« Le monde est en couleur et on ne peut rien contre », affirmait le photographe américain au magazine The Hasselblad Award, en 1999. S’il a commencé sa carrière en noir & blanc, il a sublimé le rouge et le bleu comme peu l’ont fait à son époque. Cependant, l’exposition qui lui est actuellement consacrée à la Fondation Henri Cartier-Bresson (l’une des influences les plus importantes de William Eggleston) propose un retour sur ses débuts. Grâce à une centaine d’images, on plonge dans le parti pris esthétique et quasi politique du photographe. Pour lui, tout est intéressant : un supermarché, une ampoule au plafond, un jeune homme qui fait ses courses, ou cette « poésie fugace émanant d’une vision banale au détour d’une rue ou captée à travers un pare-brise de voiture », comme l’écrivent Agnès Sire et Sam Stourdzé dans la préface du catalogue de l’exposition From Black and White to Color. « Je devais me rendre à l’évidence que ce que j’avais à faire, c’était de me confronter à des territoires inconnus. Ce qu’il y avait de nouveau à l’époque, c’étaient les centre commerciaux – et c’est ce que j’ai pris en photo », expliquait Eggleston. Dont acte. Décalé, poétique, radical, séduisant, affirmé : son travail nous apparaît d’autant plus indispensable lorsque l’on observe de près la photographie contemporaine.
Texte de Sophie Rosemont.