Après le créateur Julien Dossena et l’artiste Abel Ferrara, c’est au tour du réalisateur Michel Gondry d’investir le Salo pendant une résidence nostalgique et ludique de trois jours.
Charlotte Gainsbourg galopant sur un cheval d’enfant dans La Science des rêves ou Kate Winslet, amnésique aux cheveux bleus dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind : ces personnages signés Michel Gondry sont teintés du même surréalisme pop que l’exposition multimédia qu’il présente au Salo.
Du 23 au 25 mars inclus, le réalisateur de Soyez sympas, rembobinez imagine le même vidéoclub que dans son film avec Jack Black et Mos Def. On y trouvera aussi des installations, une exposition de dessins, une autre de caricature, un mini set d’effets spéciaux, et un film documentaire à 360 degrés. Celui qui dit avoir à tout jamais 12 ans nous permet de revenir en enfance, le temps de quelques heures.
Rencontre avec Antidote.
Vous avez beaucoup travaillé sur les modes de consommation de films : que vous inspire l’époque actuelle et ses nouveaux outils ?
D’abord, quelle que soit mon opinion sur la question, l’évolution et la complexification du médium ne s’arrêteront pas. Je préfère essayer de comprendre et d’y adapter ma créativité. On a accès instantanément à de plus en plus d’informations, donc de sources d’inspiration. Il faut s’en imprégner tout en gardant son individualité. On a aussi accès à des films, des images du passé qu’il était impossible de trouver auparavant. Donc on peut y puiser des informations de toutes les époques.
Cette exposition comporte plusieurs de vos caricatures. Est-ce une de vos passions ?
Non je ne pense pas du tout que la caricature me passionne. Je ne l’aime pas en fait. La dérision, l’humour m’intéressent. Si cela ressemble à de la caricature, c’est complètement raté. En gros, je n’aime pas ce qui est prétentieux.
Vous considérez vous un artiste surréaliste ? Qu’est ce que le surréalisme en 2017 ?
Je ne pense pas que ce soit à moi de déclarer que je suis surréaliste. C’est comme de dire « je suis poétique » . Ça n’a aucun sens. C’est au spectateur de le ressentir ou non. C’est pareil pour le surréalisme, cela ne se décrète pas. Le surréalisme en 2017 ? Le mouvement a presque 100 ans. C’est comme de jouer du Fats Waller, ça ne veut pas dire la même chose qu’en 1920.
La réalisation du clip Around The World du duo Daft Punk avait été confiée à Michel Gondry.
Vous avez souvent expérimenté avec d’autres formats, notamment le clip : quel est l’aspect le plus intéressant lorsqu’on travaille avec le milieu musical par rapport au cinéma ?
D’abord, vous n’avez pas à vous soucier du spectateur. Il n’est pas pris en otage pendant 1h45 mais trois minutes seulement. On peut donc expérimenter beaucoup plus.
Quelle est la qualité commune entre tous les musiciens avec qui vous travaillez?
Il y a des musiques qui vous inspirent, vous dictent des images. Vous n’avez qu’à fermer les yeux puis dessiner ou écrire. Ces musiciens ont en commun qu’ils ont voulu travailler avec moi. C’est toujours honorant.
Y’a-t-il des musiciens avec qui vous aimeriez travailler ?
J’aurais aimé travailler avec Michael Jackson.
Y’a-t-il des nouveaux formats avec lesquels vous aimeriez expérimenter?
Je ne sais pas avec quel format exactement, mais je voudrais utiliser un format récent pour créer des images qui seront la norme pour la prochaine génération de machines.
La résidence de Michel Gondry au Salò aura lieu du jeudi 23 au dimanche 26 mars 2017. Plus d’informations et réservations sur la page de l’événement Facebook.