Jeune étoile du football français, le flamboyant Mario Lemina a joué en finale de Ligue des Champions à seulement 23 ans avec la Juventus, tout en cultivant un intérêt dévorant pour la mode.
Des maillots du PSG brodés chez Koché aux écharpes de supporter customisées par Gosha Rubchinskiy, les liens entre la mode et le sport le plus populaire au monde n’ont jamais été aussi étroits. Et ce n’est pas Mario Lemina qui dira le contraire : nouveau milieu de terrain de Southampton passé par l’OM et la Juventus, il est autant remarqué pour ses actions sur le terrain que pour son style vestimentaire et ses coupes de cheveux étincelantes. Aux bras de la chanteuse Fanny Neguesha et dans le sillage d’un David Beckham, le footballeur s’impose déjà parmi les nouvelles icônes de mode issues du milieu, et envisage même de lancer sa propre marque. En exclusivité pour Antidote, Mario Lemina parle pression, business, style et performance.
Quels souvenirs gardez-vous de Libreville, où vous êtes né ?
Mario Lemina : J’ai grandi à Nanterre mais je retournais à Libreville tous les étés, jusqu’à l’adolescence. Cette ville m’évoque la joie des vacances et les retrouvailles avec la famille. Le Gabon est un pays où il fait bon vivre.
Quand vous jouiez au foot étant enfant, c’était une simple passion pour vous, ou vous rêviez déjà de faire carrière ?
J’ai su très tôt que c’était le métier que je voulais faire, j’ai travaillé dur pour réaliser mon rêve et j’ai eu la chance d’y parvenir. Il s’agit d’une passion avant tout, et je pense qu’il est impossible de réussir sans avoir cette flamme.
Pour Zidane, la mode et le foot étaient deux mondes complètement différents, pensez-vous que ce soit toujours le cas ?
Je pense que ça a un peu évolué depuis. De plus en plus de sportifs, et notamment de footballeurs, montrent leur intérêt pour la mode, le luxe et la beauté. Zidane avait d’ailleurs fait une campagne pour le parfum Eau Sauvage de Dior.
À gauche : Pull, The White Briefs. Pantalon, Harmony Paris. Chaussures, Armani.
À droite : Slip, The White Briefs.
Pull, The White Briefs. Pantalon, Harmony Paris. Chaussures, Armani.
Slip, The White Briefs.
Comment ces deux univers peuvent-ils se compléter, se servir ou se desservir ?
Nous sommes dans une ère où l’image joue un rôle important, dans la mode comme dans le sport – en l’occurrence le foot. Il est donc normal que ces deux mondes se rapprochent, à travers la collaboration entre Nike et Balmain par exemple, pour laquelle Cristiano Ronaldo a été choisi comme égérie de la campagne de publicité. La communication des athlètes et des marques repose essentiellement sur l’image. D’après moi, les univers de la mode et du foot ont donc tout intérêt à collaborer. Une marque peut bénéficier de l’aura d’un joueur, de ses fans, de sa communauté et réciproquement.
Pour vous, que signifie être élégant ?
Se sentir bien dans sa peau, et porter des vêtements qui reflètent sa personnalité.
T-shirt sans manches, The White Briefs. Pantalon, Ann Demeulemeester. Chaussures, Armani.
À Marseille plus qu’ailleurs, le rapport à la mode est complètement débridé, c’est l’un des seuls endroits de France où tous les styles sont osés et assumés. Est-ce quelque chose que vous avez ressenti ? Qui vous a influencé dans votre manière de vous habiller ?
À Marseille on peut être qui on veut. C’est une ville très ouverte, comme Paris d’ailleurs. J’avais déjà ma propre manière de m’habiller, mais c’est toujours intéressant d’être confronté à une diversité de styles, au milieu de laquelle chacun peut évoluer comme il l’entend.
On prête souvent aux footballeurs un style fantaisiste, à l’image de votre ancien partenaire Paul Pogba. Pensez-vous qu’il y ait un « style footballeur » ?
On peut en effet le penser : les footballeurs s’habillent d’une façon très similaire, avec beaucoup de marques connues. Il y a peu d’expérimentation, même si ça commence à changer. La culture foot commence à intégrer la mode, avec les écharpes de Gosha Rubchinskiy par exemple.
Le style d’un joueur peut-il avoir une influence sur sa carrière ?
Oui, d’ailleurs je pense que c’est valable pour tous les métiers qui confèrent une grande visibilité. Certains joueurs, s’ils étaient extravagants, avec les cheveux teints ou autre, seraient sûrement beaucoup plus médiatisés qu’ils ne le sont aujourd’hui. Ce qui m’intéresse de mon côté, c’est que le jeu que nous adoptons sur le terrain avec mes coéquipiers soit identifiable. Les performances vous donnent la reconnaissance, le style vous rend plus populaire.
« L’appartenance à ce milieu passe par le lifestyle – avoir à peu près le même style vestimentaire, la même coiffure, la même voiture que les autres permet de s’intégrer plus facilement. »
Existe-t-il des codes qui régissent l’apparence à l’intérieur du vestiaire ? Est-il plus facile de s’intégrer quand on a les bonnes fringues, la bonne coupe de cheveux, la bonne voiture etc. ?
Oui et non. Oui dans le sens où l’appartenance à ce milieu passe par le lifestyle – avoir à peu près le même style vestimentaire, la même coiffure, la même voiture que les autres permet de s’intégrer plus facilement. Et je pense que c’est encore plus vrai lorsqu’on débute. Mais l’inverse est aussi très bien accepté dès lors qu’on assume pleinement sa différence.
À seulement 23 ans, vous vous êtes retrouvé en finale de la Ligue des Champions avec la Juventus de Turin. Comment faisiez-vous pour supporter la pression ?
Sur ce type d’événement, je ressens seulement la pression au début. Une fois dans le match, j’oublie assez vite les lumières et le jeu reprend sa place. La pression peut même avoir un effet positif sur la motivation et la détermination : elle permet parfois de se dépasser et de donner le meilleur de soi-même, notamment grâce aux supporters.
Vous gagniez beaucoup d’argent à la Juventus. Vous êtes du genre à flamber, ou vous préférez économiser ?
Je suis un bon vivant, j’aime profiter de la vie et faire plaisir à mes proches ; partager ma réussite avec les autres est une valeur à laquelle je tiens énormément. Dépenser l’argent que je gagne me semble normal, c’est fait pour ça – tant qu’on peut se le permettre. Mais d’un autre côté je n’oublie pas qu’une carrière de sportif est souvent éphémère, et j’essaie d’assurer mes arrières en investissant dans différents domaines, comme l’immobilier.
Qui sont vos icônes de mode ? D’autres footballeurs ou plutôt des acteurs ?
L’icône à laquelle on ne peut pas échapper, surtout quand on fait ce métier, c’est David Beckham. Il fait partie des rares personnalités à avoir su allier football et mode avec un franc succès. J’aime aussi beaucoup ASAP Rocky, que je trouve très élégant. Son style lui correspond très bien.
Manteau, Fendi. Sweat à capuche, Vetements.
Manteau, Fendi. Sweat à capuche, Vetements.
Manteau, Fendi. Sweat à capuche, Vetements.
Où vous habillez-vous ?
Pour moi, la marque n’est pas un critère important, la qualité et la coupe du vêtement sont les éléments qui m’attirent au premier abord. Cependant, je m’intéresse beaucoup plus à la mode depuis quelque temps, et j’essaie donc de trouver des marques
qui correspondent à ma sensibilité esthétique, comme Off-White, Y/Project, MISBHV, Balenciaga, Balmain ou encore Juun.J.
Vous venez d’arriver au Southampton FC, comment se passent vos débuts dans le club ?
Très bien, je suis vraiment content de mon choix. C’est un club ambitieux où j’aurai plus de responsabilités qu’auparavant, dans un championnat dense au niveau très élevé (la Premier League, ndlr). Avoir joué à la Juventus m’a inculqué l’exigence requise pour le plus haut niveau, et je mettrai tout en œuvre afin d’aider Southampton à atteindre ses objectifs.
Avez-vous déjà réfléchi à ce que vous ferez après le football ?
Je n’y ai pas encore vraiment pensé, j’ai 24 ans et je me laisse encore un peu de temps pour y songer. Mais j’ai toujours eu un attrait pour l’industrie de la mode, du luxe et de la beauté. Pourquoi pas lancer une marque de vêtements !
Retrouvez Mario Lemina sur Instagram.