A l’heure où l’on entend souvent que les agapes, « c’était mieux avant », du temps du Palace ou du Studio 54, ce livre écrit par un Prince dépeint une certaine idée de la soirée idéale en nous replongeant dans les nuits mythiques du passé. Son prix atteignant les 2000 euros sur le web, on vous laisse imaginer combien l’objet (et le concept de bacchanale mémorable) est devenu culte.
Le « about last night » d’Instagram possède son maître étalon. Il s’agit d’un grand et beau livre papier, édité en 1987, qui recense les meilleures bacchanales s’étant déroulées en France. Son auteur, le Prince Jean-Louis De Faucigny-Lucinge, héritier d’une famille qui dirigeait au XIeme siècle la baronnie de la Province de Faucigny en Savoie, faisait de la politique et des affaires avant de publier cet ouvrage. Il y a compilé des photographies légendées des plus belles fêtes de 1922 à 1972 auxquelles il a participé ou qu’il a lui-même données. Pendant l’entre-deux-guerres, le couple qu’il formait avec Baba, sa femme mannequin, considérée comme l’une des plus belles femmes de son temps, a en effet organisé des soirées à thème fastueuses littéraires ou mythologiques dans son hôtel particulier de l’avenue Charles-Floquet, décoré par des artistes comme José Maria Sert.
Les deux amoureux étaient également les mécènes de Salvador Dali et des proches de Man Ray. Dans Legendary Parties, on est ébloui par les photographies de Cecil Beaton et les reproductions de dessins de Picasso et d’Yves Saint Laurent. On s’extasie aussi sur les décors sublimes, les étranges costumes, les beautés oubliées et les personnalités flamboyantes de l’époque. Comme Jane Birkin et Serge Gainsbourg, ultra chic dans des vêtements quasi aristocratiques, Audrey Hepburn très bijoutée ainsi que le baron et la baronesse de Rothschild au grandiloquent bal illuminati Surrealist Ball tenu par ses derniers en 1972.
Si l’ouvrage reste hors de portée par son prix oscillant entre 500 et 2000 euros, sur ebay et amazon, on peut en tirer des leçons qui épiceront le carnet de bal de 2016. Les ingrédients d’une soirée réussie ? Le sens du déguisement extravagant, qui s’est un peu perdu dans nos habitudes normcore et le gender fluid, le port du masque pour tout se permettre en demeurant anonyme, le soin du détail et le goût du bizarre (décorer son appartement et sa table avec des mannequins en plastique et des objets d’art incongrus). On aime particulièrement cette soirée à thème dédiée à Proust et à sa recherche du temps perdu, donnée par l’auteur du livre lui-même et sa femme Baba, qui se termine à 6 heures du matin sous la tour Eiffel. Une aventure qui n’a pas de prix…