Elle vient d’entrer dans l’histoire après avoir réussi en 2017 à classer 3 morceaux dans le top 10 du classement des meilleures ventes de singles aux USA. La rappeuse et célébrité 3.0 connue pour son humour sans filtre secoue les attentes puritaines autour de la sexualité et du commerce.
« Je viens de vérifier mon compte et je suis blindée (…) paraît même que ma chatte brille comme de l’or. » Voici quelques unes des paroles de Bodak Yellow, single qui a hissé Cardi B en pole position des charts américains – un succès qu’aucune rappeuse n’avait connu depuis Lauryn Hill en 1998. Le texte est à l’image de sa carrière : sans filtre, et se dressant face aux attentes bourgeoises et sexistes de son pays autour de la féminité, du corps, et du commerce.
Née en 1992 sous le nom de Belcalis Almanzar et élevée dans le Bronx, la jeune femme d’origine dominicaine fuit un petit ami violent chez qui elle vit et se lance dans le strip-tease pour survivre. Elle ne se cache aucunement d’avoir suivi plusieurs opérations de chirurgies esthétiques pour se démarquer dans le milieu du pole-dance. En parallèle, elle se fait remarquer pour son franc-parler autour de sa sexualité et de son désir de devenir riche dans ses vidéos Instagram et Vine, où elle amuse par sa gouaille, et choque en transgressant sans cesse le politiquement correct.
On se souvient notamment de son « Hoes don’t get cold » ou « Les putes n’attrapent pas froid » pour justifier ses tenues largement dénudées. Rapidement, elle comprend que sa force consiste à capitaliser sur ce que la société condamne et adore simultanément. Elle se lance dans la musique et dévoile ses premières chansons avec, en guise de couverture de sa première mixtape, elle-même posant face à l’objectif les cuisses écartées, sirotant une bière, pendant qu’un homme lui prodigue un cunnilingus.
Photo : Couverture de la mixtape Gangsta Bitch Vol.1 de Cardi B.
Une utilisation de l’humour et du buzz pour diffuser une revendication de liberté totale de son corps et sa sexualité, qui lui vaut d’être repérée par une émission de téléréalité sur les frasques amoureuse dans le milieu du rap, Love and Hip Hop. Là, elle n’hésite pas à se lever du plateau pour aller frapper à coup de chaussures une autre participante qui aurait insulté ses choix de vie. Sans peur, aux traits de caractères quasi-virilistes, elle accumule outrages et fascination.
Cardi B face au machisme
Cardi B a récemment annoncé ses fiançailles avec le chanteur Offset du groupe Migos sur Instagram, tendant la main vers l’objectif afin de vanter sa bague à un demi-million de dollars. Elle couronne le tout d’une légende : « Faisons l’amour et plein de cash », puis fait monter les enchères pour un mariage en plateau télévision. Selon la chaîne musicale BET, le couple aurait déjà reçu des offres à plusieurs millions de dollars.
Selon Vanity Fair, cette self-made woman a « su transformer son quart d’heure de gloire en rêve américain ». Et si le succès américain peut être aussi extrême que fugace, espérons qu’elle participe à déconstruire, autant par son hip-hop que son personnage, le machisme ambiant de la production musicale et de la société américaine. En se réappropriant des signes de subordination dont elle tire fierté et éclat, Cardi B dresse devant elle le futur glorieux et punk d’une agitatrice féministe version 2018.