Basées en Argentine, aux îles Canaries ou à Madrid, ces artistes font évoluer le rap latino et contribuent à l’exporter à l’international. Leur nom ? La Joaqui, Nathy Peluso ou encore Ptazeta. Présentations.
Souvent occultées par l’impressionnant succès de leurs confrères masculins, dont Bad Bunny et Anuel AA, les femmes évoluant dans le monde du rap hispanophone sont pourtant légion. Empruntant aussi bien au reggaeton qu’à la salsa – deux des genres les plus populaires en Amérique latine et en Espagne -, elles signent des morceaux puissants, novateurs et souvent sulfureux, qui traversent les frontières. La preuve avec ces cinq artistes, que l’on vous conseille de suivre de près.
La Joaqui
Originaire d’Argentine, La Joaqui (de son vrai nom Joaquinha Lerena) fait son entrée dans le monde du hip-hop à l’âge de 18 ans, lorsqu’elle décide de prendre part à des battles de freestyle. Elle se fait repérer en 2014 sur la scène de « Batalla de Los Gallos », une compétition organisée par Red Bull, en devenant l’une des premières femmes à s’y qualifier et à affronter des noms iconiques de la scène locale. Aujourd’hui âgée de 30 ans, La Joaqui est considérée comme l’une des rappeuses les plus importantes du hip-hop argentin. En cause ? Un univers hybride, entre reggaeton, trap et rap, qui a séduit des millions d’auditeur·rice·s.
Toujours en quête d’innovations, la rappeuse organisait en 2020 l’un des premiers concerts virtuels d’Argentine. Dans ce live appelé « The White Room », elle interprétait quelques-uns de ses plus gros hits, dont « Ay Papi », « Más Mala Yo », « Violenta » ou encore « Rocho », extrait de son premier album Harakiri, sorti en 2020. Fin prête à renouer avec la scène, La Joaqui préparerait actuellement son retour. Son dernier single, « Lassie », en collaboration avec le rappeur espagnol L-Glante, tombe à pic pour l’arrivée de l’été.
Ptazeta
Son nom ne vous dit peut-être rien, pourtant Ptazeta est un véritable phénomène en Espagne. Originaire de Las Palmas, l’une des sept îles de l’archipel des Canaries, cette rappeuse de 22 ans est récemment passée de l’ombre à la lumière avec « Mami », un titre paru en 2019, qui a explosé durant le confinement. Produit par Juacko (également originaire des Canaries), ce titre entêtant, qui relate un amour saphique, s’est imposé en pole position de nombreuses playlists, cumulant rapidement des millions d’écoutes sur les plateformes de streaming – il en compte à ce jour plus de 46 millions sur Spotify.
Grisée par ce succès, Ptazeta n’a depuis cessé de sortir des singles, composés en collaboration avec Juacko. Aussi bien inspirés par les classiques espagnols de son enfance que par la scène hip-hop américaine, ses plus gros succès s’appellent « Message Enviado », « Déjate Ver » ou encore « Ayer Avi ». Autant de titres à travers lesquels l’Espagnole nous immerge dans son quotidien, évoque son futur et ses rêves de grandeur.
Dévoilé le 12 mars dernier, son morceau « Trakatá » (en collaboration avec Farina) est l’un des plus gros tubes du moment en Espagne. Avec plus de 11 millions de vues sur YouTube, il confirme la capacité de Ptazeta à créer des hymnes forts et puissants, qui participent au rayonnement de la scène musicale espagnole.
Nathy Peluso
Il y a quelques mois, l’argentine Nathy Peluso faisait son entrée dans le studio de COLORS pour interpréter deux de ses titres : le percutant « SANA SANA », qui pointe du doigt la disparité économique de son pays natal, et l’entraînant « Puro Veneno », qui évoque une relation toxique avec un homme. Regardées à la suite, ces performances donnaient un aperçu immédiat du caractère polymorphe de son univers, qui alterne allègrement entre hip-hop viscéral et salsa festive, entre dénonciation politique et récit de son intimité.
Élevée à Bueno Aires et désormais basée en Espagne, cette artiste de 26 ans a grandi bercée par une infinité de sonorités, dont le jazz, la soul et le pop latino. Formée pendant plusieurs années dans une école d’art du mime et du geste, Nathy Peluso donne rapidement vie à des chansons qu’elle conçoit comme un spectacle total, au cœur duquel fusionnent chant, danse et poésie.
Présenté en 2017 à travers son premier EP Esmeralda, son « hip-hop jazzy » – comme elle le décrit elle-même – mêle rap, salsa, pop, swing ou encore jazz, et s’accompagne de clips à l’humour décomplexé. Rapidement considérée comme l’un des noms les plus avant-gardistes des scènes argentine et espagnole, Nathy Peluso partage en 2020 son premier album Calambre. Plébiscité par des médias tels que Billboard ou Remezcla, ce disque contient les plus gros succès de la rappeuse-chanteuse et notamment l’obsédant « DELITO », dont le clip a été visionné près de 40 millions de fois à travers le monde.
Cazzu
Avec 9,3 millions d’abonné·e·s sur Instagram et quasiment autant d’auditeur·rice·s par mois sur Spotify, Cazzu s’impose incontestablement comme l’un des plus grands phénomènes de la scène hip-hop hispanique. Fille d’un père musicien, Julieta Emilia Cazzuchelli (son nom à la ville) voit le jour le 16 décembre 1993 en Argentine et se lance en tant que chanteuse de rock et de cambia (un genre très populaire en Amérique du Sud) après des études en cinéma et en design graphique à Buenos Aires.
Mais c’est sa rencontre avec le rap, qui s’opère au milieu des années 2010, qui lui permet de trouver sa voie. Désormais rebaptisée Cazzu, la jeune femme commence en 2017 à dévoiler des chansons croisant trap, R&B et reggaeton, qui prônent l’empowerment féminin. Inspirantes, ces dernières trouvent un certain écho en Argentine. Puis les choses s’accélèrent, quelques mois plus tard, lorsqu’elle collabore avec ses confrères Khea et Duki sur le morceau « Loca ». Très vite certifié single d’or, est remixé dans la foulée par la superstar Bad Bunny, qui place définitivement notre artiste sous le feu des projecteurs.
Après deux premiers albums, Maldade$ (2017) et Error 93 (2018), Cazzu révélait l’été dernier Una Niña Inutil, son troisième disque, composé de huit titres hybrides et notamment porté par le single « Miedo », avant de faire son retour en juin dernier avec un nouveau single en collaboration avec Justin Quiles, « Dime Dónde ».
La Zowi
Chez La Zowi, la musique est une affaire de famille. Fille d’une poète féministe et d’un célèbre guitariste de flamenco (Jean Marcel Jeanneau aka « El Yerbita »), cette dernière naît à Paris et grandit à Grenada, après des séjours à Marseille, Londres ou encore Barcelone. Biberonnée au flamenco, elle est élevée au rythme des plus grands classiques des musiques latines et africaines et nourrit une passion précoce pour la musique.
À 20 ans, elle fonde avec des amis le label La Vendicion Records, sur lequel elle dévoile en 2013 son premier morceau, « Ratxeta ». Un titre dont le nom fait écho au mot anglais « ratchet », qui pose les bases de son univers : une musique à la croisée des genres entre trap et reggaeton, qui reprend les grandes thématiques du gangsta rap (drogues, argents et « putas », pour reprendre le terme de celle qui s’auto-proclame « La Zowi Puta » dans ses sons). Intitulés « Random Hoe » ou « Bitch Te Quemas », ses morceaux mettent en valeur les femmes de son entourage, qu’elle considère sous-représentées dans la musique actuelle.
Après une première mixtape, Ama de Casa, divulguée en 2018, La Zowi partageait en 2020 Élite, son premier album. Composé de 9 titres, ce projet a notamment été remarqué grâce aux singles « Boss » et « Filet Mignon », qui cumulent à eux deux plus de trois millions d’écoutes sur Spotify. Déterminée à s’imposer sur le devant de la scène rap, La Zowi sortait ensuite « Sin Modales », son dernier single solo en date, en février dernier.