C’est à travers une exposition personnelle et volontairement incomplète de clichés de Bettina Rheims, Raymond Depardon ou Pierre et Gilles que Jean-Luc Monterosso, directeur de la Maison Européenne de la Photographie sur le départ, répond à cette question polémique.
« Paris est la ville au monde où il y a le plus d’expos photos », dit-il avec fierté dans un entretien accordé au Parisien. Plus de vingt ans après avoir fondé la Maison Européenne de la Photographie et contribué à faire rayonner la discipline dans la capitale, Jean-Luc Monterosso laisse la direction de l’établissement du Marais parisien à Simon Baker, débauché de la Tate Modern.
Photo : Pierre et Gilles, Naufragé – Ludovic, 1985
Avant son départ, il signe une ultime exposition subjective et obsessionnelle. Cette sélection de clichés est peut-être son argument le plus probant en réponse à la phrase de John Szarkowski, illustre conservateur pour la photographie au MoMA qui lui assurait comme une évidence à propos de la photographie française contemporaine au début des années 1980 : « it doesn’t exist ».
Photos : Denis Darzacq, Maloyn Chatelin, Acte 31, Brest, Finistère, 2011
« La photographie française existe… Je l’ai rencontrée » rassemble jusqu’au 20 mai les œuvres cinquantaine de photographes. Plus ou moins marquantes dans l’histoire de la photographie, elles l’ont été dans le parcours de Jean-Luc Monterosso qui ne se cache pas ici de dresser un recueil « lié à une histoire personnelle, avec des oublis, des absences, mais aussi des partis pris et des convictions ».
Photo : Denis Darzacq, Maloyn Chatelin, Acte 31, Brest, Finistère, 2011
On y trouve sans surprise des images du duo Pierre et Gilles, un extrait des reportages de Libération commandés à Raymond Depardon, des clichés récents de l’artiste ORLAN, la présence de JR, et un panel de photographes à qui la Maison Européenne avait respectivement dédié son espace au cours des 20 dernières années. Le parcours célèbre et rappelle aussi l’avant-gardisme de Bettina Rheims qui ouvrait dès la fin des années 1980 avec sa série « Modern Lovers » le débat sur le genre. On y découvre des travaux moins connus mais tout aussi politiques de Denis Darzacq dont la série « Acte » est dédiée au mouvement du corps handicapé, ou encore de Raphaël Dallaporta et ses clichés de mines à l’allure de cabinet de curiosités.
Jean-Luc Monterosso signe : « Oui, la photographie française existe, j’ai eu la chance de la rencontrer et même, parfois, le bonheur de l’accompagner. ».
L’exposition « La photographie française existe… Je l’ai rencontrée » se tiendra jusqu’au 25 mai 2018 à la Maison Européenne de la photographie, 5/7 rue de Fourcy, Paris.