Le rappeur précise les contours de Welcome to the Jungle, son premier album à paraître ce 30 août.
« Prolifique » est sans doute l’un des termes qui définit le mieux Rilès. Originaire de Rouen, ce rappeur, chanteur, auteur-compositeur et producteur se fait remarquer en 2016 avec Rilèsundayz, un projet ambitieux pour lequel il se met au défi de publier un nouveau morceau tous les dimanches pendant un an. Ce sont donc 52 morceaux qui ont vu le jour entre septembre 2016 et septembre 2017. Parmi eux : « Brothers » et « Thank God », respectivement certifiés single d’or et single de platine depuis leur sortie. Interprétés dans la langue de Shakespeare, qu’il apprend de façon autodidacte sur Internet, ces titres publiés en masse attirent peu à peu l’attention du géant américain Republic Records (Drake, Ariana Grande, Post Malone…), qui finit par le signer en mars 2018 – une véritable consécration.
Désormais connu de part et d’autre de l’Atlantique, Rilès, 23 ans, s’apprête à partager Welcome to the Jungle. Attendu pour le 30 août, ce premier LP a été annoncé par le clip obscur de « Against the clock » avant d’être précisé par « Myself N the Sea », une entêtante chanson à laquelle le Français offre aujourd’hui un prolongement visuel. Les deux vidéos, co-réalisées aux côtés de Jérémie Levypon, semblent d’ailleurs présenter le fil d’une histoire que l’artiste pourrait bien tirer à travers son disque. Alors que le clip de « Against the clock » le voyait se battre contre ses propres démons, prisonnier d’une camisole de force, celui de « Myself N the Sea » le propulse dans une atmosphère beaucoup plus lumineuse où, enfin libéré de ses chaînes, il s’immerge dans un monde des plus festifs. Un clip rafraîchissant – idéal pour conclure cette journée de canicule – dont Rilès profite de la sortie pour s’entretenir avec Antidote et répondre à quelques questions.
ANTIDOTE : Dans le clip de « Myself N the Sea », la mer apparaît comme une porte d’entrée vers une autre dimension. Qu’est-ce qui vous a inspiré pour cette vidéo ?
RILÈS : J’ai pensé ce clip comme la suite de celui du titre « Against the clock » dans lequel il y a une scène où je me fais foudroyer avant de m’effondrer sur une plage. C’est sur cette même plage que s’ouvre la vidéo de « Myself N the Sea ». On m’y voit en train d’essayer de rentrer dans la mer pour m’y noyer tandis que je commence à délirer et en ressort pour tenter de sauver mon alter ego qui, à son tour, est sur le point de se noyer. L’eau symbolise en quelque sorte une porte d’entrée vers une autre dimension, un portail menant au monde des morts, auquel deux Rilès se confrontent. À la fin du clip, le premier Rilès court vers le second de sorte à ce que cela sème la confusion. Le second Rilès ne le voyant pas, on ne sait pas si le premier, qui est entré dans la mer au début du clip, est encore vivant où s’il est un devenu fantôme.
Les sonorités de ce titre évoquent clairement le dancehall. C’est un genre qui vous inspire ?
C’est vrai qu’on retrouve des évocations du dancehall tant dans ma voix que dans la production. C’est un style de musique qui m’inspire beaucoup. Quand j’ai créé l’instru et que j’ai assemblé les choses ensemble, il y avait deux drums qui sonnaient bien et je me suis dit que ce type de débit se marierait bien avec un accent un peu jamaïcain. Mais en termes de rythme, ce morceau s’inspire aussi de la grime UK, ou de titres dans la veine de « On My Mind » de Jorja Smith.
Qu’il s’agisse de « Against the Clock », « Marijuana » ou aujourd’hui de « Myself N the Sea », vos clips sont toujours très léchés, on sent que vous y réfléchissez pendant longtemps. La vidéo est-elle un moyen d’expression important pour vous ?
À mes débuts, je réalisais mes clips tout seul. Et puis peu à peu, j’ai commencé à travailler avec des boîtes de production pour améliorer la qualité de l’image et tous les aspects un peu techniques. Je suis derrière chacun d’entre eux, je les écris tous. Même quand je fais appel à quelqu’un, c’est une co-réalisation, je participe toujours à l’écriture, j’échange beaucoup avec la personne… Les clips sont super importants pour moi. Ils doivent toujours faire passer un message, véhiculer quelque chose. Esthétiquement parlant, un clip doit aussi apporter de nouvelles choses. Il faut que ce soit une claque visuelle. D’ailleurs, je donne tellement d’importance à mes clips que tout mon budget y passe. J’aimerais bien arriver au niveau de réalisation de Nabil [qui a signé des clips pour Kanye West, Kendrick Lamar, Frank Ocean…, ndlr] ou de Romain Gavras.
Je crois savoir que vous écrivez, produisez, enregistrez, mixez et masterisez tous vos morceaux vous-même, et que vous réalisez et montez tous vos clips… Est-ce un moyen pour vous de garder le contrôle ?
C’est exactement ça. Faire les choses moi-même me permet de garder un contrôle artistique sur tous les projets que je sors. Si c’est fait par mes doigts et mes mains, je suis libre de mettre tous les détails que je veux. Quand on fait ses propres sons dans sa chambre, c’est plus facile d’imaginer soi-même des choses fidèles aux idées que l’on avait en tête dès le départ. Les clips me demandent toujours un peu plus de préparation. Mais depuis que je travaille avec d’autres personnes, je dois un peu jouer le rôle du chef d’orchestre.
Le 30 août prochain, vous sortirez votre premier album Welcome to the Jungle. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
L’album va être SALE [rires] ! Non vraiment, ça va être du lourd. J’ai vraiment hâte qu’il sorte. Ça fait deux ans que je travaille dessus donc c’est un projet qui me tient vraiment à coeur, j’y ai mis toute mon énergie, mon sang, et ma sueur. Tout ce que j’avais ! Et, inch’allah, ça va tout péter !