Lors de la présentation de sa collection automne-hiver 2014-2015, Miucca Prada nous avait épaté. Mélangeant le froid et le chaud, s’inspirant de l’œuvre Pina Bausch ou Lola, ambivalent personnage de Rainer Fassbinder, elle signait une collection radicale sous influence seventies où le pull-over over-size rencontrait les détails en soie.
Pour Antidote, Marine Deleuuw incarne implacablement la mode Prada de cet hiver. La jupe est midi mais le genou découvert, la cravate en soie rose rencontre le pull à découpes, les bottes sont hautes et les cheveux d’un vert résolument punk. Dans le film de Fassbinder, Lola est prostituée à la vie nocturne décadente mais, le jour, est taraudée par des désirs de bourgeoisie. Un déchirement existentiel indigne de la femme Prada, sûre d’elle et de ses mélanges stylistiques… mais qui n’oublie pas d’être ambiguë. Aussi résolu soit-il, on saisit dans le regard de Marine Deleuuw quelque chose de l’ordre de la quête. « Quand on y regarde de près, tout provient d’un incoercible besoin d’amour », disait Pina Bausch.
Texte de Sophie Rosemont