Dès le 12 mai, le créateur fièrement natif du Sud importera sa vision ludique et naïve à Marseille, qu’il déploiera sur plusieurs expositions et un défilé destiné aux habitants de la ville. Une preuve que la mode est en train de se décentraliser ?
« Simon aime le bleu et le blanc, les rayures, le soleil, les fruits, les ronds, la vie, les années 80 et Marseille ». Cette phrase répétée comme une comptine au fil de la communication de Simon Porte Jacquemus enveloppe le jeune homme de 27 ans natif du Sud de la France d’un souffle naïf. Si la mode fantasme souvent la femme-enfant, Simon, lui, est une sorte d’homme-enfant, une personne qui construirait sa vie et ses collections comme un jeu de Lego coloré.
Avec son enthousiasme contagieux et ses créations conceptuelles et ludiques, le jeune homme incarne aussi une véritable success story : il remporte le prix spécial du jury du LVMH Prize 2015 et accumule points de ventes et fans à travers le globe.
Aujourd’hui, il est l’invité d’honneur du festival marseillais OpenMyMed 2017, organisé par la Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode (MMMM). Cette double exposition au MAC (Musée d’Art Contemporain de Marseille) et au MuCEM (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) ouvrira dès le 12 mai. Y seront dévoilées des œuvres inédites, des sculptures avec le même caractère naïf que ses silhouettes, et un parcours photographique de ses propres archives. Il présentera également à la ville le défilé de sa collection Printemps-Été 2017 « Les Santons de Provence », en extérieur et au plus grand nombre. Le projet sera complété d’un livre en hommage à la ville, réalisé en collaboration avec des amis tels que les photographes Pierre-Ange Carlotti et David Luraschi, ou encore l’artiste contemporain Ruth Van Beek.
Antidote a rencontré le créateur pour lui parler de son rapport à celle qu’on surnomma la Chicago Française.
Quels sont tes premiers souvenirs marseillais ?
Je ne suis pas né à Marseille, mais je me souviens prendre trois bus pour y aller, je restais trois heures et j’étais le plus heureux. Il y a toujours une énergie là-bas qu’il n’y a pas à Aix-en-Provence, une énergie qui découle de la mixité, tous les styles : une mamie qui parle à une racaille, un pêcheur qui te regarde… c’est un mélange de genres rare.
Cette ville a-t-elle eu un impact sur ta création ?
Elle a surtout influencé ma personne et l’envie de ne pas avoir de frontières avec les gens, j’ai toujours eu envie d’être proche de tous, et cette ville le permet naturellement.
La femme que tu imagines est-elle parisienne ?
Elle peut l’être, mais tombe amoureuse d’un mec du Sud. Restreindre cette image à la parisienne est un peu snob je trouve, je garde en tête l’image d’une fille un peu coincée, alors j’aime étendre ce fantasme à la France de façon plus large.
Ce clivage entre Paris et la province est-il en train de changer ?
Je ne sais pas si il change, la différence culturelle est encore nette : même les boulangères sourient dans le Sud. Je ne voulais pas juste venir de façon ponctuelle mais vraiment découvrir la ville donc j’ai loué un cabanon une semaine et j’ai vraiment eu l’occasion de me plonger dans cette atmosphère et découvrir des gens qui te parlent sans juger qui tu es ni d’où tu viens.
Quelle sera la différence entre ce défilé et ceux que tu présentes à Paris ?
Ca sera très différent, c’est un défilé qui viendra du cœur : il y aura mon grand père qui vient voir le défilé, tout mon village qui veut prendre des bus pour y assister. Je serai moins obsédé par la perfection qu’à Paris, ça sera avant tout un moment de partage et un bon week-end au soleil.