Le photographe de 29 ans Xiangyu Liu a quitté sa Chine natale pour étudier l’art en Russie, où il a façonné son style réconciliant spontanéité et poses extravagantes. Il signe l’ensemble des photos de ce numéro hiver 2018-2019 d’Antidote : Excess.
Originaire de Chine où il naît à Wuhu le 5 janvier 1989, Xiangyu gagne une importante somme d’argent en devenant champion national d’un jeu vidéo alors qu’il est adolescent, grâce à quoi il réalise son rêve : partir pour la Russie afin d’y étudier l’art. Il y réside durant 8 ans, intégrant les écoles les plus prestigieuses de Moscou et Saint-Pétersbourg. Exprimant tout d’abord sa créativité sur toile, il se tourne ensuite vers la photographie en 2015, sans pour autant tourner le dos à son premier amour. « Aujourd’hui, je peins avec un appareil photo », s’amuse-t-il à répéter quand on le questionne sur son œuvre.
Ses clichés semblent pris dans les coulisses d’une soirée surréaliste où toutes les audaces seraient permises, entre décadence mondaine et poésie juvénile. Un univers nourrit par son aisance à extraire la folie des modèles qui croisent son objectif. Suppléé par l’habit, la mode, son travail nous emmène dans un monde onirique, presque illusoire, qui nous renvoie à nos rêves les plus étranges.
Il était déjà présent à nos côtés pour réaliser notre campagne des collections Antidote Care et Antidote Studio. Aujourd’hui, c’est l’ensemble de notre numéro Excess que nous avons décidé de lui confier. Dans La Nouvelle Justine, le Marquis de Sade, expert en la matière, statuait que « Tout est bon quand il est excessif ». Ce numéro sera délicieux.
ANTIDOTE. Vous êtes passé de la peinture à la photographie. Pourquoi et quand avez-vous décidé de troquer vos pinceaux pour un appareil photo ?
XIANGYU LIU. Bien que je collectionnais des appareils photo depuis longtemps, le début de mon véritable voyage photographique a commencé il y a trois ans. Je n’ai jamais abandonné mon pinceau. J’ai juste commencé à utiliser un appareil photo à sa place. J’ai commencé à peindre avec un appareil.
Comment décririez-vous votre univers ?
Il est centré sur la fantaisie et la démesure ! J’essaie de briser les règles en m’appropriant de manière innovante tous les éléments visibles. Je suis inspiré par le rêve et quand je crée, je me reflète en même temps, ce qui véhicule une énergie unique, dynamique, libre, spontanée et excentrique.
« La photographie est l’un des meilleurs outils pour dépasser les frontières. »
Comment avez-vous choisi de traiter le thème de ce numéro : Excess ?
L’excès est une définition de moi-même. Quand je regarde ce sujet, c’est moi que je vois.
À vos yeux, la photographie représente-t-elle un moyen de repousser les limites ?
La photographie est l’un des meilleurs outils pour dépasser les frontières. Mais si vous voulez vraiment accomplir de grandes choses, cela prend du temps.
Le photographe chinois Ren Hang, qui a shooté notre Freedom Issue, est décédé l’année dernière. Était-il une source d’inspiration pour vous ?
J’apprécie son travail. Puisque nous sommes tous les deux originaires de Chine, on partage plus ou moins les mêmes références culturelles. À titre plus personnel, le compagnon de Ren Hang était l’un de mes bons amis.
La plupart de vos modèles semblent très naturels, et n’ont pas peur d’exprimer leur folie intérieure devant votre appareil. Comment réussissez-vous à instaurer ce niveau de confiance entre vous ?
Avant chaque début de shooting, je choisis les modèles que je veux photographier à part, et nous discutons ensemble. J’essaye de ressentir leur champ magnétique, puis je construis progressivement un monde dans lequel je veux communiquer avec eux. Souvent, je rencontre des modèles qui sont très expressifs. Il suffit de quelques mots pour découvrir les choses que nous pouvons nous offrir. Chaque shooting est comme un étonnant processus conscient.