Lancée ce mardi, Clear Fashion lit entre les lignes des étiquettes et analyse les pratiques d’une centaine d’enseignes pour offrir de meilleures informations aux consommateurs.
Étiquetée comme étant l’une des industries les plus polluantes (elle serait, selon l’ONU, à l’origine de 10% des émissions de CO2 dans le monde et de 20% des rejets d’eaux usées), pointée du doigt pour sa voracité et son manque de transparence, la mode doit désormais répondre aux nouvelles exigences de consommateurs éclairés, soucieux quant à l’impact environnemental ou social des vêtements qu’ils achètent. Pour les aider dans cette démarche, Marguerite Dorangeon et Rym Trabelsi, deux jeunes entrepreneuses françaises, viennent de dévoiler cette semaine une application gratuite qui permet d’évaluer les pratiques et les produits de près de 80 enseignes, des géants de la fast-fashion comme Zara, Uniqlo, Primark ou H&M aux marques de prêt-à-porter haut-de-gamme telles que The Kooples, Sandro, Maje, Claudie Pierlot ou encore Lacoste, en passant par quelques maisons de luxe (Chanel, Louis Vuitton).
Disponible depuis mardi sur Apple Store et Google Play, Clear Fashion (qui devait initialement s’appeler « Clothparency ») attribue ainsi à chacune de ces marques plusieurs notes sur 100, selon un système de notation indépendant et impartial établi grâce avec l’aide de plusieurs organisations et experts, dans le but « d’informer les consommateurs sur les enjeux humains, environnementaux, de santé et d’impact sur les animaux ». Déjà surnommée le « Yuka de la mode » (une autre application mobile qui s’attache à analyser la composition des produits alimentaires), Clear Fashion examine notamment sous quatre catégories – « Environnement », « Humains », « Santé » et «Animaux » – le type de matières premières utilisé, les procédés et substances servant à la teinte d’un tissu ou encore l’utilisation ou non de cuirs exotiques, de fourrure, de plumes ou d’angora, source de souffrance animale. Sont également évaluées les conditions de travail des ouvriers employés, la traçabilité des fournisseurs ou encore la consommation d’eau et la gestion des déchets.
Simple et rapide d’utilisation, Clear Fashion a d’abord été testée par 15 000 personnes avant d’être officiellement lancée cette semaine. Née l’été dernier suite à la rencontre entre Marguerite Dorangeon et Rym Trabelsi, alors que ces dernières étaient encore étudiantes à AgroParisTech, elle offre des analyses poussées en se basant sur les informations communiquées par les marques et leur adhésion ou non à des labels et lève le voile sur les pratiques de l’industrie de l’habillement, permettant d’en savoir davantage sur les différentes étapes de fabrication, qui restent bien souvent méconnues. Car contrairement aux produits alimentaires, les informations à la disposition du consommateur sur l’étiquette sont peu nombreuses. Et si le « made in » indique le lieu d’assemblage du produit fini, il ne renseigne en rien sur les étapes intermédiaires et l’origine des matières. En conséquence, une enquête menée au préalable par Clear Fashion révèle que 90 % des acheteurs de vêtements jugent manquer d’informations concernant le coût humain et environnemental des produits qu’ils achètent.
Avec son système de notation et son code couleur – du vert foncé au rouge – en fonction de la qualité de l’engagement de la marque dans l’une des quatre catégories, Clear Fashion devrait non seulement pousser les acheteurs à mieux consommer mais encourage également les entreprises du monde de la mode à améliorer leurs pratiques et à être plus transparentes. Malgré les notes parfois basses qu’elles ont récoltées, une vingtaine de marques ont d’ailleurs accepté d’être les ambassadrices de l’application pour son lancement. Parmi elles, citons Levi’s, A.P.C., ou encore le groupe SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot) dont les résultats sont pour le moins mitigés.