Photographe : Tod Papageorge
Texte : Sophie Rosemont
54 pour le 254, ouest de la 54e rue de New York. Le Studio 54 a eu le droit à son film (réalisé par Mark Christopher en 1999), à ses nombreux récits de fêtes au-delà du réel et à une nostalgie jamais dissipée. Cette fois-ci, elle a le droit à son (beau) livre, de photographies. 66 au total, montrant à quel point le club fut légendaire à plus d’un titre. Et ce dès son ouverture, le 22 avril 1977. On y dansait tout en s’adonnant aux plus délicieux vices auxquels succombent habituellement les faibles êtres humains. À sa tête, les fringants trentenaires Steve Rubell et Ian Schrager, businessmen avisés, et, concernant le premier, fêtard invétéré. Côté bande sonore, le disco brûlant de Giorgio Moroder et de Donna Summer. Dresscode : aucun, si ce n’est qu’il faut être beau, ou du moins sexy. D’Andy Wahrol à Mick Jagger en passant par Calvin Klein et Debbie Harry, les stars se battent, elles aussi, pour y rentrer. Dès 1978, le Studio 54 est cependant soumis à des contrôles judiciaires : trop de succès, trop d’argent, trop de sexe et trop de drogues. Tant et si bien que ses gérants écopent de 13 mois de prison et se voient contraints de fermer le club. Le 4 février 1980, Steve Rubell organise une dernière fête au Studio 54, « The End of Modern-Day Gomorrah ». Explicite ! Si le club rouvre quelques temps plus tard, il ne retrouve jamais la fièvre de ces années cultes, de 1978 à 1980, que Tod Papageorge, observateur heureusement muni d’un appareil photo, a su immortaliser. Pas de poses, mais un glamour qui, parfois éreinté en fin de soirée, ne perd pas son irrévérence. À découvrir pour imaginer, à défaut de vivre, ce que le mot fête voulait dire.