Le musée parisien présente une rétrospective regroupant plus de deux cent clichés du photographe, dépeignant la société sud-africaine depuis les années 1950.
Le père de la photographie sud-africaine, né d’une famille lituanienne blanche, a mis en exergue toutes les criantes injustices provoquées par l’apartheid à travers son œuvre. C’est pourquoi il a fait le choix du noir et blanc, plus froid, plus brut que la couleur, et permettant ainsi de mieux rendre compte de la situation sociale de son pays.
Photo : David Goldblatt.
Sur l’une de ses photos, prise dans un supermarché, des candidates participent au concours de « miss belles jambes » : une compétition qui était uniquement réservée aux blanches, installées sur un podium devant un public noir, dont le regard de bas en haut semblait symboliser la position sociale inférieure. Sur une autre, on voit des hommes noirs assis dans un bus, qu’il doive prendre entre 2h et 3h du matin pour se rendre au travail puis le soir pour rentrer chez eux, faisant 8h de trajet chaque jour. Ils n’ont alors d’autre choix, n’ayant alors pas le droit de résider dans la ville de Pretoria, où ils sont employés. Le long de l’exposition, de longues explications écrites, voire même des commentaires vidéos de David Goldblatt racontent l’histoire de ses clichés, afin de les remettre dans leur contexte.
Photo : David Goldblatt.
Lorsque l’apartheid a pris fin, en 1991, le photographe est passé à la couleur pour « pour ressentir la libération qui est venue avec l’arrivée de la démocratie », comme il le rapporte au Monde. Avant de revenir au noir et blanc une dizaine d’années plus tard… En 2012, il est retourné sur les lieux où passe la ligne de bus amenant les travailleurs vers Pretoria : les cars accueillent toujours des Noirs. L’injustice politique passée, les inégalités économiques persistent… « Les routes sont meilleures, précise Goldblatt. Mais sinon, c’est pareil. C’est un héritage de l’apartheid, et ça continuera sans doute encore longtemps. »
Photo : David Goldblatt.
Ne revendiquant aucun militantisme, le photographe cherchait simplement à révéler la réalité à laquelle il était confronté. Il a d’ailleurs mené des projets divers au cours de ses soixante ans d’exercice, s’immisçant au sein d’une petite ville regroupant la classe moyenne blanche à Boksburg, immortalisant le centre commercial de Soweto et la classe moyenne noire dont il accompagne l’émergence, ou encore se centrant sur des détails de vêtements et de corps de passants croisés dans la rue pour sa série « Particulars »(1975) – « Des photos très personnelles, où j’explorais ma propre sexualité », confie-t-il.
L’exposition « David Goldblatt » se tiendra jusqu’au 13 mai 2018 au Centre Pompidou, Place Georges-Pompidou, Paris IV.