Les photographes Fora Norman et Aysegul Demirhan se sont rendus à Ocakli, près de la frontière Arménienne, alors que le gouvernement turc tente de chasser les locaux pour convertir les ruines environnantes en site touristique. Ils rapportent un témoignage visuel et écrit de leur voyage pour Antidote.
Fora Norman. Ocakli est un village situé dans la province de Kars, en Turquie, près de la frontière arménienne, où se trouvent les ruines d’une ville arménienne anciennement appelée Ani (que la Turquie a proposé d’intégrer au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2015). En plus de prendre soin du lieu, les résidents, installés à Ani, l’ancienne capitale du royaume arménien des Bagratides (961-1045), doivent mener plusieurs luttes. Le gouvernement turc a pour ambition d’évacuer le village afin de le transformer en un repaire touristique, la région étant présentée comme un site archéologique.
Mais le gouvernement est-il davantage motivé par la mise en avant d’une ruine médiévale dans la ville, ou par la possibilité qu’elle offre d’implanter cafés, restaurants, et autres commodités touristiques dans ses environs. Le phénomène d’urbanisation, qui a émergé en Occident à la fin du 19ème siècle, entraîne une modernisation des lieux anciens, traduisant en filigrane un contrôle politique hégémonique. Contraints de suivre cette marche forcée, nous serions en mesure de réclamer une compensation puisque nous nous verrions obligés de renoncer à nos droits, nos terres, ou nos libertés individuelles.
Mais la situation d’Ani est loin d’être simple : cette ville, à la position géopolitique complexe, est une destination de pèlerinage sacré pour beaucoup d’Arméniens, protégée par des Turcs, mais n’est pas conservée comme il le faudrait et tombe peu à peu en ruines. Personne ne semble pour autant se soucier de son état avancé de délabrement. Les locaux sont, quant à eux, forcés de mener une lutte quotidienne contre les coupures d’eau incessantes dans le village, visant à les faire partir. En dépit de leurs nombreux recours et plaintes à ce sujet, leurs tentatives restent vaines, et eux-mêmes invisibles aux yeux d’une classe qui les domine.
Le changement et le développement sont indissociables de nos sociétés modernes et nous ne sommes pas ici en train de le condamner. Nous ne pouvons cependant pas l’envisager au détriment d’Ani, un endroit unique dans le monde où Turcs et Kurdes vivent en paix près de l’Arménie. En dépit des nombreuses tentatives des médias turcs partisans qui cherchent à exacerber les tensions entre les différentes populations et minorités en les déclarant ennemies, les locaux d’Ani continuent de vivre en harmonie.
Ocakli est un village situé dans la province de Kars, en Turquie, près de la frontière arménienne, où se trouvent les ruines d’une ville arménienne anciennement appelée Ani (que la Turquie a proposé d’intégrer au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2015.) En plus de prendre soin du lieu, les locaux installés à Ani, l’ancienne capitale du royaume arménien des Bagratides (961-1045), doivent mener plusieurs luttes. Le gouvernement turc veut évacuer tout le village afin de lancer un business touristique, en présentant la région comme un site archéologique.
Or la question qui se pose ici, c’est si l’essentiel est d’avoir une ruine médiévale dans la ville, ou la possibilité qu’elle offre d’implanter des cafés, des restaurants, et autres commodités touristiques dans ses environs. Le phénomène d’urbanisation, qui a émergé en Occident à la fin du 19ème siècle, entraîne une modernisation des lieux anciens. Ce processus trahit un contrôle politique hégémonique qui peut provoquer un sentiment de malaise. Suite à cette marche forcée, nous devrions pouvoir attendre un bénéfice commun, qui nous serait rétribué si nous nous retrouvons obligés de renoncer à nos droits, nos terres, ou nos libertés individuelles.
Mais la situation d’Ani est assez déprimante : cette ville est une destination de pèlerinage sacré pour beaucoup d’Arméniens, protégée par des Turcs, mais elle n’est pas conservée correctement et tombe en ruines. Or qui se soucie de ce délabrement ? Apparemment, personne. Et les locaux sont obligés de mener une lutte quotidienne contre les coupures d’eau incessantes dans le village, visant à les faire partir. Bien qu’il se soient exprimés sur le sujet à de nombreuses reprises, et se soient plaints, ils restent invisibles aux yeux de la classe dominante.
Le changement et le développement sont inévitables dans nos sociétés modernes, mais nous savons qu’il y a un endroit quelque part dans le monde où Turcs et Kurdes vivent en paix près de l’Arménie. Bien que les médias turcs partisans cherchent à exacerber les tensions entre les différentes populations et minorités, en déclarant qu’elles sont ennemies, les locaux d’Ani vivent en harmonie.