L’irrésistible ascension de Vanessa Seward

Article publié le 1 avril 2016

Texte : Jessica Michault
Photos : Nicolas Kuttler

Le vestiaire chic et intemporel de la créatrice de mode fait le bonheur d’une clientèle aussi pointue qu’exigeante. En pleine expansion grâce au soutien de Jean Touitou, le label éponyme de Vanessa Seward, dont la dernière boutique vient d’ouvrir dans le Haut Marais, prépare son arrivée à Los Angeles. Rencontre avec une femme française.

La créatrice Vanessa Seward est l’une de ces femmes françaises impeccables, dont l’élégance ne fait jamais défaut. Chic, sophistiquée et urbaine, Seward – dans la même veine qu’Inès de la Fressange, Garance Doré ou Jeanne Damas, a ce petit « je ne sais quoi » inné, un sens du style pour lequel des milliers de femmes autour du monde seraient prêtes à tuer. Ce petit supplément d’âme joue actuellement en la faveur de la créatrice : Vanessa Seward poursuit un programme d’un an d’ouvertures de boutiques en nom propre à Paris et aux Etats-Unis. La plus récente d’entre elles a accueilli ses clientes impatientes dès février au 7 boulevard des Filles du Calvaire, dans le 3e arrondissement de Paris. Le projet d’un premier point de vente outre-Atlantique devrait voir le jour à Los Angeles cet été, puis celui d’une troisième boutique sur la rive gauche parisienne à l’automne.

« Maintenant, je ne crée plus que pour moi », raconte Vanessa Seward, émue, lors de la visite de sa nouvelle boutique qu’elle présente comme sa maison à des invités. Et il est vrai qu’en évoluant dans l’espace – raffiné mélange de marbre au sol, de bleu marine et bois au mur et de détails en métal doré -, on a plus le sentiment de se trouver dans un appartement français que dans une boutique de vêtement. L’effet est volontaire.

C’est d’ailleurs le brief qu’a reçu l’agence d’architecture Laurent Deroo quand Vanessa Seward a commencé à réflechir à la façon dont elle envisageait la connexion entre magasin et clients. Elle souhaitait que les acheteurs aient l’impression de pénétrer dans son monde. « On voulait que ce soit moins boutique, différent de la boutique classique », explique-t-elle en pointant du doigt une installation centrale dotée de sièges pour ses invités. Elle l’a dessinée de façon à ce que ses clientes puissent se reposer, discuter entre copines entre deux essayages d’un trench parfaitement coupé ou d’une délicate robe en soie imprimée de cœurs.

Seward est bien connue des cercles internes de la mode. Elle a étudié au prestigieux Studio Berçot avant de rejoindre Chanel pour près d’une décennie. Puis un bref passage de deux années auprès de Tom Ford chez Yves Saint Laurent avant de se voir confier la relance de la marque Loris Azzaro. En 2014, elle a finalement conclu qu’il était temps pour elle d’afficher son propre nom sur la devanture des vitrines. Le passage d’une étape rendu possible par l’investissement de la marque A.P.C. et de son fondateur Jean Touitou.

Le businessman a décidé d’épauler Seward après le succès commercial de ses cinq collections capsule conçues pour A.P.C. dont l’arrivée en boutique remonte à 2012. « Je suis tellement reconnaissante de pouvoir bénéficier du savoir-faire d’A.P.C. et du soutien de Jean Touitou qui me permettent d’avancer dans les meilleures conditions possibles. Je n’aurais pu rêver mieux », déclarait Vanessa Seward à l’annonce du partenariat.

Quand la nouvelle du soutien d’A.P.C. dans le développement du label éponyme de Seward est tombée, Touitou a affirmé que l’auteure de ce nouveau vestiaire chic et français était capable de créer un « luxe raisonnable ». Un positionnement paradoxalement rare dans la mode, alors qu’on sait que la majorité des femmes modernes demande ce type de luxe discret. Vanessa Seward l’a, elle, implicitement intégré – ce besoin de vêtements bien coupés, fabriqués avec des matières de première qualité et respectueux de l’environnement qui justifient un certain investissement. « Pour moi, ce sont des pièces que l’on peut facilement intégrer à sa garde-robe. Ça n’est pas conservateur, mais ça reste classique quand même », déclare la créatrice en attrapant un trench à riche motif géométrique bleu en lamé, dont la lumière du jour qui traverse les vitrines de sa boutique révèle l’éclat.

Ses pièces chic et timeless ont fait la réputation de Seward mais c’est son récent développement de pièces plus ludiques qui a attiré dans sa boutique de nouvelles clientes. Ses pantalons taille haute en denim à l’allure seventies, personnalisables avec le nom de l’acquéreur brodé de fil doré sur la poche arrière, envahissent Instagram. Tout comme ses t-shirts de grande qualité imprimés de messages tels que « Vanessa’s Way » ou « Une Femme Française ». Jeanne Damas y a succombé, l’actrice française Alma Jodorowsy, Mademoiselle Agnès et la présentatrice Alexandra Golovanoff aussi.

Mais s’il est un message que Seward veut faire passer, c’est bien qu’elle est là pour rester. Forte de son élégante proposition, elle a l’intention de faire de sa marque une référence pour les femmes qui désirent se constituer une garde-robe irréprochable et intemporelle.

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