Photo : Campagne ENG.
18/02/2020.
Basé à Shanghai, le concept store ENG vient de lancer une campagne d’affichage dans les rues de Paris pour lutter contre le racisme visant les populations asiatiques et notamment chinoises, en hausse depuis le début de l’épidémie de coronavirus.
Alors que l’épidémie de coronavirus qui touche de plein fouet la Chine, et plus particulièrement la ville de Wuhan dans la province du Hubei, commence enfin à régresser – après avoir causé la mort de plus 1 700 personnes et en avoir infecté 60 000 -, le concept store chinois ENG basé à Shanghai a décidé de lutter contre le racisme anti-asiatique et plus particulièrement anti-chinois, en hausse depuis le début de l’épidémie, en placardant 10 000 affiches dénonçant cette discrimination sur les murs de la capitale française.
Reprenant les hashtags #IAmNotAVirus et #PrayForWuhan utilisés sur les réseaux sociaux pour dénoncer le racisme croissant envers les personnes asiatiques depuis l’apparition du coronavirus, et témoigner son soutien envers la ville de Wuhan, paralysée depuis le mois de décembre dernier par les mesures prises par le gouvernement en place pour limiter la propagation du virus, les deux visuels imaginés par ENG cherchent à éveiller les consciences et à faire évoluer certaines mentalités à travers deux slogans : « Je ne suis pas un virus » et « Virus don’t discriminate. Humans do » (« Les virus ne discriminent pas. Les êtres humains si » en français).
Car avec la peur de la contamination qui s’est installée depuis le début de l’épidémie et son arrivée en Europe, les commentaires racistes à l’encontre de la communauté asiatique se sont multipliés. Ce lundi 17 février, un restaurant asiatique de la région parisienne a ainsi été visé par des tags sous-entendant la présence du virus et la responsabilité de ses propriétaires dans son expansion. C’est pour lutter contre ces préjugés que Sherry Huang Xin Yao, fondatrice du concept store ENG, a décidé avec son équipe de lancer une campagne. À l’occasion de sa diffusion dans les arrondissements centraux de Paris et ceux concentrant le plus grand nombre d’habitants d’origine chinoise, Antidote s’est entretenu avec elle pour en savoir davantage sur sa démarche.
ANTIDOTE. Qu’est-ce qui vous a conduit à lancer cette campagne uniquement diffusée à Paris ?
SHERRY HUANG XIN YAO. Nous avons découvert un reportage sur le fait que les Chinois portant des masques étaient victimes de discriminations. ENG s’est toujours positionné comme une marque globale plus que comme une simple boutique où l’on vend des vêtements, c’est une plateforme d’échange culturel. Nous nous sommes donc sentis concernés et nous nous sommes dit que nous devions faire quelque chose en réponse à ce phénomène. De nombreux Chinois ont dû rester à l’étranger en raison de l’épidémie qui a sévit en pleine période de Fête du printemps. Nombre d’entre eux doivent aussi se rendre à l’étranger pour assister aux différentes Fashion Weeks qui se déroulent actuellement. C’est pourquoi j’ai organisé une réunion avec mes partenaires Li Li, Zijun Lin et Zhiyong Hong pour lancer quelque chose qui pourrait leur éviter de subir des discriminations. Nous avons choisi Paris car c’est une ville inclusive qui incarne l’art et la mode. Nous voulions diffuser un message qui incite à la réflexion parce que ce n’est pas le virus qui est discriminant, ce sont les gens. Ce sont les êtres humains qui ont des préjugés. Cette campagne doit amener ceux qui la verront à s’arrêter pour réfléchir. Porter un masque permet de se protéger soi-même mais aussi de protéger les autres. C’est être responsable. En ce sens, les gens ne devraient pas avoir peur lorsqu’ils voient des personnes asiatiques porter un masque dans la rue.
Comment percevez-vous la situation actuelle ? L’industrie de la mode semble particulièrement touchée par les conséquences de l’épidémie de coronavirus…
Les marques chinoises sont confrontées à de nombreux problèmes car plusieurs usines sont paralysées. Les nouvelles collections ne peuvent pas être lancées comme prévu, des tas de commandes ne peuvent pas être traitées et livrées à temps. Certains créateurs ne peuvent pas non plus présenter leur collection à l’étranger (les défilés de six marques chinoises parmi lesquels Shiatzy Chen, Jarel Zhang ou encore Masha Ma ont été annulées dans le calendrier de la Fashion Week de Paris, ndlr) et les Fashion Weeks de Pékin et de Shanghai ont été reportées… ENG espère donc aider les créateurs chinois a surmonter ces difficultés par des actions concrètes. Nous allons ainsi lancer une autre campagne intitulée « Proud of our own designers » pour appeler les gens à soutenir les jeunes marques chinoises.
Votre concept store est-il toujours ouvert ou avez-vous était contrainte de le fermer ?
Dans les circonstances actuelles, ENG maintient ses services de vente en ligne. Les boutiques physiques ont récemment réouvert mais avec des horaires réduits. Je pense cependant que les choses s’améliorent.
Du fait du confinement de la population chinoise, la plus grande consommatrice de luxe au monde, l’industrie de la mode souffre de pertes conséquentes. Comment pensez-vous pouvoir minimiser les dégâts ?
Qu’il s’agisse de l’économie ou de l’humanité, l’épidémie de coronavirus met chaque partie de la société à l’épreuve. C’est comme lors d’un examen, une phase de test. L’épidémie est survenue au moment du Nouvel An chinois alors que la plupart des usines avaient fermé. La Chine a rapidement souffert d’une grave pénurie. Pour faire face aux conséquences économiques du virus, certaines enseignes ont elles-mêmes décidé de baisser leur loyer ou d’exonérer leurs locataires. Parallèlement, il y a de nombreux dons et les manifestations caritatives se multiplient. La perte matérielle est inévitable mais tout cela apporte de l’espoir malgré le climat actuel. Si les accidents, les maladies ou les catastrophes peuvent parfois éloigner les personnes les unes des autres, chaque petit acte bienveillant peut contribuer à améliorer la situation, à rendre le monde meilleur et plus chaleureux.
Alors que l’épidémie de coronavirus qui touche de plein fouet la Chine, et plus particulièrement la ville de Wuhan dans la province du Hubei, commence enfin à régresser – après avoir causé la mort de plus 1 700 personnes et en avoir infecté 60 000 -, le concept store chinois ENG basé à Shanghai a décidé de lutter contre le racisme anti-asiatique et plus particulièrement anti-chinois, en hausse depuis le début de l’épidémie, en placardant 10 000 affiches dénonçant cette discrimination sur les murs de la capitale française.
Reprenant les hashtags #IAmNotAVirus et #PrayForWuhan utilisés sur les réseaux sociaux pour dénoncer le racisme croissant envers les personnes asiatiques depuis l’apparition du coronavirus, et témoigner son soutien envers la ville de Wuhan, paralysée depuis le mois de décembre dernier par les mesures prises par le gouvernement en place pour limiter la propagation du virus, les deux visuels imaginés par ENG cherchent à éveiller les consciences et à faire évoluer certaines mentalités à travers deux slogans : « Je ne suis pas un virus » et « Virus don’t discriminate. Humans do » (« Les virus ne discriminent pas. Les êtres humains si » en français).
Car avec la peur de la contamination qui s’est installée depuis le début de l’épidémie et son arrivée en Europe, les commentaires racistes à l’encontre de la communauté asiatique se sont multipliés. Ce lundi 17 février, un restaurant asiatique de la région parisienne a ainsi été visé par des tags sous-entendant la présence du virus et la responsabilité de ses propriétaires dans son expansion. C’est pour lutter contre ces préjugés que Sherry Huang Xin Yao, fondatrice du concept store ENG, a décidé avec son équipe de lancer une campagne. À l’occasion de sa diffusion dans les arrondissements centraux de Paris et ceux concentrant le plus grand nombre d’habitants d’origine chinoise, Antidote s’est entretenu avec elle pour en savoir davantage sur sa démarche.
ANTIDOTE. Qu’est-ce qui vous a conduit à lancer cette campagne uniquement diffusée à Paris ?
SHERRY HUANG XIN YAO. Nous avons découvert un reportage sur le fait que les Chinois portant des masques étaient victimes de discriminations. ENG s’est toujours positionné comme une marque globale plus que comme une simple boutique où l’on vend des vêtements, c’est une plateforme d’échange culturel. Nous nous sommes donc sentis concernés et nous nous sommes dit que nous devions faire quelque chose en réponse à ce phénomène. De nombreux Chinois ont dû rester à l’étranger en raison de l’épidémie qui a sévit en pleine période de Fête du printemps. Nombre d’entre eux doivent aussi se rendre à l’étranger pour assister aux différentes Fashion Weeks qui se déroulent actuellement. C’est pourquoi j’ai organisé une réunion avec mes partenaires Li Li, Zijun Lin et Zhiyong Hong pour lancer quelque chose qui pourrait leur éviter de subir des discriminations. Nous avons choisi Paris car c’est une ville inclusive qui incarne l’art et la mode. Nous voulions diffuser un message qui incite à la réflexion parce que ce n’est pas le virus qui est discriminant, ce sont les gens. Ce sont les êtres humains qui ont des préjugés. Cette campagne doit amener ceux qui la verront à s’arrêter pour réfléchir. Porter un masque permet de se protéger soi-même mais aussi de protéger les autres. C’est être responsable. En ce sens, les gens ne devraient pas avoir peur lorsqu’ils voient des personnes asiatiques porter un masque dans la rue.
Comment percevez-vous la situation actuelle ? L’industrie de la mode semble particulièrement touchée par les conséquences de l’épidémie de coronavirus…
Les marques chinoises sont confrontées à de nombreux problèmes car plusieurs usines sont paralysées. Les nouvelles collections ne peuvent pas être lancées comme prévu, des tas de commandes ne peuvent pas être traitées et livrées à temps. Certains créateurs ne peuvent pas non plus présenter leur collection à l’étranger (les défilés de six marques chinoises parmi lesquels Shiatzy Chen, Jarel Zhang ou encore Masha Ma ont été annulées dans le calendrier de la Fashion Week de Paris, ndlr) et les Fashion Weeks de Pékin et de Shanghai ont été reportées… ENG espère donc aider les créateurs chinois a surmonter ces difficultés par des actions concrètes. Nous allons ainsi lancer une autre campagne intitulée « Proud of our own designers » pour appeler les gens à soutenir les jeunes marques chinoises.
Votre concept store est-il toujours ouvert ou avez-vous était contrainte de le fermer ?
Dans les circonstances actuelles, ENG maintient ses services de vente en ligne. Les boutiques physiques ont récemment réouvert mais avec des horaires réduits. Je pense cependant que les choses s’améliorent.
Du fait du confinement de la population chinoise, la plus grande consommatrice de luxe au monde, l’industrie de la mode souffre de pertes conséquentes. Comment pensez-vous pouvoir minimiser les dégâts ?
Qu’il s’agisse de l’économie ou de l’humanité, l’épidémie de coronavirus met chaque partie de la société à l’épreuve. C’est comme lors d’un examen, une phase de test. L’épidémie est survenue au moment du Nouvel An chinois alors que la plupart des usines avaient fermé. La Chine a rapidement souffert d’une grave pénurie. Pour faire face aux conséquences économiques du virus, certaines enseignes ont elles-mêmes décidé de baisser leur loyer ou d’exonérer leurs locataires. Parallèlement, il y a de nombreux dons et les manifestations caritatives se multiplient. La perte matérielle est inévitable mais tout cela apporte de l’espoir malgré le climat actuel. Si les accidents, les maladies ou les catastrophes peuvent parfois éloigner les personnes les unes des autres, chaque petit acte bienveillant peut contribuer à améliorer la situation, à rendre le monde meilleur et plus chaleureux.