Paris se met du 20 au 23 octobre à l’heure de l’art contemporain à l’occasion de la Fiac, fièrement installée sous la nef du Grand Palais. Revue en images de 8 oeuvres à ne pas manquer, de l’ange dévoré de Damien Hirst au nain graveleux de Paul McCarthy.
Sous la majestueuse verrière du Grand Palais et pour la première fois dans l’enceinte du Petit Palais, se sont donnés rendez-vous cette semaine galeristes et artistes venus du monde entier pour présenter leur sélection annuelle d’œuvres. La 43e édition de la Foire Internationale d’Art Contemporain de Paris qui fédère année après année un public d’acheteurs et d’amateurs toujours plus nombreux accueille jusqu’au 23 octobre l’intelligentsia artistique. Les éminentes figures de ce marché ésotérique estimé aujourd’hui à 51 milliards d’euros exposent ici les travaux d’artistes dont la renommée n’est plus à faire et défendent aussi leur lot de découvertes. Et le millésime 2016 est à l’image du secteur : fascinant et scandaleux.
« COLORED VASES » D’AI WEIWEI
Les vases colorés d’Ai Wewei comptent parmi les œuvres les plus emblématiques et subversives de l’artiste contemporain chinois. La couche de peinture régressive de cette série de pots dissimule la patine de motifs datés de plus de 2000 ans, du temps de la dynastie Han. L’artiste défie ici le caractère sacré que l’on attribue aujourd’hui à ces vases quand ils n’étaient à l’époque que de simples objets du quotidien. À découvrir sur le stand de la Lisson Gallery.
« IT’S COOL TO BE FUN » DE CHLOE WISE
Rendue célèbre grâce à sa sculpture de bagel façon sac Chanel que portait l’actrice India Muenez lors d’un événement organisé par la marque à New-York et sur lequel la presse mode avait sauté, l’artiste canadienne Chloe Wise présente cette année à la Fiac sur l’espace du galeriste Almine Rech « It’s Cool To Be Fun ». À deux jours de la fermeture du salon, l’œuvre a déjà trouvé preneur.
« THE FISHERIES » DE MARK DION
Mark Dion est un plasticien américain connu principalement pour ses représentations scientifiques de la faune et de la flore, souvent sous forme de cabinets de curiosités fantaisistes. Il imagine cette année « The Fisheries » qu’il présente avec Nagel Draxler. La scène est surréaliste : à côté du bureau où se négocient avec sérieux la sélection de la galerie, flottent accrochés à un portique de bois une rangée de poissons d’espèce et de tailles différentes.
« ELIZABETH OF FRANCE, QUEEN OF SPAIN » DE KEHINDE WILEY
Le nom de cette œuvre peut paraître au premier abord antinomique avec le sujet peint. Pourtant, dès lors qu’on s’intéresse de plus près au travail de Kehinde Wiley, le titre de « Elisabeth of France, Queen of Spain » prend tout son sens. Cet artiste américain originaire de Los Angeles a fondé son œuvre sur la réinterprétation de chefs d’oeuvres de la peinture et de la sculpture européens en remplaçant les figures classiques de ces travaux par des Afro-américains célèbres ou repérés dans la rue. Ainsi, il reproduisait l’illustre toile de Napoléon du peintre Jacques-Louis David et préférait au conquérant le rappeur Ice-T. Le tableau présenté chez Daniel Templon, inspiré lui d’un tableau de Frans Pourbus le Jeune, est l’une des œuvres majeures de cette 43e édition de la Fiac.
« BE-HIDE » DE ALICJA KWADE
Elle présentait en 2013 chez Kamel Mennour son premier accrochage en galerie. Trois ans plus tard et toujours aux côtés du galeriste parisien, Alicja Kwade trône au beau milieu du Grand Palais avec son œuvre « Be-Hide ». Dévoué à l’interrogation de notre perception primaire des éléments qui nous entourent, son travail bouscule et trouble. Devant ses œuvres, on ne reste pas statique. Elles sont une invitation à se déplacer pour mieux assimiler les mécanismes de l’illusion.
« ANATOMY OF AN ANGEL » DE DAMIEN HIRST
Si l’on ne devait en citer qu’un, ce serait peut-être lui, ou Jeff Koons. L’artiste contemporain Damien Hirst s’est hissé au fil de sa carrière au rang de superstar de l’art contemporain. Il est l’homme des records, un crâne du XVIIIe siècle incrusté de près de 9000 diamants s’adjugeait en 2007 pour 100 millions de dollars chez Sotheby’s à Londres. Sa sculpture de marbre « Anatomy of an Angel », version autopsiée de « L’Hirondelle » d’Alfred Boucher, déploie ses ailes au Petit Palais. Cette critique de la vanité y a paradoxalement trouvé son plus bel écrin.
« OLD COUPLE ON A BENCH » DE DUANE HANSON
Une visite à la Fiac n’est pas envisageable sans un passage par le stand de la galerie Gagosian. L’américain magnat de l’art contemporain expose cette année une sculpture hyper-réaliste de l’artiste Duane Hanson. Baptisée « Old Couple on a Bench », cette réalisation spectaculaire de 1994 fige et transcende un a priori prosaïque couple tout droit issu de la middle class américaine. L’un des arrêts obligatoires de cette 43e édition de la Fiac.
« WHITE SNOW DWARF (BASHFUL) » DE PAUL MCCARTHY
Les quelques irréductibles partisans de l’autoproclamé « Printemps Français » ne s’en sont toujours pas remis. L’ambigu sapin de Noël gonflé 2014 sur la place Vendôme dans le cadre de l’exposition « Hors les Murs » de la 41e édition de la Fiac avait valu à Paul McCarthy bien des critiques – et accessoirement coups et injures xénophobes. Le plasticien américain revient cet automne à Paris avec « White Snow Dwarf (Bashful) » exposé par la Galerie Valois. Et la couleur du pénis qui a poussé au bout de sa manche est étrangement proche de celle du logo de la Manif Pour Tous. On fait la paix ?
La Fiac a lieu à Paris du 20 au 23 octobre 2016.