Célèbre pour ses photographies en noir et blanc et pour avoir contribué à l’émergence des supermodèles à la fin des années 80, le photographe allemand est mort ce mardi 3 septembre, a annoncé aujourd’hui sa famille. Il avait 74 ans.
Il était l’un des plus grands photographes de mode de notre époque. Révéré pour la beauté de ses clichés en noir et blanc, Peter Lindbergh s’est éteint à l’âge de 74 ans ce mardi 3 septembre. Une triste nouvelle annoncée aujourd’hui dans un communiqué transmis à l’AFP par sa famille. « Il laisse derrière lui son épouse Petra, sa première épouse Astrid, quatre fils : Benjamin, Jérémy, Simon, Joseph, et sept petits-enfants » écrit-elle sans donner plus de précisions quant à la cause du décès de celui qui était « considéré comme un pionnier dans son art », et avait fait l’objet d’une rétrospective au Kunsthal de Rotterdam pour ses quarante ans de carrière, en 2016.
Né en 1944 à Leszno, aujourd’hui en Pologne, Peter Lindbergh – de son vrai nom Peter Brodbeck – a ensuite grandi dans la ville de Duisbourg en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, une région très industrialisée située dans l’Ouest de l’Allemagne. Étudiant à l’Académie des arts de Berlin dans les années 60, il se passionne pour la sculpture et le cinéma expressionniste allemand de l’entre-deux-guerres tels que les films de Fritz Lang, dans lesquels il puisse l’atmosphère mélancolique et le noir et blanc qui infuseront plus tard son œuvre, et l’aideront à révolutionner la photographie de mode au sortir des années 80. Grand admirateur de la peinture de Vincent Van Gogh, il part ensuite à Arles pendant un an pour suivre les traces de l’artiste avant de s’installer en 1971 à Düsseldorf. Il y devient l’assistant du photographe Hans Lux, avant de publier ses propres clichés au sein du célèbre magazine allemand Stern, qui collabore alors avec des légendes de la photographie de mode comme Guy Bourdin et Helmut Newton.
Installé à Paris en 1978 pour y poursuivre sa carrière, Peter Lindbergh contribue dix ans plus tard à l’émergence d’un nouvelle génération de mannequins et inaugure l’ère des supermodèles qui définira la décennie 90 lorsqu’il photographie sur une plage de Santa Monica Linda Evangelista, Karen Alexander, Christy Turlington, Estelle Lefébure, Tatjana Patitz et Rachel Williams sans fard, la coiffure naturelle et simplement vêtues d’une chemise immaculée. Une esthétique dépouillée, presque minimaliste et un réalisme brut à la Sally Mann renforcée par un noir et blanc grainé qui contraste avec le style de l’époque et deviendra, avec les portraits sur fond de paysage industriel, sa marque de fabrique. Car ce qui intéresse avant tout Peter Lindbergh, c’est de capturer la personnalité des femmes devant son objectif, leur beauté naturelle. « Il a su redéfinir la photographie de mode contemporaine et ses standards de beauté en sublimant les femmes de tout âge », peut-on lire dans le communiqué.
Photo : Peter Lindbergh, 1988.
Kate Moss, Naomi Campbell, Stella Tennant, Shalom Harlow, Catherine Deneuve… sur ses clichés la figure féminine apparaît indépendante, forte et toujours libre. Une constante et une approche féministe qui le conduira, chose exceptionnelle, à réaliser trois fois le calendrier Pirelli, en 1996, 2002 et 2017.
Son amour pour le naturel transparaît également sur nombre de ses photographies prenant pour décor les plages du Touquet ou de Deauville qui lui rappelaient sans doute celles, vastes, des Pays-Bas où il passait ses vacances étant enfant. Sur son compte Instagram très régulièrement agrémenté de nouveaux posts, c’est par la photo de l’un de ces sets installé sur le sable, face à l’étendue infinie de la mer qu’a été annoncée sa disparition.