Lady Di, John Travolta, Marie-Antoinette ou le Stade de France : les défilés parisiens ressuscitent les icônes de chaque époque et les projettent dans un futur proche.
Cette quatrième et dernière semaine de fashion week se conclue par les défilés parisiens. Ni purement luxe ni dans une énième redécouverte de la culture street, cette saison se projetait hors les murs et hors les clichés, se rêvant dans des périodes charnières, des interstices, des juxtapositions inattendues.
Le sport : la danse
Des cosmonautes en pointes et tutus futuristes chez Thom Browne. La troupe de « Hiplet » (ou ballet hip-hop) qui ouvre et ferme la collection inspirée par la danse classique de Moncler Gamme Rouge. Sans oublier la montée en flèche de la mannequin Oumie Jammeh, ancienne star de dancehall, qui défile cette saison pour Miu Miu, Valentino, Givenchy, Altuzarra et Loewe. Comme l’annonçait la collaboration entre Olivier Rousteing et les costumes de l’Opéra de Paris, le corps en mouvements et en chorégraphies repousse les frontières techniques et stylistiques du vêtement.
Photos de gauche à droite : Oumie Jammeh lors du défilé printemps-été 2018 de Loewe, Thom Browne printemps-été 2018, Moncler Gamme Rouge printemps-été 2018.
Le retour aux sources : Chanel
Le défilé Chanel imagine des vêtements de pluie, entre celui que porte Catherine Deneuve dans Belle de Jour et un K-Way couture, coiffés de bobs-casquettes également en vinyle transparent. Le tout est présenté dans un Grand Palais transformé en cascades inspirées par les Gorges du Verdon, le plus haut canyon d’Europe. Un retour aux sources (naturelles) ?
Le film : la fièvre du samedi soir
Le film de John Badham qui a fait de John Travolta le magicien de la piste de danse était l’inspiration première de la collection Acne Studios, qui remixait blouses en satin mordoré, impression python, palette électrique et pattes d’eph. Le sportswear qui perdurait dans la mode toucherait-il à sa fin ?
Photos : Acne Studios printemps-été 2018.
L’icône : Lady Diana
20 après le décès de la Princesse de Galles, la mode rend hommage à son style, alors radicalement moderne pour la royauté : épaulettes façon Working Girl, costumes masculins, blouses bouffantes, pas une robe fleurie à l’horizon. Chez Off/White, celle que l’Angleterre surnommait « la princesse du peuple » est l’inspiration maîtresse de la collection. On voit également son chic déteindre chez Céline, Dries Van Noten, Ellery, Isabel Marant.
Les jeunes créateurs : hors les murs
Dans le marathon de shows spectaculaires que peut être la semaine de la mode parisienne, une flopée de jeunes créateurs prennent le contrepied et réinvestissent des lieux loin des destinations classiques. Le label berlinois Dumitrascu fait une présentation-performance sur un quai de métro ; le label new-yorkais Gypsy Sport, pour une première apparition parisienne, demande aux mannequins de déambuler Place de la République au milieu des skateurs, et Ottolinger, également de Berlin, défile dans une petite péniche, dans un runway-backstage. Une volonté de se détacher du rythme et des codes imposés par le commerce du luxe.
Photos de gauche à droite :Ottolinger printemps-été 2018, Gypsy Sport printemps-été 2018, Ottolinger printemps-été 2018, Dumitrascu printemps-été 2018.
La collaboration : PSG X Koché
La griffe Koché fut une des premières à se plonger dans le monde du streetwear et sportswear et d’en proposer sa propre vision luxueuse et conceptuelle en France. Aujourd’hui, à la vue d’une tendance ayant gagné toutes les gammes et les marchés, la créatrice Christelle Kocher se concentre sur des robes, des jupes, des classiques féminins aux clins d’œil sportifs. Dont une collaboration avec le PSG : elle découpe, déstructure, et reinterprète les maillots iconiques pour en faire une garde-robe féminine et mature. Peut-on déjà parler de post-athleisure ?
Photos : Koché printemps-été 2018.
Les sneakers : Louis Vuitton
Dans une collection qui remixe l’Ancien Régime et une garde-robe d’adepte de heavy metal apparaissent un objet gémellaire venu du futur une paire de baskets à hautes plateformes aux semelles ciselées signée Louis Vuitton. Un objet hybride à l’image de la mode actuelle.
Photo : basket Louis Vuitton, printemps-été 2018.
L’anniversaire : Lacoste
Après des années à défiler à New York, Lacoste revient à la fashion week française pour fêter ses 85 ans. Polos repensés et cabans marins s’y entrechoquent : enrichie de son expérience américaine, la griffe au crocodile se rêve entre les années 90 parisiennes et les Hamptons des années 2000.
La bande-son : Rick Owens
Le design sonore est assuré par Lavascar, un groupe composé de la compagne du créateur Michèle Lamy, sa fille Scarlett Rouge, et l’artiste Nico Vascellari, pour un titre planant et industriel nommé Dirt, ou saleté, une interprétation musicale du thème du show.
L’OXYMORE : LE CACHEMIRE UNDERGROUND
Après des années de pénombre sur le catwalk et parmi les teintes historiques de la marque, Y/Project injecte des couleurs habituellement antinomiques à l’underground : des cachemires rose bonbon, des soies fleuries, du daim lila – en transformant radicalement leurs associations et leur sens.
Photos : Y/Project printemps-été 2018.
Le wow effect : Saint Laurent
Pour un défilé qui revisitait les classiques de l’histoire de la marque, le directeur artistique Anthony Vaccarello a choisi de présenter la collection non loin du champ de Mars, selon une chorégraphie chronométrée à la seconde près pour être ouverte et fermée par les lumières de la Tour Eiffel. Quelques jours après le décès de Pierre Bergé, cet hommage célèbre le poids qu’a eu la maison sur la ville.