Imaginée par le directeur du Palais Galliera, l’incontournable Olivier Saillard, la nouvelle exposition du Musée de l’Histoire de l’Immigration sort des sentiers battus en retraçant les mixages qui ont façonné, et façonnent encore, la mode parisienne d’aujourd’hui. En effet, elle sait se montrer bien plus ouverte sur l’autre qu’il n’y paraît, ses podiums accueillant des créateurs de toutes origines. Et ce depuis toujours : n’est-ce pas un Anglais, Charles Frederick Worth, qui est à l’origine des défilés haute couture ? Si l’école japonaise initiée à la fin des seventies (Kenzo, Issey Miyake, Yohji Yamamoto..) a su ouvrir les portes et que les voisins belges (on pense notamment à la fameuse école d’Anvers où s’illustra Dries Van Noten) ont apporté leur chic à la fois artisanal et minimal au vêtement français, Paris ne connaît plus de barrière de langue ou de racines lorsqu’il s’agit de style. En témoignent Alber Albaz (Isréalo-américain), Rabih Kayrouz (Libanais), ou bien sûr le Tunisien Azzedine Alaïa, dont la rétrospective accompagna la récente réouverture du Palais Galliera. Choisissant un parcours chronologique assez opportun au vu de la richesse du propos et des créations présentées, Fashion Mix se partage entre ceux qui, de l’étranger, viennent fonder leur maison de mode à Paris et ceux qui y défilent, affirmant leur attachement viscéral à la capitale. Mode d’ici, créateurs d’ailleurs, résume le sous-titre de l’exposition. Ou comment, en ces temps troubles et hostile à l’Autre, Fashion Mix affirme l’utilité du Beau de toutes origines.
Un texte de Sophie Rosemont – Posté le 10 Décembre 2014
Fashion Mix, jusqu’au 31 mai, Palais de la Porte Dorée Musée de l’Histoire de l’Immigration, 293 avenue Daumesnil, 75012 Paris.