Elle présentera plus de 170 pièces signées des créateurs de mode masculine parmi les plus reconnus, aux côtés des vêtements fonctionnels à usage industriel, technique ou militaire qui les ont inspirés.
Alors que les musées sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à la mode féminine et que les expositions qui lui sont consacrées connaissent un grand succès, poussant de plus en plus d’institutions comme le Centre Pompidou à s’y intéresser (au début de l’été, le musée d’art moderne annonçait qu’il présenterait désormais ses propres expositions de mode), la mode masculine reste souvent marginalisée et demeure sous-représentée. Cet automne, pour pallier ce manque, l’Université de Westminster présentera « Invisible Men », la plus grande exposition de vêtements masculin jamais tenue au Royaume-Uni.
Pendant quatre semaines, du 25 octobre au 24 novembre, elle mettra en scène plus de 170 pièces masculines créées au cours de ces 120 dernières années, signées de marques et designers tels que Craig Green, Burberry, Prada, Comme des Garçons, Junya Watanabe, Vivienne Westwood, Mackintosh, Calvin Klein, Jean-Paul Gaultier, Stone Island ou encore A-Cold-Wall*. Organisée en douze sections, dont une sera entièrement consacrée aux premières pièces masculines imaginées par Alexander McQueen entre 1997 et 1999, tandis qu’une autre mettra en valeur la ligne C.P. Company Urban Protection lancée en 1998 et qui a exercé une grande influence sur toute une génération de designers de vêtements pour hommes, « Invisible Men » reviendra sur la manière dont certains archétypes du vestiaire masculin – en particulier ceux revêtant une dimension hautement utilitaire et fonctionnelle – ont nourri l’inventivité et la création.
Vêtements des marins, de soldats, d’athlètes, de pompiers, d’explorateurs ou de scientifiques : « la mode masculine a développé une appréciation presque fétichiste du travailleur dans toutes ses itérations héroïques », peut-on lire dans le communiqué. Entièrement extraites du Westminster Menswear Archive, constitué de plus 1 700 pièces et fondé en 2016 sous l’impulsion de Andrew Groves, professeur en design de mode à l’Université de Westminster et co-curateur de l’exposition avec Danielle Sprecher, les créations seront exposées aux côtés de ces « vêtements source », des uniformes empruntés à l’armée britannique, la Royal Air Force, l’United States Air Force, la police de Manchester, la Poste ou encore à la Her Majesty’s Prison Service, une organisation gouvernementale chargée de la gestion des prisons.
Ainsi, ces vêtements d’origine côtoieront diverses interprétations de designers pour souligner la manière dont ces derniers les réinterprètent et explorent l’univers du vêtement fonctionnel à l’origine destiné à un usage industriel, technique ou militaire spécifique. Une vaste exploration dont le rôle sera aussi d’asseoir la légitimité de la mode masculine au sein des musées alors que cette dernière est de plus en plus regardée sur les podiums. « J’espère que d’autres institutions et musées s’intéresseront à l’histoire de la mode masculine d’une manière plus significative pour lui donner la place qu’elle mérité dans leurs expositions », a déclaré Andrew Groves.