L’Organisation Mondiale de la Santé vient officiellement de retirer la transidentité de la liste des « troubles mentaux et du comportement ».
Samedi 25 mai dernier, l’Organisation Mondiale de la Santé (rattachée à l’ONU) a voté l’adoption d’une nouvelle classification internationale des maladies, la CIM, dans laquelle la transidentité ne figure plus dans la liste des maladies mentales. Rendue publique le 18 juin 2018, il aura fallu près d’un an à l’Assemblée mondiale de la santé pour valider cette onzième version du texte – qui n’avait pas été révisé depuis le début des années 90.
Ce vote constitue une avancée dans la lutte contre la transphobie : dans la catégorisation précédente, la transidentité relevait en effet toujours, selon l’OMS, des « troubles mentaux et du comportement ». Déplacée dans le chapitre « Santé sexuelle » sous l’appellation « incongruence de genre », la transidentité n’est désormais plus considérée comme une pathologie. Cependant, plusieurs associations luttant contre la stigmatisation des personnes qui s’identifient à un autre genre que celui qui leur a été assigné à la naissance dénoncent cette nouvelle catégorisation, et le vocabulaire employé par l’OMS. Car le terme « incongruence », qui suggère l’idée d’une anomalie et définit la transidentité par rapport à une norme, paraît toujours discriminant. De plus, la transidentité ne peut se résumer qu’à une question de sexualité.
Mais c’est surtout l’introduction d’une nouveauté concernant les enfants trans pré-pubertaire qui est rejetée par les associations, qui dénoncent également l’utilisation du terme « diagnostic ». En effet, la CIM-11 déclare désormais que, chez les enfants, « l’incongruence de genre doit persister pendant environ 2 ans » pour être reconnue et que « le comportement déviant de genre et les préférences seules ne sont pas une base suffisante pour déterminer un diagnostic. » Une déclaration qui prolonge l’attente et sous-entend que l’identité de genre ne peut être autodéterminée chez les plus jeunes.
Si la France avait fait figure de pionnière en étant le premier pays au monde à retirer la transidentité de la liste des maladies psychiatriques en 2010, près d’une décennie plus tard, cette nouvelle avancée mondiale n’est donc que partielle. Par ailleurs, si les personnes trans ne seront plus considérées comme atteintes de trouble mentaux, l’intersexuation est désormais qualifiée de « trouble du développement sexuel ». Une décision qui va à l’encontre des revendications des associations qui luttent pour mettre fin aux interventions chirurgicales et traitements hormonaux non consentis.