Rencontre avec Sean, nouvelle figure du rap français

Article publié le 15 février 2019

Photo : Sean.
Texte : Naomi Clément.

À quelques semaines de la sortie de son premier EP, le rappeur parisien nous a accordé un moment pour mieux saisir les contours de sa mystérieuse musique, de sa mélancolie passagère, et de son rapport à l’écriture. Il dévoile au passage, en exclusivité pour Antidote, le clip du premier single tiré de ce projet : « Mercutio ».

On le retrouve dans la cour de l’Hôtel Grand Amour, emmitouflé dans une doudoune, un café dans la main et une cigarette dans l’autre. « Salut, enchanté ! » Pour sa toute première interview, Sean a l’air plutôt détendu ; un peu timide mais serein. Et pour cause : s’il n’a que 20 ans, il fait de la musique depuis qu’il en a 12. Originaire du 20ème arrondissement de Paris, il commence à écrire ses premiers morceaux au collège, alors qu’il n’est qu’en 6ème.

Épaulé par son comparse Ryan, aujourd’hui devenu son manager, il délivre ses premiers freestyles, influencé par les rappeurs de la Sexion d’Assaut, tout en apprenant la guitare et en découvrant Nirvana ou encore Bob Marley. « J’ai sorti mon premier son sur SoundCloud à ce moment-là, quand j’étais en 6ème », relate-t-il. « J’avais fait la prod’ à la guitare, le beat en tapant ma main sur le bureau, et… c’était un peu de mauvais goût, en vrai », affirme-t-il dans un rire, précisant avoir pris soin de ne laisser aucune trace de cette création sur Internet.

Quelques années plus tard, l’ambitieux garçon décide même, avec un autre ami d’enfance, Roodie, de monter un home studio au sein duquel il commence à produire des amis rappeurs, « des plus grands que nous parfois ». « On gagnait un peu nos sous comme ça », se souvient-il. Avec cet argent, Sean enregistre ses premiers morceaux en studio, peaufine son style, dévoile plusieurs clips sur YouTube et finit par se faire approcher par des labels. « Et aujourd’hui, je m’apprête à sortir mon premier EP : Mercutio », conclut la nouvelle recrue du label Nice Prod.

« Mercutio, c’est mon alter ego, mon vice »

Prévu pour le mois d’avril, ce projet se compose de cinq titres à l’atmosphère sombre et mélancolique, dans lesquels Sean évoque sa famille, ses amours passés, son quotidien, nous plongeant dans « une époque où je n’allais pas très bien ». Il ajoute : « Pour écrire, je m’inspire très souvent de ma vie, mais il y a pas mal de fois où j’aime aussi inventer des choses, aller dan la fiction. » Car Sean, qui dit tirer une partie de son inspiration dans les films d’animation japonais, est aussi et surtout un créateur d’histoires, un narrateur aussi bien capable de relater avec détails une expérience vécue que de nous projeter dans des scénarios imaginaires, parfois inspirés par la vie de personnages historiques.

Pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un œil à la tracklist de l’EP : on y retrouve donc le nom de Mercutio, l’ami et mentor de Roméo chez Shakespeare, mais aussi celui de Roland Moreno, l’inventeur de la carte à puce – des références inattendues, qui nous projettent dans un autre espace-temps, loin de la réalité d’un Parisien de 20 ans. « Avec mon pote Roodie, on a toujours aimé inventer des choses… c’est une façon parmi d’autres d’écrire et de travailler », souligne-t-il.

Pour donner vie à ses histoires, multiplier les personnages et les ambiances, Sean rappe, chante, parle, et bien souvent, trafique sa voix, passant des aigus aux graves en un quart de seconde. « J’adore être dans la recherche, explique-t-il. Quand je passe des heures en studio à jouer avec les pitchs pour modifier ma voix, pour moi, c’est un peu la même chose que lorsqu’un guitariste s’essaie pendant des heures à des effets overdrive. »

Cette façon d’expérimenter, on la retrouve de façon très prononcée sur le single « Mercutio », la quatrième piste de l’EP du même nom, dont il dévoile aujourd’hui le clip. Un morceau lourd, inquiétant, à travers lequel Sean fait face à ses vieux démons. « Mercutio, c’est mon alter ego, mon vice », décrypte-t-il. « Et j’ai choisi de sortir ce morceau en premier car il raconte tout le concept de l’EP, à savoir la relation entre Sean et Mercutio. Cet EP, c’est un moyen d’exorciser toutes ces mauvaises choses que j’avais à l’intérieur. Et d’ailleurs, depuis que j’ai fait ça, je me sens beaucoup mieux… j’ai même arrêté de fumer. »

« Un premier album davantage inspiré par la variété française »

Thérapeutique donc, Mercutio, le premier EP de Sean, se dévoile à nos oreilles comme un mélange moderne et subtil des innombrables styles musicaux qui ont bercé la vie du jeune artiste : le rap, la variété française ou encore la musique italienne, avec des artistes comme Alain Bashung, Ali Farka Touré et Stromae, dont il nous confie admirer le talent. Certains y verront un mix entre Jorrdee et Hamza ; d’autres le résultat d’une génération marquée par l’avènement d’artistes comme Future ou PNL.

Ce qui est sûr en tout cas, c’est que Mercutio ouvre le premier chapitre de l’histoire du rappeur. « Cet EP, c’est un peu ma première carte de visite, ma façon de me présenter au monde, commente-t-il. Mais je travaille déjà sur un premier album, qui sera davantage inspiré par la variété française voire le reggaeton, et par l’envie de faire de la musique un peu plus lumineuse, dansante… car la musique, c’est aussi fait pour danser. » Et quand on lui demande ce qu’il attend de ce premier EP, Sean, l’air déterminé, nous lance : « Que les gens prennent une première claque. Ça fait longtemps que j’ai envie de leur mettre. »

On le retrouve dans la cour de l’Hôtel Grand Amour, emmitouflé dans une doudoune, un café dans la main et une cigarette dans l’autre. « Salut, enchanté ! » Pour sa toute première interview, Sean a l’air plutôt détendu ; un peu timide mais serein. Et pour cause : s’il n’a que 20 ans, il fait de la musique depuis qu’il en a 12. Originaire du 20ème arrondissement de Paris, il commence à écrire ses premiers morceaux au collège, alors qu’il n’est qu’en 6ème.

Épaulé par son comparse Ryan, aujourd’hui devenu son manager, il délivre ses premiers freestyles, influencé par les rappeurs de la Sexion d’Assaut, tout en apprenant la guitare et en découvrant Nirvana ou encore Bob Marley. « J’ai sorti mon premier son sur SoundCloud à ce moment-là, quand j’étais en 6ème », relate-t-il. « J’avais fait la prod’ à la guitare, le beat en tapant ma main sur le bureau, et… c’était un peu de mauvais goût, en vrai », affirme-t-il dans un rire, précisant avoir pris soin de ne laisser aucune trace de cette création sur Internet.

Quelques années plus tard, l’ambitieux garçon décide même, avec un autre ami d’enfance, Roodie, de monter un home studio au sein duquel il commence à produire des amis rappeurs, « des plus grands que nous parfois ». « On gagnait un peu nos sous comme ça », se souvient-il. Avec cet argent, Sean enregistre ses premiers morceaux en studio, peaufine son style, dévoile plusieurs clips sur YouTube et finit par se faire approcher par des labels. « Et aujourd’hui, je m’apprête à sortir mon premier EP : Mercutio », conclut la nouvelle recrue du label Nice Prod.

« Mercutio, c’est mon alter ego, mon vice »

Prévu pour le mois d’avril, ce projet se compose de cinq titres à l’atmosphère sombre et mélancolique, dans lesquels Sean évoque sa famille, ses amours passés, son quotidien, nous plongeant dans « une époque où je n’allais pas très bien ». Il ajoute : « Pour écrire, je m’inspire très souvent de ma vie, mais il y a pas mal de fois où j’aime aussi inventer des choses, aller dan la fiction. » Car Sean, qui dit tirer une partie de son inspiration dans les films d’animation japonais, est aussi et surtout un créateur d’histoires, un narrateur aussi bien capable de relater avec détails une expérience vécue que de nous projeter dans des scénarios imaginaires, parfois inspirés par la vie de personnages historiques.

Pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un œil à la tracklist de l’EP : on y retrouve donc le nom de Mercutio, l’ami et mentor de Roméo chez Shakespeare, mais aussi celui de Roland Moreno, l’inventeur de la carte à puce – des références inattendues, qui nous projettent dans un autre espace-temps, loin de la réalité d’un Parisien de 20 ans. « Avec mon pote Roodie, on a toujours aimé inventer des choses… c’est une façon parmi d’autres d’écrire et de travailler », souligne-t-il.

Pour donner vie à ses histoires, multiplier les personnages et les ambiances, Sean rappe, chante, parle, et bien souvent, trafique sa voix, passant des aigus aux graves en un quart de seconde. « J’adore être dans la recherche, explique-t-il. Quand je passe des heures en studio à jouer avec les pitchs pour modifier ma voix, pour moi, c’est un peu la même chose que lorsqu’un guitariste s’essaie pendant des heures à des effets overdrive. »

Cette façon d’expérimenter, on la retrouve de façon très prononcée sur le single « Mercutio », la quatrième piste de l’EP du même nom, dont il dévoile aujourd’hui le clip. Un morceau lourd, inquiétant, à travers lequel Sean fait face à ses vieux démons. « Mercutio, c’est mon alter ego, mon vice », décrypte-t-il. « Et j’ai choisi de sortir ce morceau en premier car il raconte tout le concept de l’EP, à savoir la relation entre Sean et Mercutio. Cet EP, c’est un moyen d’exorciser toutes ces mauvaises choses que j’avais à l’intérieur. Et d’ailleurs, depuis que j’ai fait ça, je me sens beaucoup mieux… j’ai même arrêté de fumer. »

« Un premier album davantage inspiré par la variété française »

Thérapeutique donc, Mercutio, le premier EP de Sean, se dévoile à nos oreilles comme un mélange moderne et subtil des innombrables styles musicaux qui ont bercé la vie du jeune artiste : le rap, la variété française ou encore la musique italienne, avec des artistes comme Alain Bashung, Ali Farka Touré et Stromae, dont il nous confie admirer le talent. Certains y verront un mix entre Jorrdee et Hamza ; d’autres le résultat d’une génération marquée par l’avènement d’artistes comme Future ou PNL.

Ce qui est sûr en tout cas, c’est que Mercutio ouvre le premier chapitre de l’histoire du rappeur. « Cet EP, c’est un peu ma première carte de visite, ma façon de me présenter au monde, commente-t-il. Mais je travaille déjà sur un premier album, qui sera davantage inspiré par la variété française voire le reggaeton, et par l’envie de faire de la musique un peu plus lumineuse, dansante… car la musique, c’est aussi fait pour danser. » Et quand on lui demande ce qu’il attend de ce premier EP, Sean, l’air déterminé, nous lance : « Que les gens prennent une première claque. Ça fait longtemps que j’ai envie de leur mettre. »

À lire aussi :

À lire aussi :

[ess_grid alias= »antidote-home2″]

Les plus lus

Rencontre avec le DJ croate Only Fire, avant la sortie de son nouvel EP « Moana Lisa »

Avec leurs voix robotiques clamant des paroles salaces sur des beats entêtants, les titres du jeune DJ croate Only Fire se sont rapidement imposés sur la scène électro internationale, de Paris à Berlin, où il vit aujourd’hui, en passant par New York et Zagreb, où il a grandi. Après avoir mixé lors d’une Antidote Party en juillet 2023, où il instantanément fait grimper la température, le jeune DJ de 24 ans revient ce vendredi 1er mars avec « Blowjob Queen », un single annonçant la sortie de « Moana Lisa », un nouvel EP au titre tout aussi kinky, disponible en pré-commande avant sa sortie à la fin du mois. Rencontre.

Lire la suite

Les métamorphoses de Sevdaliza

Chanteuse avant-gardiste comptant trois albums à son actif, Sevdaliza explore désormais de nouveaux territoires esthétiques à travers des singles qu’elle sort au compte-gouttes, en multipliant les métamorphoses physiques au passage. À travers cet entretien, l’artiste d’origine iranienne de 36 ans, installée aux Pays-Bas, revient sur l’importance que la communauté queer a joué sur la construction de son identité, sur la difficile acceptation de sa singularité, sur sa fascination pour les nouvelles technologies ou encore sur l’influence de son expérience de la maternité sur sa vision du monde.

Lire la suite

La mélo de Gazo et Tiakola est gangx, et leur alchimie parfaite

Les deux rappeurs, parmi les plus populaires du moment en France, ont sorti un album commun qui fait des étincelles dans un monde froid : La Mélo est Gangx. Après plusieurs collaborations à succès et des carrières solo déjà bien remplies, Gazo et Tiako fusionnent leurs univers pour aboutir à une alchimie évidente mais innovante. De leurs premiers pas en studio au sommet des charts, on a discuté (et beaucoup rigolé) avec deux bosseurs passionnés, qui allient aujourd’hui leurs forces au profit de la culture… à travers la leur.

Lire la suite

Plus d’un milliard de streams sur Spotify : qui est D4vd, le nouveau prodige de l’indie pop ?

d4vd n’est pas un artiste comme les autres. On peut le situer entre un Frank Ocean et un Steve Lacy, mais sa musique est unique et hybride. À 18 ans seulement, le chanteur américain repéré et signé par le label de Billie Eilish a entièrement composé son premier projet, Petals to Thorns, sur son téléphone, depuis le placard de sa sœur. Et ses premiers succès ne tardent pas : « Here With Me » et « Romantic Homicide » parcourent désormais le monde, en streaming comme en tournée. Adoubé par SZA et rêvant de collaborer avec Drake – à qui il a envoyé un DM au cours de cette interview –, d4vd nous envoûte dès ses débuts. Si un bel avenir l’attend, il vit au présent ; un présent teinté de romantisme, de roses blanches dépourvues de sang, et de gaming : car si d4vd a débuté la musique pour habiller ses streams de ses propres bandes-son, il compte toujours devenir le meilleur joueur de Fortnite au monde, tout en chantant ses amours à plein temps.

Lire la suite

JT : « Je ne peux plus me permettre ni le chaos, ni les dramas »

Après avoir longtemps traîné une réputation de tête brûlée du rap US, JT veut à présent se montrer sous un nouveau jour. Apparue ces derniers mois aux côtés de Nicki Minaj et Kali Uchis, la jeune femme a sorti cet été son premier single solo en quatre ans, « No Bars », suscitant de folles rumeurs sur l’avenir des City Girls — le duo qu’elle forme avec son amie d’enfance Yung Miami depuis 2017. Placée en détention pour fraude en 2018, JT porte aujourd’hui un regard apaisé sur son parcours et aspire à mettre sa notoriété au service de causes utiles. Tout juste entrée dans la trentaine, elle accompagne désormais d’autres ex-détenues vers la réinsertion avec son projet No Bars Reform, file le parfait amour avec Lil Uzi Vert et se dit « plus passionnée que jamais » par sa carrière musicale.

Lire la suite

Newsletter

Soyez le premier informé de toute l'actualité du magazine Antidote.