Nous sommes en 2015 mais, si nous n’avions pas tous des iPhone et des cigarettes électroniques, on pourrait se croire au siècle dernier. La mode, éternel recommencement, assure sa fonction de recyclage.
On revisite allégrement les fifties, puis les sixties, puis, plus encore ces temps-ci, les seventies… Même après des années de mépris, les années 90 nous mettent la larme à l’œil. Le jour où l’on remettra des T-shirts blancs sous des robes à fleurs ne saurait tarder… Au grand dam des réactionnaires, cette nostalgie de ce qui n’existe plus et qu’on veut retrouver n’a jamais été aussi vivace : elle est nourrie, 24h sur 24 et dans les quatre coins du monde, par Internet. Un clic, et on zoome sur une photo d’Audrey Hepburn. Un autre, et on écoute un disque de John Coltrane. Encore un, et on verse une larme devant Casablanca. Et on ne manquera pas de le faire savoir à la Terre entière. Et quand il s’agit de conférer un peu de l’élégance de jadis à nos créations d’aujourd’hui, la Toile est encore là pour assurer un filtre rétro. En témoignent les applications pour retrouver le grain d’une vieille photo ou d’un film tourné en Super8 (Hisptamatic, Instagram, Instant Vidéo Vintage, etc.) On s‘arrache les Polaroïds version XXe siècle sur e-Bay. En une demi-heure, on achète à un fan japonais des affichettes d’un concert de Bob Dylan datant des années 80. Puis on s’empresse de le poster sur Facebook, comme témoignage de notre vécu culturel.
Oui, notre coffre à trésors vintage ne serait pas ce qu’il est sans Internet. Qui a dit que l’ère 3.0. allait tout nous faire oublier ?
Un texte de Sophie Rosemont
Pantalon en coton imprimé, Kenzo. Polo en fine maille cotelée, Fendi. Derbies en cuir noir, Louis Vuitton.
Photographie: Daniel Sannwald.
Réalisation: Yann Weber.
Mannequin: Armando Cabral, @ Elite Paris & Whilelmina New-York.
Postproduction: Studio Private
Artwork : Tina Schott.
Coiffure: Ken O’Rourke.
Maquillage: Dotti.