Après avoir signé dans une grande maison de disque à seulement 13 ans, Mahalia a sorti cette année un nouvel EP R’n’B teinté de soul, Seasons, avec lequel elle s’impose comme l’une des nouvelles figures à suivre de la scène musicale britannique.
ANTIDOTE. Tu as écris ton premier morceau à huit ans, c’est très précoce.
MAHALIA. Oui mais c’était logique en un sens, car j’ai été exposée à la musique très jeune : mes parents en passait beaucoup à la maison, et dès que je pouvais je me mettais en scène, je dansais et je chantais. À huit ans j’étais devenue consciente de ma propre existence, et de ce que je voulais faire : écrire mes propres morceaux. Quand j’y pense avec le recul, j’ai l’impression que c’était une nécessité.
À douze ans, tu rêvais de rencontrer Ed Sheeran et ta mère t’a emmené à de nombreux concerts qu’il donnait, en essayant de te faire accéder au backstage pour que tu puisses lui parler. D’où venait votre détermination ?
Je suppose que quand les gens entendent parler de cette histoire, ils doivent se dire qu’on stalkait Ed Sheeran, mais il ne s’agissait pas de ça. J’avais dit à ma mère que je voulais le rencontrer pour lui dire à quelle point il m’inspirait en tant que songwriter, et je pense que ce qu’elle essayait de faire, c’était de me prouver que tout est possible dans la vie. On est allés à de nombreux shows d’Ed Sheeran, à plusieurs festivals où il jouait, mais on n’est pas parvenus à le rencontrer. Puis deux ans après avoir entrepris ce petit périple, grâce à une part de hasard, on est parvenues à le rencontrer.
Tu te rappelles de ce que vous vous êtes dit ?
Je crois qu’au final j’étais trop impressionnée pour lui parler (rires).
Il a néanmoins écouté ce que tu faisais et a posté le lien de ton compte Soundcloud sur Twitter en l’accompagnant d’un commentaire élogieux. Peu de temps après, tu as signé un contrat avec le label Atlantic Records, tout est allé très vite…
…Oui, quand Ed Sheeran a posté le tweet j’ai pleuré et j’étais très excitée, mais je ne me rendais pas vraiment compte de l’impact que cela pourrait avoir, et il a été énorme. C’est un gros deal que j’ai signé, et s’il n’avait pas fait ça, je ne pense pas que j’aurais été remarquée, ou du moins pas si rapidement.
Ton album Diary of Me a été produit par Nineteen85, le beatmaker qui a collaboré avec Drake sur son banger « Hotline Bling ». Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Par le biais de mon label, qui me l’a présenté il y a environ quatre ans. À l’époque je ne faisais pas beaucoup de sessions en studio, puis j’ai commencé à collaborer avec lui et un autre producteur et c’était dingue. Honnêtement, c’est la première fois où je me suis sentie heureuse, confiante et capable d’être moi-même en studio.
Il t’a fallu six mois pour écrire ton morceau « Sober ». Comment faire pour conserver l’esprit initial d’un morceau, rester fidèle à l’émotion qui l’a fait naître, lorsque sa composition s’étale sur plusieurs mois ?
Au départ j’ai simplement écrit le refrain. Il était inspiré par une rupture amoureuse que je traversais, je me suis dit : « Au moins je sais ce que j’ai envie de dire ». Puis il m’a fallu du temps pour le terminer parce que je ne m’étais pas encore totalement remise de la fin de ma relation, j’avais besoin d’attendre encore pour pouvoir en parler au passé. Je pense que si il s’agissait d’une autre situation, je n’aurais peut-être pas réussi à garder la vibe initiale du morceau, mais une rupture amoureuse ça reste ancré en vous, d’autant que celle-ci était particulièrement difficile pour moi, je ne m’en suis remise qu’au bout d’un an environ.
« Sober » est devenu ton morceau le plus connu : n’as-tu pas peur parfois d’être réduite à ce single ?
Si complètement, et c’est difficile car il faut rester confiant et se dire que tu vas réussir à écrire un autre morceau que les gens vont adorer. Mais il ne faut pas trop y penser. Quand je suis partie en tournée, les shows étaient wild et les gens hurlaient les paroles de tous les morceaux, c’était incroyable. Ils chantaient « Sober » plus fort, mais du moment que je crois en ce que j’écris, les gens y croiront aussi.
Ton nouvel EP de cinq titres est à nouveau centré sur les relations amoureuses, c’est une obsession pour toi ?
Oui, crois que je suis amoureuse de l’amour : j’adore parler des garçons. J’ai vécu une histoire qui a duré un an et j’avais envie de raconter les cinq étapes que j’ai traversées jusqu’à la fin. Au départ c’est excitant mais on se dit « ça c’est passé cette nuit, oh mon Dieu, c’est bizarre », puis on rentre dans la phase « honeymoon » où tout est génial, ensuite quelque chose commence à nous déranger mais on n’arrive pas bien à saisir quoi, et enfin on réalise que ça ne va pas marcher, puis c’est le moment douloureux. Il y a même six étapes en réalité car à la fin il y a la phase d’acceptation où on se dit « okay, c’est fini entre nous ».
Tu es retournée dans ton Leceister natal en 2016, après avoir vécu à Londres quelques temps. La capitale anglais ne t’inspirait pas ?
Je m’y suis installée à 18 ans, et c’était très difficile parce que je n’avais pas d’argent, je n’avais pas d’amis sur place, et je vivais loin du centre. Je ne savais pas trop ce que je faisais là-bas, donc j’ai pris la décision de revenir dans le Leceister, à Syston, où j’étais à nouveau entourée de mes proches. J’ai eu le sentiment de redevenir celle que j’étais vraiment, puis en janvier dernier je suis finalement retournée vivre à Londres.
Qu’est-ce qui t’a poussé à prendre cette décision ?
Il était temps, je venais de passer un an dans le Leceister et au bout d’un moment il devient nécessaire d’être proche des gens avec qui on travaille. J’ai depuis réalisé à quel point c’est important pour moi d’être entouré de gens qui composent ou travaillent dans la musique.