Photographe : Maxime Vigato – Styliste : Pauline Collet – Interview : Jessica Michault
Depuis sa nomination chez Loewe en septembre 2013, J.W. Anderson est plus que jamais sous le feu des projecteurs. S’il a su faire renouer la maison avec ses codes d’origine, il ne néglige pas pour autant sa propre marque avant-gardiste et expérimentale, à son image. Nous avons photographié la collection croisière 2016 de J.W. Anderson en exclusivité pour le site d’Antidote. Retrouvez également sous les photos notre interview du designer irlandais.
Photographe : Maxime Vigato – Mannequin : Julia Leineweber – Styliste : Pauline Collet
Hair : Michaël Delmas – Make up : David Lenhardt – Assistant photographe : Bruno Claire
Comment séparez-vous ce que vous faites chez Loewe de ce que vous faites pour votre marque J.W. Anderson ?
J’ai deux équipes dans deux pays et je suis moi-même assez surpris de voir combien nous avons séparé les deux cette saison. JW Anderson essaie d’aller toujours plus loin dans la mode, parce que c’est fondamentalement moi alors que Loewe est un autre type de femme, plus organique. La femme J.W. Anderson est plus raide. J’aime la bipolarité de cette situation.
Quel est votre processus créatif ?
Je pense que j’ai une façon de travailler qui est « collaborative », j’aime avoir beaucoup de gens autour de moi. C’est très orienté sur l’image, je prends des images de références ou de pièces vintage que je trouve je mets tout ensemble pour ensuite esquisser la collection en une journée. Nous faisons ensuite des essais sur une fille et nous choisissons toutes les matières. On mélange tout et on fait le stylisme en même temps. C’est très rapide !
Avez-vous toujours travaillé comme ça ?
Mes perspectives sur la mode ont changé. Avant j’étais très maniaque très concentré sur l’ idée de possession. Quand LVMH est intervenu et que j’ai commencé à faire les deux marques je faisais beaucoup de recherches sur les archives Loewe et je me suis rendu compte qu’on ne possède rien.
Vous intéressez-vous aux chiffres de vente ?
J’ai fait beaucoup de travail stratégique. Je pense que chaque magasin doit en savoir un maximum sur les clients. Leur âge, ce qu’ils achètent, où ils ont vu les pièces, combien ils en ont acheté… tout ! Je reçois ceci chaque matin à 8h00 et c’est comme une drogue. C’est nouveau pour moi de penser comme ça, mais c’est assez libérateur car il n’y a rien de plus excitant que quelqu’un qui achète quelque chose. Cela n’a rien à voir avec l’argent, je suis plus intéressé par les ventes en elles-mêmes, les pièces qui partent.
Votre avis sur le milieu de la mode ?
Nous vivons dans une époque où tout est extrêmement rapide, où l’ennui est un tueur. Je dois sans cesse chercher des moyens de renouveler ou de décomposer mes créations car tout est photographié maintes et maintes fois, publié, republié encore et encore et au moment où tu as enfin terminé, le monde s’en lasse en une semaine.