« Maybe on the moon »
Musique : AaRON – Simon Buret & Olivier Coursier
Réalisation : Yann Weber
Production : Paul Karam & Aurore Forgeard @Rouchon Paris,
Chef opérateur / Etalonneur : Nicolas Vazquez, 1er Assistant caméra : Cédric Autier, Electro : Johanna Eclancher & Florian Samelson,
Montage & Retouche : Antoine Ravache,
Styliste : Charlotte Toffin, Coordination Artistique : Julie Anthoine,
Remerciements: Studio Rouchon
Texte : Edouard Risselet
Le tandem AaRON a donné carte blanche à Antidote pour la réalisation de son nouveau clip « Maybe On The Moon ». Simon Buret et Olivier Coursier, dont la tournée de l’album « We Cut The Night » bat son plein, se confient sur leurs inspirations, leur vision de la musique et l’évolution du business. Rencontre avec un duo accompli.
ANTIDOTE : Qu’est-ce qui a changé sur ce nouvel album ?
AaRON : C’est la première fois que l’on fait tout dans un studio. Ce qui change la donne, parce que c’est un espace dédié à la musique. Avant de commencer, on a pris 2 ans pour voyager : au Maroc, en Islande, aux États-Unis,… On le sent dans les paroles, dans l’espace, dans la notion de silence. La notion de solitude n’est pas désagréable, de liberté extrême, par les paysages radicaux et souvent pas encore explorés par l’homme. Des endroits où on se sent vivants.
ANTIDOTE : Quelles en sont les inspirations ?
AaRON : De manière générale, on a eu plus d’influence visuelle que d’inspirations sonores. Un artiste Bill Viola, aussi Jim Jarmusch et son dernier film Only Lovers Left Alive qui parle d’absolu et de comment gérer l’éternité, c’est intéressant de transcrire ça. Mais par dessus-tout, l’inspiration, c’est d’abord la vie au quotidien et ce qui nous traverse. On veut traduire les sensations, parler de ce qui nous touche. On aime faire des chansons qui déclenchent chez l’auditeur la sensation qu’il désire, on ne veut surtout pas lui imposer une émotion, on aime poser des choses et les laisser respirer dans l’oreille de l’auditeur.
ANTIDOTE : Pourquoi s’être associé à Antidote pour la réalisation de Maybe on The Moon ?
AaRON : Yann Weber avait une vision intéressante, il avait été touché par l’album. Il nous a apporté tout un moodboard, avec des sensations déclenchées chez lui et qui correspondaient tellement à un truc nouveau, en termes de volonté de faire, ce n’était pas de la mode pure. Il voulait mettre la sensation au premier plan. C’était une première pour lui, on aimait l’idée qu’il n’ait jamais fait ça avant. On aime mettre en lumière le miroir exact de la musique que l’on est en train de faire et il a su reproduire notre musique en images. Ça nous excite beaucoup de créer autour des chansons, le terrain de jeu est immense.
ANTIDOTE : Votre tournée continue, avez-vous toujours le même entrain au début de chaque concert ?
AaRON : Être en tournée n’est pas forcément simple. Mais c’est toujours hallucinant et génial de voir qu’on fait un album à deux et que les gens sont au rendez-vous. On est restés un an en studio, on a envie de voir ce que va devenir notre production, on veut la partager.
Notre tournée a commencé en avril à Istanbul. On a la chance de pouvoir voyager avec notre musique et on voulait se faire un gros plaisir de lancement. C’est une ville ultra-complexe et on voulait aussi se remettre en danger pour débuter. Au Moyen-Orient, la Turquie et l’Iran sont très réceptifs à notre musique. Les gens là-bas sont très basés sur les textes et c’est très agréable. Ils sont aussi très curieux musicalement. Malgré tout, on n’a pas spécialement de pays préféré pour jouer.
On en est environ à une cinquantaine de dates, on revient du Canada, et là on part à la Réunion. L’énergie est très différente selon les endroits. Le plus important pour nous, c’est que ça change. On aime autant les salles de 500 à 2000 personnes que les festivals où tu joues devant 15000.
ANTIDOTE : Comment ont évolué les fans 8 ans après le premier album ?
AaRON : Depuis le début, ça a toujours été assez large. On a beaucoup de personnes très jeunes puis des personnes plus âgées. On n’est pas un boys’ band et on ne veut surtout pas se dire que les gens vieillissent avec nous, ça voudrait dire qu’on est bloqué dans le passé.
ANTIDOTE : Avez-vous subi l’évolution du business de la musique, bien moins rentable aujourd’hui ?
AaRON : On a beaucoup de chance, objectivement. Aujourd’hui, tout se consomme très vite et on a l’impression que la nouveauté prime sur tout. Ça fait 8 ans et on a sorti que trois albums mais le public est toujours là. On a de la chance aussi parce qu’étonnamment, on continue de vendre des albums, les gens restent attachés à l’aspect physique du disque. Puis il y a les deux extrêmes, notre musique s’écoute en streaming, mais les gens achètent aussi nos vinyles, c’est un peu fou.
ANTIDOTE : Avez-vous des attentes différentes avec ce nouvel album?
AaRON : On apprécie d’autant plus que ça continue. Quand c’est arrivé, on n’avait rien demandé à personne. On n’a pas eu le temps de pleurer dans notre cave pendant 10 ans parce que personne ne nous écoutait. On profite aujourd’hui de voir ce qu’est un rapport qui dure. C’est encore plus beau aujourd’hui.
ANTIDOTE : Avez-vous le sentiment que tout le monde vous attend encore sur U-Turn (Lili) ?
AaRON : On a eu le doute en France pendant les 6 mois après la sortie du premier album et la sortie du film (Je vais bien, ne t’en fais pas, dont U-Turn (Lili) est la bande-son). Ça a été une bonne porte d’entrée, ça nous a mis en lumière. Quand tu commences avec une chanson, on se demande si tu vas être capable de transformer ce succès et le pérenniser. Mais aujourd’hui, le public connaît nos autres morceaux et ne nous associe pas exclusivement à celui-ci.
ANTIDOTE : Quel est votre secret pour rester cool ?
AaRON : Pour être dans le coup, il ne faut surtout pas vouloir… être dans le coup ! Il faut rester curieux. Il y a toujours des nouvelles choses à apprendre à faire, il y a des nouveaux trucs à chercher. Il faut t’écouter, et ne pas avoir peur d’être différent. Si tu le fais avec le cœur, il y a toujours quelqu’un qui se retrouvera dans ce que tu proposes. On a toujours voulu mettre la musique en avant. On ne veut pas parler si on a rien à dire. La musique lie pas mal les gens et c’est important de rester fidèle à soi-même.