Amanda Lear est bel et bien une icône (ses clips le prouvent)

Article publié le 11 février 2016

Photo : la pochette de l’album Diamonds for Breakfast d’Amanda Lear, 1980
Texte : Violaine Schütz

Alors qu’elle est à l’affiche d’une pièce politique au Théâtre de la Michodière (Une femme de pouvoir), on s’est remémoré les plus grands tubes de l’ex de Salvador Dali, Brian Jones, Bryan Ferry et David Bowie. C’est d’ailleurs ce dernier qui lui avait conseillé de se lancer dans la musique. Et il faut avouer que le regretté caméléon du rock ne s’était pas trompé. La mannequin-entertaineuse, présentatrice TV-actrice était avant tout une reine d’un disco sensuel qui n’a pas pris une ride.

« Trouble » (1975) / « La Bagarre » (1976)

C’est en 1975 qu’Amanda Lear, grande fan du King, sort son premier single, « Trouble » (une reprise d’Elvis Presley), sur le label anglais Creole Records avant que le titre ne sorte en France sous le titre « La Bagarre » l’année suivante, et hante les clubs. Cette chanson à la ryhtmique vicieuce exprime le côté le plus rock, badass, belliqueux et dangereux d’Amanda. Telle une Bardot sous acide, version cuir SM, elle feule : « Si tu cherches la bagarre, tu es juste à la bonne place. » Et frappe fort. On imaginerait très bien une reprise par les Brigitte…

« Queen Of Chinatow » (1977)

Un hymne disco addictif aux influences exotiques tiré du premier album d’Amanda, I Am a Photograph (une allusion à ses débuts de mannequin), sorti en 1977. Amanda Lear a écrit elle-même les paroles évoquant l’opium. Ce hit des dancefloors qui a atteint à l’époque les sommets des charts européens (et sera même disque d’or au Japon) squatte encore aujourd’hui les playlists des sélectors des lieux où il faut être vu.

« Alphabet » (1977)

Cette balade disco mélancolique révèle le côté « Marianne Faithfull » d’Amanda. Elle y récite son propre alphabet, contre-culturel et subversif pour « les enfants de sa génération ». Extrait : « C stands for claustrophobia and D for dirty old men, and, I for a king size ego, J now stands for jukebox and junkies, R stands for rock and roll, S is sexy and sad, T drives them totally mad. » A ne pas laisser traîner dans les maternelles…

« Follow me » (1978)

Cet extrait de son second album, Sweet Revenge, vendu à deux millions d’exemplaires, est sans doute le plus beau morceau de la reine Lear. Avec sa mélodie entêtante ultra sexuelle, cette odyssée pop-disco enregistrée à Munich et remixée maintes fois a été reprise par Bertrand Burgalat avant de figurer dans la bande-son de Dallas Buyers Club. Un tube sans frontières qui donne envie de suivre la blonde au bout du monde…

« Fashion Pack » (1979)

Dans ce titre remuant extrait de son troisième disque, Never Trust a Pretty Face, Amanda décrit le « fashion pack » dont elle fait partie, qu’on voit « dans les magazines et les limousines » et « qui ne sort qu’à la nuit tombée, au palace et chez Régine ». Et pour couronner le tout, elle l’interprète sur la scène du Studio 54…Une année plus tôt, la chanteuse donnait déjà un concert survolté au palace devant une foule compacte de 3000 personnes extasiées.

« Diamonds » (1980)

Avec ce single tiré du quatrième album de la diva (Diamonds for Breakfast), on est loin du « Diamonds Are a Girl’s Best Friend » de Marilyn Monroe dont la chanson s’inspire, mais proche des délires bizarroïdes du groupe Devo. Tel un robot au chant saccadé, Lear assure dans le registre disco-pop barré. Sur la pochette de l’album, on peut lire : « Pour moi, chaque larme, chaque frustration, chaque chagrin d’amour est un diamant précieux qui persiste dans mon esprit. Bonnes et mauvaises expériences, le plaisir et la douleur, sont la richesse dont je suis fier. Je plains les gens sans sentiments, ils n’ont pas de diamants pour le petit-déjeuner. » Une philosophie de vie…

« Blood and honey » (1976)

Avant Glass Candy et le label Italians Do it Better, il y avait Amanda. Ce premier tube disco de la reine du dancefloor démontre qu’elle n’avait rien à envier à Donna Summer et Diana Ross.

« The Lady in Black » (1977)

Quelque par entre Sheila, Boney M et Dalida, Amanda séduit avec face B rapide, efficace et dangereusement sexy qui parle de « lady in black » qui brise le cœur des hommes à jamais avant de disparaître mystérieusement. Toujours se méfier des filles qui s’habillent en noir…

« The Sphinx » (1978)

Dans cette chanson synthétique calme et assez triste proche musicalement d’un Giorgio Moroder sous Xanax, Amanda prouve qu’elle sait chanter (et non seulement parler) et envoûter l’auditoire. Son imitation visuelle d’un érotisme dingue de Marlene Dietrich ne gâche rien à l’affaire.

« Tomorrow » (1977)

Ce single tiré d’Im a Photograph met en lumière la face la plus séductrice de celle qui fut l’amante de quelque uns des plus grands artistes de ce siècle. Quand sa voix suave nous propose « un rendez-vous demain », on comprend Bowie et Ferry. Mais ce hit entraînant permet aussi de saisir pourquoi en 1981, Amanda avait déjà vendu près de 20 millions de disques.

Bonus track : Amanda Lear et David Bowie – Sorrow (1973)

Elle disait de lui qu’il était bon amant mais pas du tout son genre et qu’il se maquillait encore plus qu’elle, mais ensemble, ces deux génies de l’ambiguïté (surnommée à ses débuts « la transexuelle de Transylvalnie ») faisaient des étincelles. La preuve en images avec ce Ziggy au sommet de son art, et une Amanda en vamp gothique plus troublante que jamais.

Amanda Lear sur la pochette de l’album de Roxy Music For Your Pleasure, 1973.

Amanda Lear – Queen of china town, 1977.

[ess_grid alias= »antidote »]

Les plus lus

Rencontre avec le DJ croate Only Fire, avant la sortie de son nouvel EP « Moana Lisa »

Avec leurs voix robotiques clamant des paroles salaces sur des beats entêtants, les titres du jeune DJ croate Only Fire se sont rapidement imposés sur la scène électro internationale, de Paris à Berlin, où il vit aujourd’hui, en passant par New York et Zagreb, où il a grandi. Après avoir mixé lors d’une Antidote Party en juillet 2023, où il instantanément fait grimper la température, le jeune DJ de 24 ans revient ce vendredi 1er mars avec « Blowjob Queen », un single annonçant la sortie de « Moana Lisa », un nouvel EP au titre tout aussi kinky, disponible en pré-commande avant sa sortie à la fin du mois. Rencontre.

Lire la suite

Les métamorphoses de Sevdaliza

Chanteuse avant-gardiste comptant trois albums à son actif, Sevdaliza explore désormais de nouveaux territoires esthétiques à travers des singles qu’elle sort au compte-gouttes, en multipliant les métamorphoses physiques au passage. À travers cet entretien, l’artiste d’origine iranienne de 36 ans, installée aux Pays-Bas, revient sur l’importance que la communauté queer a joué sur la construction de son identité, sur la difficile acceptation de sa singularité, sur sa fascination pour les nouvelles technologies ou encore sur l’influence de son expérience de la maternité sur sa vision du monde.

Lire la suite

La mélo de Gazo et Tiakola est gangx, et leur alchimie parfaite

Les deux rappeurs, parmi les plus populaires du moment en France, ont sorti un album commun qui fait des étincelles dans un monde froid : La Mélo est Gangx. Après plusieurs collaborations à succès et des carrières solo déjà bien remplies, Gazo et Tiako fusionnent leurs univers pour aboutir à une alchimie évidente mais innovante. De leurs premiers pas en studio au sommet des charts, on a discuté (et beaucoup rigolé) avec deux bosseurs passionnés, qui allient aujourd’hui leurs forces au profit de la culture… à travers la leur.

Lire la suite

Plus d’un milliard de streams sur Spotify : qui est D4vd, le nouveau prodige de l’indie pop ?

d4vd n’est pas un artiste comme les autres. On peut le situer entre un Frank Ocean et un Steve Lacy, mais sa musique est unique et hybride. À 18 ans seulement, le chanteur américain repéré et signé par le label de Billie Eilish a entièrement composé son premier projet, Petals to Thorns, sur son téléphone, depuis le placard de sa sœur. Et ses premiers succès ne tardent pas : « Here With Me » et « Romantic Homicide » parcourent désormais le monde, en streaming comme en tournée. Adoubé par SZA et rêvant de collaborer avec Drake – à qui il a envoyé un DM au cours de cette interview –, d4vd nous envoûte dès ses débuts. Si un bel avenir l’attend, il vit au présent ; un présent teinté de romantisme, de roses blanches dépourvues de sang, et de gaming : car si d4vd a débuté la musique pour habiller ses streams de ses propres bandes-son, il compte toujours devenir le meilleur joueur de Fortnite au monde, tout en chantant ses amours à plein temps.

Lire la suite

JT : « Je ne peux plus me permettre ni le chaos, ni les dramas »

Après avoir longtemps traîné une réputation de tête brûlée du rap US, JT veut à présent se montrer sous un nouveau jour. Apparue ces derniers mois aux côtés de Nicki Minaj et Kali Uchis, la jeune femme a sorti cet été son premier single solo en quatre ans, « No Bars », suscitant de folles rumeurs sur l’avenir des City Girls — le duo qu’elle forme avec son amie d’enfance Yung Miami depuis 2017. Placée en détention pour fraude en 2018, JT porte aujourd’hui un regard apaisé sur son parcours et aspire à mettre sa notoriété au service de causes utiles. Tout juste entrée dans la trentaine, elle accompagne désormais d’autres ex-détenues vers la réinsertion avec son projet No Bars Reform, file le parfait amour avec Lil Uzi Vert et se dit « plus passionnée que jamais » par sa carrière musicale.

Lire la suite

Newsletter

Soyez le premier informé de toute l'actualité du magazine Antidote.