Dans la cadre du Mois de la Photo de Grand Paris, la Maison Européenne de la Photographie célèbre le travail queer, ambigu et dérangeant du sensationnel Michel Journiac.
Alors que la Maison Européenne de la Photographie consacre son printemps à l’exploration de la notion de corps, avec des expositions événements signées Orlan, Martial Cherry ou Gloria Friedmann, un homme continue de transgresser les codes plus de vingt ans après sa mort et treize ans après sa dernière rétrospective.
Michel Journiac était unique en son genre. Un genre d’ailleurs bien difficile à cerner. Né en 1935, celui que l’on considère aujourd’hui comme le père de l’art corporel est emporté par un cancer en 1995 et meurt dans un dernier éclat de rire en plein repas. En 1969, il signe son premier grand coup d’éclat et choque en faisant déguster son propre sang cuisiné en boudin à ses adeptes, dans une parodie de cérémonie religieuse à la galerie Templon. Figure emblématique de la scène artistique des années 1970 et 1980, Michel Journiac aura marqué son époque d’une emprunte gorgée d’hémoglobine, lui qui aura fait de son sang son outil de travail favori – dans une époque marquée par l’épidémie du sida – à travers des performances, des installations ou des sculptures à la limite du gore pour questionner les notions de souffrance des corps ou de dons du sang.
Loin d’être un simple agitateur du trash, Journiac était aussi un formidable photographe et vidéaste, des disciplines grâce auxquelles il immortalisait des traces de son œuvre. L’artiste se met en scène, se déguise beaucoup – notamment en femme afin de mieux comprendre et ressentir leur vécu – et imagine des tableaux tantôt ordinaire, tantôt sépulcrale ou macabre, qui questionnent autant la sexualité et les jeux identitaires que le sacré et la morale. L’exposition rassemble une centaine d’œuvres qui balayent les grandes thématiques de l’artiste.
L’exposition Michel Journiac, L’action photographique est à découvrir à la Maison Européenne de la Photographie jusqu’au 18 juin 2017.