Un texte de Sophie Rosemont
Prémices de l’exposition consacrée aux Shadows d’Andy Warhol au MAM en octobre, deux événements culturels célèbrent cet été le pape du Pop Art. Tout d’abord, une exposition mémorable au centre Pompidou-Metz, Warhol Underground. On l’aura compris, il s’agit beaucoup de musique (celle du Velvet, donc) et aussi de cinéma, d’avant-garde de préférence, produit ou soutenu par le commandant de bord de la Factory. On déambule dans un large espace découpé en chapitres où la danse de Merce Cunningham croise le rock du sublime Lou Reed (l’un des plus beaux personnages de l’événement) ou les photographies des nombreux artistes à être passés, ne fut-ce qu’une journée comme Bob Dylan, à la sacro-sainte Factory. Nico est là, Edie Sedwick aussi, Candy Darling – toutes ces héroïnes d’Andy, Lou ou Bob. Le Velvet Underground y tient une aussi grande place que celle dont il dispose dans la musique contemporaine : immense, indélébile.
Si Metz paraît trop loin, on peut se contenter de feuilleter l’un des derniers beaux livres de Taschen, l’anthologie de Polaroïds signés Andy Warhol. Ici aussi, le name-dropping fait rêver, de Grace Jones à Jack Nicholson – parmi les stars les plus sexy et populaires du monde, souvent des incarnations de l’American Dream. Mais il y a aussi des new-yorkais qui traînent dans les rues de Manhattan, des travestis et des loosers. L’enjeu de ces instantanés, une centaine au total, est non seulement esthétique (même faussement ratés, ils sont beaux) mais aussi social, comme souvent chez Warhol : chacun de nous est une star. En cela, ils répondent singulièrement à cette chanson du Velvet (interprétée par Nico) qui nous a hanté tout au long de notre visite au centre Pompidou-Metz : « I’ll Be Your Mirror », sans fin, encore et encore.
Warhol underground, jusqu’au 23 novembre au Centre Pompidou Metz
www.centrepompidou-metz.fr/warhol-underground
Andy Warhol, Polaroids, Taschen.