Que faut-il retenir de la Fashion Week homme de Paris hiver 2018 ?

Article publié le 24 janvier 2018

Photo : Sankuanz automne-hiver 2018-2019
Texte : Maxime Retailleau

Extraterrestres, doudounes-écharpes et motifs tribaux : voici ce qu’il ne fallait pas manquer à la fashion week de Paris.

Alliant collections de grandes maisons et labels émergents toujours plus nombreux, la Fashion Week de Paris qui s’est tenue du 16 au 21 janvier a été marquée par le départ de Kim Jones de chez Louis Vuitton, la créativité débridée de Glenn Martens revisitant les Uggs ou encore l’invasion du motif tribal sur les runways.

Le motif : tribal

Le motif tribal s’est échappé des salons de tatouage pour faire son apparition sur les catwalks cette saison, notamment chez Dior, où on le retrouve sur une veste tailoring, un T-shirt ou même dessiné sur la coiffure d’un mannequin – en jouant avec la longueur des cheveux. Il s’invite aussi en touches plus discrètes chez Vetements, se confondant parmi de multiples logos, ou encore chez Sankuanz, où il est partiellement recouvert d’imprimés.

Photos de gauche à droite : Vetements automne 2018, Dior automne 2018, Sankuanz automne 2018, Dior automne 2018.

La collaboration : Y/Project x Ugg

Après avoir été pimpée par Jeremy Scott à grands renforts de flammes et de broderies « Ugg Life », les bottes en peau de mouton retournée ont été prolongées en cuissarde par Glenn Martens, le directeur artistique de Y/Project, quand il ne les revisitait pas en triplant leur revers. Confirmant définitivement leur come-back, les Uggs ont aussi complété les looks streetwear aux accents ethniques de la nouvelle collection Sacai.

Photos de gauche à droite : Y/Project automne-hiver 2018-2019.

Le final : Kate Moss et Naomi Campbell pour le départ de Kim Jones

Directeur artistique des lignes homme de Louis Vuitton depuis sept ans, Kim Jones a présenté sa dernière collection pour la maison française, centrée sur l’idée de voyage à grands renforts de parkas, boots renforcées et autres chapeaux d’explorateurs, tout en y mêlant des touches sportswear. Lors du final, il a salué le public accompagné de Kate Moss, qui n’avait pas foulé un podium depuis cinq ans, et Naomi Campbell, vêtues de longs imperméables monogrammés.

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La tendance : sécuritaire

Margiela a dévoilé ses nouvelles sneakers « Security » lors de son dernier show, et GmbH a remis la cotte de maille au goût du jour, en marcel ou T-shirt sous une doudoune kaki, détournant la fonctionnalité protective de ces pièces pour les inscrire dans un vestiaire urbain. Vetements a ensuite complété cette tendance sécuritaire avec des symboles de zones radioactives, tandis qu’on retrouve des bandes oranges traversant horizontalement certaines pièces chez Heron Preston ou encore Junya Watanabe, qui rappellent les matières réfléchissantes portées par certains cyclistes pour rester visible la nuit.

Photos de gauche à droite : GmbH automne 2018, Maison Margiela automne 2018, Vetements automne 2018, Junya Watanabe automne 2018.

Le thème : l’espace

Une poignée d’extraterrestres se sont infiltrés dans le show Rick Owens, la peau blanchâtre et arborant des coiffures punks, DIY, qui contrastaient avec l’élégance de leurs longs manteaux noirs, coinçant parfois leurs bras le long du corps. Kim Jones a lui recouvert certaines de ses créations d’imprimés créés à partir de photos de paysages du Kenya aux airs de cratères lunaires, tandis que la nouvelle collection Heron Preston était inspirée par l’exploration spatiale, détournant le logo de la Nasa à de multiples reprises – et faisant écho aux looks full-white du dernier show Margiela, qui rappellaient les combinaison d’astronautes.

Photos de gauche à droite : Rick Owens automne 2018, Maison Margiela automne 2018, Louis Vuitton automne 2018, Heron Preston automne 2018.

Le set design : AMI

Alexandre Mattiussi a investi le stade de Bercy pour présenter son dernier show, où les mannequins défilaient dans un décor représentant les toits de Paris, sur une bande-son comprenant le morceau « Kid » d’Eddy de Pretto. Alliant confort et élégance, sa collection automne 2018 reprenait des basiques du vestiaire masculin : longs manteaux épurés, pantalons à rayures et pulls à carreaux ou encore à col roulé…

L’extravagance : les masques de dinosaures

La nouvelle collection de Rei Kawabuko questionnait l’impératif de virilité imposé aux hommes à travers une collection genderfluid où se mêlaient jupes, hauts asymétriques et chevelures roses ou vertes attachées par un nœud. Les masques de dinosaures qui recouvraient le visage des mannequins au début du défilé, rappellant les premiers jouets souvent offerts aux jeunes garçons, et les dessins de bande-dessinée Superman imprimés sur les vêtements semblaient d’ailleurs faire référence au conditionnement virilisant imposé aux enfants de sexe masculin.

Photos : Comme des Garçons automne-hiver 2018-2019.

Les matières : fétichisantes

Les doudounes brillaient comme le latex chez Valentino, Dunhill ou encore Arthur Avellano, qui a aussi utilisé beaucoup de cuir vinyle pour confectionner certaines chemises, des pantalons ou encore des trenchs de sa dernière collection (tout comme chez Berluti). Le cuir était aussi omniprésent dans la dernière ligne Dunhill, sur des vestes, chemises cravatées et autres pantalons de costume, détournant ainsi le tailoring traditionnel.

Photos de gauche à droite : Arthur Avellano automne 2018, Dunhill automne 2018, Valentino automne 2018, Berluti automne 2018.

L’accessoire : l’écharpe XXL

Après avoir fait le tour du web en 2012 arborée par Lenny Kravitz, l’écharpe XXL s’est invitée sur les catwalks, ouvrant notamment le défilé Y-3 en couleur jaune canari. Le Coréen Juun.J les préfère sombres, en doudounes aériennes enserrant les cous, quand Jil Sander en propose une version matelassée et munies de boutons, débordant des épaules.

Photos de gauche à droite : Y-3 2018, Juun.J automne 2018, Jil Sander automne 2018, Juun.J automne 2018.

À suivre : Ludovic de Saint Sernin

Le designer français de 26 ans à dévoilé sa deuxième collection homme, après avoir étudié en section Womenswear à l’école Duperré, puis travaillé au studio femme de Balmain. Résultat : ses lignes se révèlent genderless et minimalistes, tout en jouant avec la sexualitsation des corps qu’il invite à dénuder avec de longues rangées de boutons traversant certaines pièces.

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