Il est toujours extrêmement gratifiant de voir quelqu’un qui a fait ses classes auprès des meilleurs enfin arriver au sommet de leur art. Et ça l’est encore plus quand cette personne est quelqu’un de bien.

Telle est la situation de Julie de Libran, nommée directrice de Sonia Rykiel en 2014. Après deux décennies passées à œuvrer dans l’ombre de grands noms, qu’ils s’appellent Marc Jacobs, Prada, Versace ou Gianfranco Ferré, Julie de Libran a acquis un vrai capital sympathie auprès des journalistes et stylistes pour ses créations féminines chez Rykiel.

Loin d’être une diva, c’est une mère avec un boulot exigeant, un mari bel homme et une duo de chats. En quelques saisons, de Libran a revitalisé la marque Rykiel et l’a remise à sa place dans le vestiaire de la femme contemporaine. « Je me sens vraiment bien, » dit-elle lors d’un dîner chez Ralph’s à Paris, à deux pas de son bureau sur le mythique boulevard Saint Germain. « J’ai commencé, petit à petit, à créer une identité et à définir les choses que je voudrais reconduire chaque saison. A véritablement construire une silhouette. Et je découvre quelles sont les pièces qui participent de cette réinvention tout en rassurant les clientes. Les pièces sur lesquelles elles peuvent compter. »

Et déjà, les nouveaux tweeds Rykiel doux comme de la maille sont un succès, tout comme les pièces en crêpe de satin qu’elle reconduit dans de nouvelles couleurs à chaque saison. La directrice artistique aime également ajouter une certaine proportion de denim à ses propositions. « J’aime la détente qu’il apporte à un propos, » dit-elle de ses créations aux allures seventies. Et n’oublions pas les sequins pour le soir. Leur sophistication a joué un rôle prépondérant dans cette nouvelle vision de la maison.

« Il s’agit de concevoir des pièces pour une femme contemporaine, la femme d’aujourd’hui » explique-t-elle en rappelant son enfance aux États-Unis et ses années de travail en Italie qui ont aiguisé sa perception unique d’un contraste facile. « J’aime équilibrer des contraires. Si vous portez quelque chose de très structuré en haut, alors plus de liberté pour le bas. J’aime les pièces qui s’accordent avec le mode de vie et où masculin et féminin cohabitent de manière souple et subtile. »

La meilleure manière d’appréhender la vision et l’esthétique de Julie de Libran est de la suivre sur Instagram. A la base, et de son propre aveu néophyte du digital, elle a découvert la plateforme grâce à son frère et l’a utilisée en premier lieu pour garder contact avec sa famille éparpillée aux quatre coins du globe. « J’aime qu’il n’y ait pas besoin de dire grand-chose, » avoue-t-elle, désormais complètement accro au site. « J’ose » ajoute-t-elle en riant. « Je me fais rire toute seule. Je m’amuse vraiment avec. »

En faisant le bilan de ses expériences passées, de Libran énumère avec affection l’influence profonde qu’ils ont eu sur elle. « Ils m’ont tous beaucoup appris, » explique-t-elle. De l’amour architectural du patronage de Gianfranco Ferré à l’esprit d’entreprise de Muccia Prada, de l’exploration du « qu’aime-t-on aujourd’hui, qu’est ce qui est beau » de Gianni Versace à la fascination de Marc Jacobs pour le savoir-faire, le détail, et son sens du spectacle. « Nous avons créé des défilés incroyables et à chaque fois, il s’agissait de créer quelque chose d’étonnant. C’était très amusant et beaucoup de travail,» se rappelle-t-elle.

Maintenant, enfin, c’est au tour de Julie de Libran d’être une inspiration.