Moitié du duo Toilet Paper et star de l’art contemporain, l’Italien Maurizio Cattelan catapulte ses œuvres satiriques, provocatrices et parfois blasphématrices dans les salons de la Monnaie de Paris à l’occasion de la rétrospective « post requiem » Not Afraid of Love. Et l’art de Cattelan n’a jamais été aussi vivant.
La rétrospective All qui sacrait en 2011 au Guggenheim de New York l’œuvre de Maurizio Cattelan et signait son retrait définitif de la scène artistique n’eut été qu’une énième de ses provocations. Après un furtif passage à la foire de Bâle en 2013, l’Italien inaugure à la Monnaie de Paris son exposition Not Afraid of Love qu’il qualifie lui-même de « post requiem ».
Il succède ainsi à Bertrand Lavier dans l’enceinte du palais de la rive gauche, fier de son nouveau statut de haut lieu de l’art contemporain à Paris. La ville, qui n’avait jusqu’alors accueilli Cattelan que lors d’expositions mineures ou de présentations en galerie, expose en grande pompe jusqu’au 8 janvier prochain le travail du fondateur du magazine Toilet Paper. La rétrospective, composée d’une vingtaine d’oeuvres emblématiques, offre une vision aussi globale que précise de l’esprit de l’artiste né à Padoue en 1960. Ce dernier facteur explique notamment l’omniprésence du vocabulaire et de l’imagerie religieuses dans l’œuvre polémique de Maurizio Cattelan.
Sans cérémonie aucune, il exhibe dans les salons XVIIIe de la Monnaie de Paris son illustre La Nona Ora, un mannequin à l’effigie de Jean-Paul II percuté et renversé par une météorite. Plus loin, un cheval naturalisé a heurté de plein fouet l’un des murs immaculés de la Monnaie de Paris. On s’attend à trouver sa tête dans la pièce voisine mais sont allongés là des corps recouverts d’un drap de marbre qui les condamne à jamais à l’anonymat. S’il y a un visage que l’on peut aisément reconnaître tout au long du parcours, c’est bien celui de Cattelan lui-même qui jaillit d’entre les lattes de parquet Versailles.
Mais le point d’orgue de cette cérémonie ne pouvait être autre qu’Him, cette statue grotesque d’Hitler à genoux les mains enlacées pour prier. Elle s’est arrachée chez Christies à New York au printemps pour 18 millions de dollars. Parce que quand on n’a pas peur d’aimer, on ne compte pas.
L’exposition rétrospective Not Afraid of Love de Maurizio Cattelan est à découvrir à la Monnaie de Paris jusqu’au 8 janvier 2017.