Sacs à main pour homme, tailoring twisté et pantalons transparents : voici ce qu’il ne fallait pas manquer lors de la dernière Fashion Week de Milan.
Après le coup d’envoi des Fashion Weeks homme à Londres et le Pitti Uomo à Florence, qui a notamment accueilli le show de Glenn Martens pour Y/Project, Milan a pris le relai et offert un nouveau marathon de quatre jours, conjuguant chic à l’italienne et renouveau créatif à travers ses défilés.
Le come-back : le tailoring chez Prada
Comme un pied-de-nez à l’essor du streetwear dans le luxe, Miuccia Prada a mis l’accent sur les costumes cette saison, ouvrant son show avec une série de tenues noires puis grises, toutes cintrées, chics et élégantes. Mais jamais sans un twist – qu’il s’agisse de compléter les looks avec des casquettes bizarroïdes, des ceintures s’enroulant deux fois autour de la taille, ou de porter les vestes directement sur le torse.
Des prémices annonçant la suite : les tailles devenaient toujours plus corsetées par les multiples ceintures et les lanières de sac-à-dos (un clin d’œil au bondage ?), et la sobriété initiale laissait progressivement place à des silhouettes éclatantes – masculines comme féminines -, à grands renforts de couleurs pétantes et de prints en all-over. Quelques silhouettes tailoring continuaient d’essaimer sur le podium, entrecoupées de tenues kakis d’inspiration militaire ou encore des jupe brodées arborées par les supermodels Gigi Hadid et Kaia Gerber, avant que ne soient dévoilées une série de vestes sombres ornées par un cœur traversé d’une large épingle. Une collection plurielle, riche tout en restant maîtrisée, qui confirme le retour en force de la maison italienne.
Photos : Prada automne 2019.
Les inspirations : cinématographiques
La ligne hiver 2019 de No. 21 s’inspirait explicitement du film Querelle de Brest de Fassbinder, dont le créateur Alessandro Dell’Acqua s’est réapproprié l’univers marin à grand renforts de double-marcels et matières fétichistes, faisant écho à la tension sexuelle qui traverse le long-métrage. Francesco Risso chez Marni puisait lui dans la créativité débridée du film d’animation Allegro non troppo de Bruno Bozzetto (réponse italienne au surréaliste Fantasia de Disney), auquel faisaient référence les imprimés de certaines chemises complétant des looks pyjama.
Philipp Plein optait lui pour le plus pop et sanguinolent Tony Montana de Scarface, qu’on retrouvait fusil d’assaut en main sur de nombreux T-shirts. Miuccia Prada enfin a jeté son dévolu sur le film d’horreur culte The Rocky Horror Picture Show, et sur la figure du monstre de Frankenstein, fruit de l’imagination de la romancière Mary Shelley dont la représentation s’est cristallisée à travers son incarnation par Boris Karloff dans La Fiancée de Frankenstein (1935).
Photos de gauche à droite : Marni automne 2019, No. 21 automne 2019, Prada automne 2019, Philipp Plein automne 2019.
L’obsession : le motif léopard
On le retrouvait partout, ou presque : sur des cols ou mêlé à des imprimés tigre chez Neil Barrett (qui fêtait ses 20 ans lors de cette Fashion Week homme milanaise), recouvrant une jupe chez Marcelo Burlon, intégré au sein d’une floraison de prints chez Marni, par-dessus une superposition de vestes ou encore teinté en bleu chez MSGM, et enfin teint sur des cheveux coupés à ras chez Versace, à la Tyler the Creator.
Au-delà du pelage léopard, le poil (synthétique) était célébré sous toutes ses formes à travers les différents défilés organisés cette semaine, des grands manteaux style « yéti » d’Emporio Armani, aux peluches débordant des casquettes Prada ou formant des épaulettes ornant les pulls en laine présentés par la marque. La maison Versace les assemblait quant à elle en écharpes de couleurs pétantes (rose, orange, jaune), contrastant avec le gris de vestes en prince-de-galles.
Photos de gauche à droite : Versace automne 2019, MSGM automne 2019, Marni automne 2019, Neil Barrett automne 2019.
L’accessoire : le sac à main (pour homme)
Récemment, Antidote publiait un article expliquant comment l’homme s’affranchit des normes vestimentaires pour adopter une silhouette et une attitude plus féminines. Une tendance confirmée lors de cette Fashion Week homme de Milan, où le nouvel accessoire star des catwalks n’était autre que le sac à main. Il offrait un contrepoint à la virilité des mannequins chez Emporio Armani, ou encore aux défilés des maisons Prada et Versace en version miniature, porté en bandoulière chez cette dernière.
Le designer anglais Neil Barrett proposait lui des sacs à main avec poignées faites de chaînes, reflétant l’une des inspirations principales de son show : le mouvement punk. On retrouvait également des handbags chez Fendi, où ils étaient concurrencés par les colliers-sacoches, aussi présents chez Emporio Armani, disposés par-dessus les cravates, chez Prada à nouveau, et chez MSGM avec des modèles extra-plats.
Photos de gauche à droite : Fendi automne 2019, Versace automne 2019, Emporio Armani automne 2019, Fendi automne 2019.
La couleur : beige
Le beige était omniprésent lors de cette Fashion Week, notamment chez Fendi, dont le défilé s’ouvrait avec une série de looks, parfois monochromes, où cette couleur dominait largement. On la retrouvait également en couches superposée chez MSGM, rehaussée de petite touches jaunes fluo.
Le défilé Emporio Armani comprenait lui des tenues beiges confortables, notamment prévues pour les séjours alpins, tandis que No. 21 adoptait cette couleur pour ses vestes et pantalons tailoring. Les modes passent, l’élégance milanais perdure.
Photos de gauche à droite : Fendi automne 2019, MSGM automne 2019, No. 21 automne 2019, Emporio Armani automne 2019.
Les pièces : transparentes
Cette semaine de la mode milanaise a été agrémentée par de multiples jeux de transparence, notamment via des pantalons : un moyen de mettre en avant son plus beau short malgré l’hiver, comme chez Versace et Fendi. Pour la première fois, Silvia Venturini Fendi invitait d’ailleurs Karl Lagerfeld (directeur artistique des collections femme de la maison) à collaborer en tant que « guest artist » sur la collection homme, après lui avoir tout d’abord demandé de dessiner une nouvelle veste. D’où les lettres manuscrites (son moyen de communication favori) rédigées par sa main imprimées sur certaines pièces, ou encore les colliers à médaillon ornant la mousseline transparente de certains tops.
Neil Barrett a lui mis l’accent sur une dimension plus technique, confectionnant pour sa nouvelle ligne un trench décliné en différentes couleurs (blanche, rouge, noire) à partir de plastique translucide. Une matière également employée par Tom Notte et Bart Vandebosch, pour créer une série de vestes à capuche qu’on retrouve dans la nouvelle collection Les Hommes.
Photos de gauche à droite : Fendi automne 2019, Versace automne 2019, Neil Barrett automne 2019, Les Hommes automne 2019.