L’illustre créateur de la maison éponyme Cristóbal Balenciaga est mis à l’honneur au Musée Bourdelle dans une exposition retraçant son obsession pour le noir.
« Le noir est la couleur du chic, de la modernité, de la sobriété, de l’intellectualisme, du deuil, de la sensualité… », racontait Karen Van Godtsenhoven, curatrice au MoMu – le musée de la Mode d’Anvers – dans une interview accordée à Madame Figaro . Couleur fantasmée par tous les créateurs, symbolique, le noir habite et habille la mode depuis le XVIe siècle et la royauté espagnole jusqu’aux plus emblématiques designers de notre ère : Rick Owens, Hedi Slimane, Alexander Wang ou encore Yohji Yamamoto en tête de liste. Si la couleur (ou « non-couleur ») obsède tant aujourd’hui, elle le doit beaucoup au travail de Cristóbal Balenciaga (1895-1972), père fondateur de la maison du même nom qui, avec son travail d’après-guerre, érigea le noir au rang de mythe.
BALENCIAGA, PREMIER GRAND MAÎTRE DU NOIR
Cristóbal Balenciaga était un visionnaire ; un alchimiste capable des plus grandes prouesses techniques avec goût, précision, rigueur, inventivité et avant-garde. Au delà de son travail d’orfèvre – visible par le choix minutieux de ses tissus, l’apparente simplicité de ses coupes ou encore sa maîtrise de la composition – c’est son attrait pour le noir qui se dégage de son travail : « Un noir si noir qu’il vous frappe comme une gifle, dépeignait en août 1938 le Harper’s Bazaar. Un noir si dense, espagnol, presque velouté, une nuit sans étoiles, qui fait passer le noir ordinaire pour presque gris ». De ses lignes tonneau (1947), ballon (1950), semi-ajustée (1951), sa tunique (1955) ou sa fameuse robe-sac (1957), toutes noires, ses créations ont, à travers les années, marqué leur époque de leur emprunte, teintée d’un noir profond, parfois lumineux, parfois épais, parfois transparent, unique en son genre.
Quarante-six ans après sa disparition, le Musée Bourdelle revient sur son héritage dans une exposition pensée et conçue par Olivier Saillard intitulée L‘Œuvre au noir. Au total, ce sont près de 70 pièces qui sont présentées, embrassant toutes les étapes de son processus créatif, des patrons aux prototypes jusqu’au résultat final : tailleurs, vestes et robes. On voit ainsi par le parcours du vêtement, celui de sa couleur, ses esquisses, son évolution, le jeu entre ombre et lumière et sa dynamique avec les autres couleurs, sa place capitale dans l’élaboration des silhouettes, la construction des lignes et le choix des volumes. Plus qu’une ode à la couleur, c’est le travail d’un homme que célèbre ici le Musée Bourdelle.
L’exposition L’Œuvre au noir est à découvrir au Musée Bourdelle du 8 mars au 16 juillet 2017.