Photos : François Goizé
Texte : Laurence Vély
Des années de fréquentation de nuits parisiennes ont donné l’envie à ce photographe de compiler dans un livre ses plus belles photos de stars et de mondains.
Le bon photographe de soirée est une espèce rare. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit pas juste de savoir prendre des photos correctes et d’aimer travailler jusqu’à pas d’heure. Un bon photographe de soirée doit certes prendre de belles photos. Mais il doit surtout savoir inciter les gens, connus, simplement mondains – ou pire – wanna be mondains – à se lâcher devant son appareil, à convier leurs amis à prendre la pose avec lui, à accepter de prendre une minute, ou trois s’ils sont saouls, pour épeler leur nom.
Il doit aussi, et ne croyez pas que c’est plus facile, savoir quand ne pas les prendre, car ses modèles ne sont pas assez connus, pas assez cool, ou pire, pas assez beaux. Somme toute, le photojournaliste mondain doit avoir assez de connaissance du milieu de la nuit pour en reconnaître les acteurs par coeur et assez de distance pour ne pas être fasciné par on sujet – ou ses sujets. Son skill principal sera une sorte de radar du cool super sensible qui décelera, au milieu des quinze soirées quotidiennes en période de défilés, à laquelle il faudra impérativement se rendre. Pour cela, il ne pourra compter que sur des rumeurs, des bruits de couloirs de magazines, des pisteurs…
A la manière d’un journaliste de guerre, un photojournaliste a un réseau d’infiltrés partout dans la ville. Il doit être flexible, savoir partir au quart de tour d’un événement décevant, pour se déployer d’urgence dans un autre lieu. En plus de tous ces talents non énumérés sur des fiches Studyrama, il doit évidemment être agréable à regarder, être doté d’une mémoire visuelle hors du commun et ne pas faire de fautes d’orthographe dans les noms. Ensuite, il lui est conseillé d’être insomniaque ou un peu masochiste, car à l’heure du tout digital, les photos doivent être publiées de préférence avant-hier au plus tard.
François Goizé fait donc partie de cette poignée de photographes parisiens réunissant toutes ces compétences et le plus important : l’envie sincère d’arpenter les nuits parisiennes pour en recueillir la sève.
On night on the town in Paris, auto édité, compile plusieurs années de photoreportage, pour les magazines digitaux Women Wear daily, Style.com et surtout Vanityfair.fr. « La plupart de ces photos ont été exploitées pour le web, dans l’urgence, et très vite noyées dans un flot d’informations et de consommation d’images à outrance. Je voulais leur redonner un sens photographique pur en les publiant. Que l’on prenne enfin le temps de les regarder, de comprendre ce qu’elles racontent » explique François Goize. Au final, ce livre, à la manière d’un Paparazzi de Ron Gallela, remplit sa mission. Il rend compte, en noir et blanc, des années 2010, à Paris, dans des soirées où voir est aussi important qu’être vu.
A la question qui nous brûle les lèvres, François Goize répondra placidement : « Oh oui, ça peut arriver que certaines soirées deviennent sympa, dérapent un peu. En général, c’est plutôt calme».
A night on the town in Paris
En vente chez colette
Signature le 26 janvier 2016 à 18H00