Texte : Alice Pfeiffer pour Magazine Antidote : Borders été 2017
Photo : M.I.A. @ Next Management par Olgaç Bozalp pour Magazine Antidote : Borders été 2017
Réalisation : Yann Weber. Casting : Élodie Yelmani. Coiffure : Karin Bigler @ Jedroots. Maquillage : Ninni Nummela @ Streeter
Au fil de ses paroles politisées, ses tenues multi-référencées, ses tweets incendiaires, la chanteuse britannique d’origine sri lankaise manifeste pour un art contestataire et quotidien. Rencontre.
Dans son texte fondateur sur la mondialisation, Modernity at Large (1996), l ’anthropologue Arjun Appadurai suggère que l ’imaginaire lui-même serait cloisonné, limité à « une série d ’options et de pratiques définies globalement ». Maya Arulpragasam, mieux connue sous le nom de M.I.A., serait-elle consciente des frontières impalpables de la création ? Une chose est sûre, elle s ’affaire à les briser une à une.
Le jour où nous la rencontrons à l ’occasion de ce shoot, elle arrive souriante dans un survêtement peau de pêche bordeaux. Elle resserre sa queue de cheval et trempe ses doigts dans du gloss à lèvres avant de se faire photographier. Adolescente éternelle, « the real Spice Girl » comme elle le chante, elle passe à une vitesse désarmante d ’une discussion sur son dernier clip, P.O.W.A. (sa réponse à Trump, dit-elle), à l ’actualité politique, puis à son fils, Ikhyd. Sans filtres ni manières, elle refuse de se plier aux attentes classiques d ’une musicienne, d ’une activiste, d ’une mère. Elle est toutes ces choses à la fois, et son art et son style ne connaissent aucune case formelle non plus.
Iconoclaste dans la forme comme dans le fond, M.I.A. représentait donc la personne idéale pour incarner ce numéro d ’Antidote sur les frontières. D ’abord, pour son clip Borders, en 2015, qui cherchait à alerter son public de l ’urgence de la crise des migrants, pré-Trump et pré-Brexit. Mais aussi pour tout ce qui la rend inclassifiable : ses sonorités hybrides qui surprennent toute attente, d ’album en album ; ses prises de positions contestées ; son absence totale de langue de bois ; sa volonté de faire de la politique une affaire personnelle, et vice-versa. « C ‘est une célébrité qui nous met face à nos propres contradictions : nous aimons les personnages politisés, grandes gueules, imprévisibles, mais sommes-nous réellement prêts à accepter leurs décisions ? Jusqu ‘à quel point ? », explique Carrie Battan du magazine The New Yorker.
D ’UNE ENFANCE MIGRATOIRE À UNE VISION ENGAGÉE
Veste et pantalon en laine et mohair, Céline. T-shirt à manches longues, Adidas Originals.
Sa vision dénuée d ’œillères lui vient d ’un sentiment profond de déracinement dès son plus jeune âge, dit souvent la chanteuse : « Mon enfance tumultueuse a fait de moi quelqu ‘un qui ne tient pas en place, à tous les niveaux ». Elle naît à Houndslow, dans la banlieue de Londres mais déménage à l ’âge de 6 mois au Sri Lanka avec sa famille qui en est originaire. Le pays est alors déchiré par un conflit entre la majorité bouddhiste cinghalaise et la minorité tamoule hindoue à laquelle elle appartient. Son père, une figure militante controversée et co-fondateur d ’un groupe révolutionnaire local, lui donne un avant-goût de l ’engagement politique dès la petite enfance. Agée de 10 ans, elle repart pour l ’Angleterre avec sa famille mais sans lui, et avec deux mots d ’anglais en bouche : « Michael » et « Jackson ». Le reste, elle l ’apprendra en regardant la télévision et en écoutant la radio. C ’est plus tard, lorsqu ’elle est étudiante à la prestigieuse école d ’art et de design londonienne, la Central Saint Martins et qu ’elle se sent frustrée par les projets détachés de la réalité de ses camarades, qu ’elle découvre une volonté de communiquer sur des causes de façon pop. Amie proche de la chanteuse du groupe de britpop Elastica, Justine Frischman, Maya bidouille avec ses instruments, juxtapose les effets et les références. En 2003, elle crée une bande démo avec quatre de ses plus grands tubes en devenir, dont Lady Killa et Galang, qui mêlent reggae, électro et jungle – des sonorités profondément avant-gardistes, particulièrement en plein ère de pop-rock britannique. Son nom de scène lui vient suite à la disparition de sa cousine au Sri Lanka, qui était, comme on le dit notamment pour un soldat manquant, « M.I.A. » ou « missing in action ». Cette inquiétude se fond dans un besoin urgent d ’expression, et d ’éveil de son entourage.
« M.I.A. invente un art diasporique tout à fait unique : elle brise des frontières et transcende les préjugés genrés et orientalistes pour créer une forme d ‘hybridité culturelle novatrice. »
Son premier album, Arular (en référence au nom militant de son père), sort en 2005. Ses paroles parlent de guerre, de terrorisme, de libération et de justice. Ses graphiques citent le Bollywood, le bling, la culture nu-rave et l ’art révolutionnaire tamoul. Il rafle des prix à n ’en plus finir, se voit élu meilleur album de l ’année, meilleur album électro de la décennie, et elle meilleure chanteuse de l ’année par des dizaines de magazines. Son extrême modernité se joue à beaucoup de niveaux : « M.I.A. invente un art diasporique tout à fait unique : elle brise des frontières et transcende les préjugés genrés et orientalistes pour créer une forme d ‘hybridité culturelle novatrice » analyse Lisa Weems, auteure de Border Crossing with M.I.A. « Sa forme pop rend son œuvre et ses messages fédérateurs […] sa musique génère de nouveaux fantasmes et modes d ‘identification avec des jeunes filles à travers le monde, tant son symbolisme est fort et sa communication efficace. »
MILITANTISME POP
M.I.A. accumule les tweets incendiaires, les clashs, les scandales poussant ses fans et les journalistes dans leurs propres retranchements. Dans ses chansons, sur scène ou dans ses clips, elle tisse des statements chargés et viraux. Elle n ’hésite pas à porter et afficher des images de tigre, un symbole nationaliste tamoule et une référence au groupe de militants très controversés, les Tigres de libération de l’Îlam Tamoul. Ceci lui vaut d ’être traitée de terroriste par Oprah Winfrey, et de se voir régulièrement interdite d ’entrée aux États-Unis. Elle voue une admiration à Julien Assange, informaticien, cyber-militant et créateur de WikiLeaks avec qui elle se lie d ’amitié et à qui elle dédie même une mixtape, Vicki Leekx. En 2013, il ouvre même un de ses concerts par Skype, depuis l ’ambassade d ’Équateur à Londres, où il vit sous asile politique. Elle accumule les critiques contre Lady Gaga, Justin Bieber, et une floppée d ’autres popstars qu ’elle juge peu originales ou authentiques.
Top à col montant, Ellery. T-shirt en coton , Alyx. Survêtement en velours, Cottweiler.
Cette rébellion se passe aussi par le vêtement. Enceinte de neuf mois, elle ressent ses premières contractions lors des Grammy Awards en 2009, mais n ’hésite pas à monter sur scène, vêtue d ’une robe moulante et quasiment intégralement transparente, pour chanter avec Jay Z, Kanye West et Lil Wayne. Ainsi, elle délivre un message de femme active, gangsta’, émancipée de toute attente ou cliché : « Je ne joue pas (au rôle de la femme artiste), je ne rentre pas dans ces considérations ».
Habituée à la provocation lors d’événements mondains, elle apparaît sur le tapis rouge d ’une cérémonie de prix, entièrement camouflée sous une burqa aux imprimés pop, les yeux lourdement maquillés. Elle n ’hésite pas non plus à porter un hijab couvert de logos Moschino dorés, pour assister au show de la marque.
« Je ne cherche pas activement à provoquer, j ‘ai juste l ‘impression de soulever un coin du tapis où on aurait dissimulé des choses que les gens ne veulent pas regarder en face, dit-elle, ajoutant que dans son processus créatif et intellectuel, le médium est secondaire : l ‘idée transcende le moyen d ‘expression ». Peu étonnant donc, qu ’elle inspire la mode, assoiffée de chocs stylisés : Marc Jacobs, toujours fasciné par les personnages et les identités alternatives, la fait défiler pour son label éponyme en 2008 ; et Donatella Versace lance même une collection capsule en collaboration avec elle en 2013, où la chanteuse recrée des pièces imitant les contrefaçons de la maison.
Aujourd’hui, elle réside à Londres avec son fils. Au fil de sa carrière elle s’est vue considérer parmi les meilleurs artistes de la décennie selon le magazine Rolling Stone, les 100 personnes les plus influentes de notre époque selon Time Magazine et Esquire. Elle a construit une sorte de mythe autour de sa personne : la guitare que la chanteuse Peaches lui aurait donné au début de sa carrière ; ses leaks intentionnels d ’albums pas encore dévoilés ; ses passions amoureuses dévorantes ; des contes, des réalités, peu importe : voici la dernière des frontières qu ’elle affronte, celle entre imagination et réalité, pour la rendre à tout jamais insaisissable.Quinze ans après sa première chanson, quelles frontières a-t-elle l ’impression d ’avoir vaincues ? « Toutes et aucune en même temps ». L ’énigme M.I.A. n ’est pas prête de s ’estomper.
Pull en maille oversize, Stella McCartney. Top en vinyle, Barbara Bui. Pantalon à volants, Facetasm.
Antidote. Votre clip Borders paraît en 2015, et cherche à alerter votre public de la crise des migrants. Aujourd ’hui, le monde occidental comprend plus profondément l’urgence, particulièrement depuis les agissements de Trump à ce sujet, ou encore par les camps de réfugiés à Calais. Que s ’est-il passé entre 2015 et 2017 ?
M.I.A. Cette crise n ’est effectivement pas nouvelle, mais plus visible dans les médias que jamais. Certaines choses ont radicalement changé depuis cette chanson : le Brexit en Angleterre, l ’arrivée de Trump au pouvoir, la montée du Front National en France, et la popularité grandissante de Marine Le Pen dont l ’élection semble plus plausible que jamais. La perception de ces réfugiés a changé pour le pire. Tout le monde les utilise et les instrumentalise vers ses propres buts politiques ; ils deviennent des pions pour attirer les électeurs, des boucs émissaires qui incarnent la terreur et tous les maux de la société. Ils sont invoqués par les partis d ’extrême droite comme preuve que seul un vote pour eux pourraient débarrasser la société de ce poids. N ’importe quelle montée de violence, de crimes, de délits est récupérée par la presse populiste qui les montre du doigt. Évidemment c ’est facile, de s ’attaquer à quelqu ’un sans visage, sans voix, sans avocat, sans possibilité de répondre ou de se défendre.
Puisque l ’on parle de Trump, que pensez-vous de son arrivée au pouvoir ? Certaines personnes pensent qu ’il est si inhabilité au poste qu ’il pourrait générer de réelles réactions et donc, malgré tout, un vrai changement ?
Trump est intéressant car il y a deux façons de regarder sa victoire. D ’un côté, il unit tout le monde : il a créé un ennemi commun contre lequel les gens n ’hésitent pas à s ’unir et protester, ce qui est une bonne chose. De l ’autre, il est juste en train d ’appliquer et rendre plus visibles des lois et des projets déjà instaurés par les gouvernements passés (comme la limitation des pays pouvant passer la frontière des États-Unis, notamment certains pays arabes, une réglementation déjà en place lors de son arrivée, ndlr). Il n ’a pas puisé des idées loufoques et dangereuses de nulle part, il met en place et développe des envies, des lois, des projets déjà montés hors du regard du public. Il a simplement rendu une grande partie du fonctionnement du gouvernement américain apparent au grand jour.
Vous avez longtemps utilisé la musique comme piédestal pour vos vues politiques. Aujourd ’hui, on vous décrit comme une « musicienne politique ». Que faire lorsqu ’une conviction intime fait soudain partie de votre « uniforme » ?
Je pense que pendant longtemps, les gens me voyaient toujours comme « l ’artiste politisée », et cela jouait sans cesse contre moi. On m ’a tant dit : « Tais-toi, la musique et la politique ne font pas bon ménage ». Néanmoins j ’ai fait les deux : des chansons très engagées et d ’autres pas. Pourtant le simple fait de chanter mes chansons les rendent politiques : quand tu es dans l ’industrie musicale, que tu ne viens pas de Londres, que tu n ’es pas un groupe de pop rock blanc, ces simples différences rendent la chose militante. Et puis, l ’avis des gens à mon sujet fluctue tellement que j ’ai arrêté d ’y prêter attention : une année, ils me haïssent, la suivante, ils me comprennent, celle d ’après, ils me haïssent à nouveau pour une autre raison. En réalité, j ’ai à peine changé, mais parfois je suis perçue comme politique, parfois simplement énervante.
Vous avez souvent travaillé avec des marques : sous quelles circonstances acceptez-vous de collaborer avec un label ?
On m ’a un jour dit que ce n ’était pas un problème de travailler pour une marque si on l ’utilise soi-même. C ’est une façon de voir les choses. Je n ’y réfléchis pas plus que ça, j ’ai fait peu de collaborations de mode. J ’ai beaucoup aimé travailler avec Versace parce que cette maison était tellement culte, du temps où j’étais adolescente. Ça m ’a fait très plaisir qu ’ils me contactent, j ’ai eu l ’impression de boucler la boucle.
Vous comptez régulièrement parmi les célébrités préférées par des magazines de mode. Percevez-vous ça comme un compliment ? Est-ce que ça vous fait plaisir ?
Chacun réagit à des choses différentes. Aujourd ’hui, de plus en plus de choses sont applaudies. Pourtant, je remarque une réelle évolution des liens entre musique, mode et apparence. Au début de ma carrière, les gens de la mode ne vivaient que pour la mode. Mes amis dans la musique ne s’intéressaient pas aux vêtements, et ne connaissaient que les marques qui venaient à leurs concerts avec des sacs d ’habits en cadeau. Ils les portaient parce que c ’était gratuit, la réflexion s ’arrêtait là. Tout ça ne faisait tout simplement pas partie de notre univers.
Pour ma part, c ’était un peu différent : j ’étais allée à la Central Saint Martins (connue pour son grand département mode, ndlr), et aussi parce que j ’avais un oncle styliste dans les années 1980 qui nous donnait des chutes de tissus et des pièces défectueuses avec lesquelles je jouais. Ce n ’est pas étonnant que les gens de la mode me félicitent pour mon style ou mon apparence, c ’est le centre de leur réflexion. Quand on se passionne pour un sujet, c ’est tout ce que l ’on voit. Par exemple, si j ’écrivais un album sur les motos, je m ’immergerai dans cette culture, je développerai des idées et un vrai processus de pensées et je ne penserai plus qu ’à ça. Vous comprenez l ’idée.
Bomber oversize, Vetements. Combinaison en soie , Joseph.
Aujourd ’hui, le militantisme est à la mode et les grands groupes de luxe s ’accaparent les message engagés, qu ’en pensez-vous ?
Les temps changent et cette évolution est de taille. Quelqu ’un a dit à Obama : « merci d ’avoir rendu le mariage gay possible », et il a répondu : « vous le vouliez, nous vous l ’avons donné ». On pourrait croire au même genre de chose (le luxe répondrait à un désir d’engagement de la cliente, ndlr). Pourtant, c ’est plus compliqué que ça : il est difficile de gérer un engagement politique dans un contexte de mode : on commence à s ’attacher et à être associé à des causes, qui, en retour, sont exploitées par des grosses corporations pour mieux nous cibler en tant que consommateur. C ’est pour ça que j ’essaye d ’éviter de me mettre dans un moule trop fermé, et de rester moi-même, tout simplement humaine.
La façon dont les gens et les mouvements sociaux s ’organisent a-t-elle aussi évolué, particulièrement face à la crise des migrants ?
Totalement. Je viens de la génération des Social Justice Warriors (des cyber-militants associés notamment au progrès social des minorités opprimées, ndlr), à laquelle j ’ai l ’impression d ’avoir contribué. Depuis, j ’ai remarqué une infinité de divisions au sein des causes, qui n ’est pas toujours évidente à comprendre. Par exemple, il y a le féminisme, et sous le parapluie qu ’est cette cause, il y a des subdivisions autour du genre, de l ’ethnicité, en autres. Dans le cas de la crise des refugiés, on remarque ce même genre de fragmentation. Je vois les choses plus simplement : un pays se fait bombarder, et des millions de gens le fuient. J ’aurais tendance à réfléchir à des solutions globales plutôt que des idées qui s ’attardent sur des microgroupes et des identités spécifiques. Pourtant, je vois bien que l ’appartenance[ à une seconde minorité ] peut donner un accès plus rapide : un réfugié gay trouvera de l ’aide dans les communautés LGBT, une femme musulmane dans un organisme féministe ou religieux. Néanmoins, je pense que l ’on en est encore à un stade plus basique : arrêtez de bombarder leurs maisons et peut-être qu ’ils n ’auront plus besoin de fuir. Et c ’est seulement depuis l ’arrivée de Trump que l ’on a le droit de dire des choses pareilles.
La création de musique peut-elle être une façon de questionner des frontières ?
Oui, cela peut l ’être. Mon album AIM (sorti en août 2016) était très politique, mais pas pour les raisons attendues. J ’essayais de communiquer un sens d ’identité et d ’estime de soi, ce que personne ne voulait entendre à l ’époque : une immigrée avec des chansons pacifistes promouvant une forme d ’unité. L ’émotion omniprésente chez les gens, dans les médias et la politique était déjà un sentiment de rage. Pourtant, j ’avais l ’impression d ’avoir déjà fait un album très en colère, et surenchérir n ’aurait fait que de jeter de l ’huile sur le feu, de faire monter des tensions dont les migrants auraient fini par pâtir. À la place, cet album avec de l ’espoir était politique précisément parce qu ’il refusait l ’agressivité omniprésente. Un message d ’unité globale n ’est pas à la mode aujourd’hui, mais un jour, il sera nécessaire de tenter d ’atteindre ce genre de connexion.[…] Malheureusement, la limitation de toute cause est la perception sociale qu ’en ont les gens à ce moment c’est le portrait qu ’en peint sa propre société, qui est toujours biaisé.
Vous utilisez MySpace et d ’autres plateformes web dès vos débuts. Ressentez-vous une évolution de l ’utilisation et du rôle des réseaux sociaux aujourd ’hui ?
Tout a changé, à cent pour cent. Internet était un outil pour essayer de changer le monde, d ’unifier les gens, de les éveiller à un type de conscience totalement alternative, une philosophie de vie, de nouvelles idées. Internet cherchait à être profondément politique, sain, respectueux de l ’environnement, à soutenir d ’autres communautés et identités. Aujourd ’hui, ce medium a profondément évolué, il s ’est institutionnalisé, il pousse les artistes à se conformer. Pourtant, il ne faut jamais cesser de se battre pour garder et encourager une diversité.
Vous sentez-vous forcée de segmenter vos créations ?
Je refuse de fragmenter ma création. J ’ai dû apprendre à le faire dans ma vie privée. C ’est dans le travail que je me sens enfin libre de toute pression et de toute cloison.
Cet article est extrait du Magazine Antidote : Borders été 2017