Outre l’anniversaire du premier disque de The Weeknd (qui a fêté ses 5 ans le 10 septembre), le retour de Lana Del Rey avec son single « Marines Appartment Complex » ou encore le clip « I love it » de Lil Pump et Kanye West, dévoilé lors de la cérémonie des Pornhub Awards et signé Spike Jonze, plusieurs très bons albums ont vu le jour cette dernière semaine. Du premier opus de Masego au retour flamboyant de 6LACK, voici ceux qui nous ont le plus séduits.
OCTAVIAN DÉLIVRE SA PREMIÈRE MIXTAPE, LA PERCUTANTE SPACEMAN
Il était attendu au tournant. Et pour cause : depuis ses débuts en 2017 avec « Party Here », ce Franco-Anglais de 21 ans, remarqué par Drake, est considéré comme l’étoile montante de la scène rap anglaise. Avec sa première mixtape Spaceman, parue le 10 septembre, Octavian semble répondre aux attentes de ses fans en offrant une collection de titres percutants, qui éclatent toujours plus les barrières entre dancehall, grime et R’n’B.
Hybride, ce projet de 14 morceaux confirme ainsi les sonorités novatrices et singulières du rappeur, affirmant au passage sa quête de revanche inassouvie, en partie cristallisée par le titre « Revenge ». Dans un entretien accordé à Pitchfork en début d’année, Octavian, dont l’enfance difficile nourrit inlassablement ses textes, affirmait : « Tout ce qui m’est arrivé par le passé, le fait d’être réprimé ou méprisé, voilà de quoi je me venge. Je pense à tous ces mensonges auxquels j’ai cru. Je veux montrer au monde que tu peux réaliser tout ce que tu veux. Que l’on n’a pas besoin d’être contrôlé de toutes parts. Voilà la vie qu’il faut mener. »
6LACK POURSUIT SON INTROSPECTION CATHARTIQUE AVEC EAST ATLANTA LOVE LETTER
En 2016, 6LACK (que l’on prononce « black »), alors quasiment inconnu de la scène hip-hop, connaît une ascension fulgurante avec le succès de son premier album FREE 6LACK, porté par le single « Prblms ». Deux ans plus tard, le chanteur de R&B, désormais papa d’une petite fille, a parcouru le monde entier et collaboré avec de nombreux artistes, parmi lesquels Khalid, Ty Dolla Sign ou Syd. Des changements bouleversants qu’il analyse aujourd’hui dans son nouvel album East Atlanta Love Letter, dévoilé ce 14 septembre.
Avec lui, le chanteur d’Atlanta poursuit son intime travail d’introspection, en explorant, avec cette mélancolie nonchalante qui le caractérise, son rapport nouveau à la notoriété (« Switch », « Scripture »), et ses relations, tantôt réjouissantes, tantôt douloureuses, avec les femmes (« Pretty Little Fears », « Let Her Go »). On y retrouve également quelques-uns des acteurs majeurs de la scène hip-hop actuelle, dont J. Cole, Offset et Future.
SUR TOMORROW, LE DUO THE O’MY’S RÉAFFIRME SA SOUL DÉLICATE
Après un hiatus de trois ans, Maceo Haymes et Nick Hennessey, qui officient ensemble sous le nom de The O’My’S, signent leur retour. Originaire de Chicago, ce duo à l’alchimie évidente, qui a fait ses armes avec l’EP Potty Mouth en 2011, dévoile aujourd’hui son nouvel album Tomorrow.
Romantique (« Baskets »), optimiste (« Afraid »), parfois sensuel (« Puddles »), cet opus brillant se lit comme une ode à la ville natale de The O’My’s, et témoigne des liens forts existant au sein de sa communauté artistique. Le groupe a d’ailleurs pu compter sur la participation des rappeurs Chance The Rapper et Saba, deux figures de la scène hip-hop de Chicago.
MASEGO AFFIRME SA « TRAP HOUSE JAZZ » AVEC SON PREMIER ALBUM LADY LADY
Né en 1993 à Kingston (Jamaïque), Micah Davis, alias Masego, est d’abord remarqué avec « Tadaow », un titre planant en collaboration avec le Français FKJ. Mais c’est au printemps 2017 que cet auteur-interprète et multi-instrumentiste de 19 ans accède véritablement à la notoriété. Repéré par la plateforme musicale COLORS, le jeune homme est invité à interpréter « Navajo », un titre inclassable qui navigue entre nu-soul, jazz, trap et R&B, et dont la vidéo cumule à l’heure actuelle près de 20 millions de vues.
Brouillant continuellement les pistes, Masego s’est ainsi octroyé le titre d’inventeur du « trap house jazz », un statut qu’il confirme aujourd’hui avec Lady Lady, son premier long format. Paru le 7 septembre, ce disque de 14 pistes témoigne de la technicité et de la grande polyvalence de Masego, qui peut aussi bien enfiler, sur un seul et même morceau, le costume d’un crooner envoûtant et celui d’un rappeur aux rimes affûtées. Il sera en concert le 15 septembre au Trianon, à Paris. À suivre de près.
NONAME PRÔNE SON INDÉPENDANCE AVEC ROOM 25
Deux ans après le succès de sa mixtape Telefone, la rappeuse et poète Noname, découverte par Chance the Rapper en 2013, est de retour avec Room 25, son premier album. Dévoilé le 14 septembre, ce disque, déjà décortiqué par des médias aussi prestigieux que le New York Times, semble marquer un tournant dans la carrière de l’artiste.
S’il continue à prôner l’indépendance artistique, très chère à Noname (« Labels asked me to sign/Say my name don’t exist », rappe-t-elle sur « No name »), ce projet sincère, dans lequel elle explore les nombreuses facettes de sa personnalité (poète, rappeuse, femme, afro-américaine, native de Chicago…), aborde également la naissance, récente, de sa sexualité. « Je n’avais jamais fait l’amour au moment de Telefone. […] Mais sur Room 25, j’utilise le mot pussy des centaines de fois ! », confiait-elle à The Fader. « [Ce disque est] très autobiographique, mais il y a aussi une partie de moi qui s’amuse, car je suis désormais à l’aise avec l’idée d’être vulgaire dans mes textes. »