode ont offert cette saison.

New York a lancé le nouveau marathon des Fashion Weeks femme pour la saison automne-hiver 2018 en mettant l’accent sur ses jeunes créateurs à l’instar de Telfar, Gypsy Sport, Landlord ou Eckhaus Latta. En parallèle de Raf Simons qui présentait sa nouvelle collection pour Calvin Klein, tandis que Philipp Plein faisait atterrir une soucoupe volante sur le catwalk et que Tom Ford décidait d’abandonner la fourrure. Retour sur les points les plus marquants de cette édition.

La transgression : le sein apparent

Le soutien-gorge a été relégué au rang de simple accessoire chez de nombreux jeunes designers : Priscavera proposait des hauts en matière translucide dévoilant les seins, se prolongeant en burqa ; Sies Marjan des robes colorées laissant apparaître les poitrines ; et Eckhaus Latta a dévoilé des pulls moulant les corps, légèrement transparents. Durant son défilé mixte lors de la NYFW homme, le label Landlord a lui joué avec différentes variations de soutiens-gorges argentés, placés par-dessus les T-shirts, ou sous une veste militaire déboutonnée.

Photos de gauche à droite : Eckhaus Latta automne 2018, Priscavera automne 2018, Sies Marjan automne 2018, Landlord automne 2018.

La tendance : futuriste

Le défilé Alexander Wang s’est ouvert avec une série de looks revisitant Matrix, à grands renfort de lunettes rectangulaires assorties à des vestes noires traversées par de multiples fermetures éclairs. Jeremy Scott a lui aussi opté pour le rétro-futurisme, avec une collection déclinant des variations de manteaux en nylon couleur métal, recouverts de poches, faisant référence aux films de science fiction des années 1980 et 1990. Philipp Plein a quant à lui décidé d’ouvrir son show avec la mannequin Irina Shayk sortant d’une soucoupe volante au bras d’un robot.

Photos de gauche à droite : Alexander Wang automne 2018, Philipp Plein automne 2018, Jeremy Scott automne 2018.

Le mannequin : Desmond Napoles

« Drag-kid » et défenseur des droits LGBTQ+ à seulement dix ans, Desmond Napoles alias Desmond Is Amazing a fait ses premiers pas sur un catwalk lors du défilé Gypsy Sport. Né à Brooklyn, il aime porter des vêtements féminins depuis ses six ans, et a été repéré lors de la Gay Pride en 2015, avant d’apparaître dans le clip de l’un des candidats du concours RuPaul’s Drag Race. Il a ensuite fondé le premier collectif dédié aux enfants drags, Haus of Amazing.

Le set design : Calvin Klein

Raf Simons a présenté sa nouvelle collection pour Calvin Klein dans l’ancienne Bourse de l’American Stock Exchange, fermée depuis dix ans, au sol recouvert d’une mer de pop-corn. Au centre, trois immenses granges évoquant l’Amérique rurale étaient décorées avec des reproductions d’œuvres célèbres d’Andy Warhol, dont Big Electric Chair et Car Crash (également imprimées sur les sacs à main), complétant la critique du créateur belge à l’égard du rêve américain, de ses excès et des désillusions qu’il a entraînés – d’autant plus flagrantes en pleine ère Trump. Une semaine plus tôt, le set design de Raf Simons pour son propre show homme avait lui aussi marqué les esprits, le sol ayant été recouvert de bouteilles de vin et de champagne, de verres à moitié remplis, de fruits et de fleurs.

Photos : Calvin Klein automne-hiver 2018-2019.

La collaboration : Pyer Moss x Reebok

Pyer Moss, fondé par le designer de Brooklyn Kerby Jean-Raymond, a revisité la figure méconnue du cowboy noir lors de son dernier défilé new-yorkais, en parallèle de looks sportswears et urbains élaborés en collaboration avec Reebok. Ils comportaient plusieurs pièces XXL, alors que s’enchaînaient des morceaux glorifiant le black empowerment, associés au mouvement Black Lives Matter, dont le titre Alright de Kendrick Lamar.

Photos : Pyer Moss automne-hiver 2018-2019.

L’adieu : Jason Wu pour Hugo Boss

Après avoir passé cinq ans au sein de la griffe allemande, le designer de 35 ans vient de quitter la direction artistique des collections femme pour se concentrer sur son propre label. Il a présenté sa dernière collection pour Boss lors de la Fashion Week de New York, présentant des ensembles dont le minimalisme était nuancé par petites touches, avec des sacs à imprimé zèbre, ou encore de fines lignes colorées traversant les vestes tailoring.

A post shared by BOSS (@boss) on

La performance : le photoshoot

La plateforme VFILES, visant à promouvoir les jeunes designers émergents, a lancé son show (monté en collaboration avec Adidas Originals) avec une série de performances live de Blakie, K Rizz, Bali Baby, Tracy ou encore Comethazine. Au lieu d’un défilé, un photoshoot s’est ensuite déroulé sur le podium, les mannequins portant d’anciennes pièces de designers ayant participé aux précédentes éditions (dont Feng Chen Wang, Alessandro Trincone, Ottolinger, ou encore Sanchez-Kane) mêlées à certains classiques d’Adidas. En guise de closing, Young Thug est lui-même monté sur scène pour assurer le styling de son ex, Jerrika Karlae.

Photo : VFILES automne-hiver 2018-2019.

Le hors-saison : le caleçon

Après une parenthèse mode de deux ans pour se concentrer sur son film Nocturnal Animals, Tom Ford a lancé sa ligne de sous-vêtements durant son défilé homme, annonçant au passage abandonner la fourrure animale. Celles toutes en couleurs présentées lors de son show féminin quelques jours plus tard étaient donc fausses, accompagnées de sac à main où les mots « Pussy Power » étaient inscrits – faisant écho au mouvement #MeToo. En dehors des caleçons Tom Ford, Luar et Christian Cowan ont eux aussi présentés des tenues qui risquent de ne pas suffire pour se couvrir l’hiver prochain, dévoilant une jupe fendue pour le premier, et de nombreuses robes tombant sur le haut des cuisses chez le second.

Photos : Tom Ford automne-hiver 2018-2019.

La bande-son : Telfar

Le label de Telfar Clemens a remporté le prix CFDA/Vogue Fashion Fund l’an dernier, et les 400 000 dollars qui vont avec, alors qu’il « avait fallut plus de dix ans à Telfar pour être l’objet d’un article dans un magazine de mode », comme le précisait une note déposée sur les sièges des invités du show. Pour célébrer cette victoire, Telfar a invité de nombreuses personnalités du monde de la musique dont Ian Isiah, Kelela, 070 Shake, Oyinda et Kelsey Lu, qui ont repris le morceau Grateful de Hezekiah Walker alors que Dev Hynes jouait au piano. Clemens s’est lui même emparé du mic à la fin du show, alors que sa collection, portée par les artistes, s’inspirait des années 1980 tout en réaffirmant le style genderless du label.

Photo : Telfar Clemens automne-hiver 2018-2019.

À lire aussi :

[ess_grid alias= »antidote-home2″]

Les plus lus

Pré-commandez le numéro automne-hiver 2024/2025 d’Antidote

Pré-commandez le numéro automne-hiver 2024/2025 d’Antidote sur Antidote.Bigcartel.com.

Lire la suite

Commandez le numéro printemps-été 2024 d’Antidote

Commandez le numéro printemps-été 2024 d’Antidote.

Lire la suite

Nike réinvente son emblématique ensemble Tech Fleece pour ses dix ans

Lancée il y a tout juste dix ans, la gamme « Tech Fleece » de Nike, composée de survêtements chauds, légers et polyvalents, taillés dans un tissu technique ultra-doux, s’améliore et se réinvente dans une version plus respectueuse de l’environnement, plus chaude et plus légère, qui se décline dans des coloris inédits.

Lire la suite

Christian Louboutin s’inspire du basketball et des années 90 pour sa nouvelle sneaker « Astroloubi »

Dévoilée en juin dernier lors de la Fashion Week homme printemps-été 2024 de Paris et photographiée dans le dernier numéro d’Antidote « Now or Never », la nouvelle paire de sneakers « Astroloubi » fusionne l’esthétique de la chaussure de basket des années 1990 et les codes emblématiques de la maison Louboutin, tels que la semelle rouge carmin et les détails cloutés.

Lire la suite

De quoi l’extension holistique des maisons de mode est-elle le signe ?

Productions cinématographiques, restaurants, jeux vidéos, design d’intérieur… Les marques de luxe développent des univers de plus en plus complets. Mais pourquoi et comment la mode contemporaine développe-t-elle de nouveaux terrains d’expression à la fois physiques et virtuels, dans lesquels les consommateur·rice·s peuvent évoluer et revendiquer leur identité ?

Lire la suite

Newsletter

Soyez le premier informé de toute l'actualité du magazine Antidote.