Un timbre sensuel, des airs de Natalie Portman et un univers aussi sombre qu’hypnotisant, l’américaine Banks lève le voile sur son second album baptisé The Altar. Entre pop et R&B, ce nouvel opus signe le retour mature et inspiré de la chanteuse déjà sacrée aux Etats-Unis parmi les meilleurs espoirs féminins dans sa catégorie. Nous l’avons rencontrée à Paris pendant la Fashion Week.
Vous venez de dévoiler votre nouvel album, en quoi est-il différent de votre précédent opus Goddess ?
Ma musique est le miroir de mon parcours et de là où je me trouve au moment où je l’écris. C’est plutôt difficile à expliquer mais je me sens plus mature, j’ai beaucoup grandi et il y a eu de nouveaux sujets que j’ai eu envie de développer. Il n’est ni meilleur ni moins bon que le précédent, il est juste différent dans la mesure où je suis moi-même différente aujourd’hui.
Comment avez-vous personnellement évolué ?
Je pense que je me sens plus puissante, j’ai plus confiance en moi, je suis prête à me dévoiler davantage. J’ai aussi eu de nouvelles expériences, rencontré de nouvelles personnes, j’ai joué de nouveaux rôles. C’est le cheminement naturel de la vie.
L’album s’appelle The Altar [l’autel], l’autel de quoi ?
L’autel de ma vie. J’étais au volant de ma voiture sur Sunset Boulevard à Los Angeles et j’ai vu cet autel en ruine au bord de la route. Il était vraiment sale et en mauvais état mais il conservait quelque chose de spécial, saint, presque magique. J’ai commencé à réfléchir à la symbolique de l’autel. C’est un lieu de culte, de sacrifice, de remise en question aussi. Et c’est un peu ainsi que je conçois ma musique. C’est là que je me sens en confiance, que je peux être honnête.
Goddess et maintenant The Altar, la religion occupe-t-elle une place dans votre travail ?
La musique est ma religion. C’est quelque chose qui m’aide à me recentrer, elle me confère de l’énérgie et j’ai l’impression, grâce à elle, de pouvoir être entendue. C’est très important pour moi, et peut-être autant que la religion pourrait l’être pour quelqu’un d’autre.
Ce nouvel album aborde aussi le sujet de la dépression. Pourquoi avez-vous décidé pour la première fois de vous ouvrir sur ce trouble ?
Je pense que je dois écrire à propos de ce que je traverse, et j’ai été dépressive. C’est difficile de révéler tant de choses à propos de vous-même mais c’est ainsi que je me suis guérie. Pourquoi le garder pour soi ? Nous sommes tous humains. Et j’ai toujours très sincère avec mon public. Parfois lors d’une interview, j’explique être heureuse de l’avoir partagé, puis le jour d’après, je me demande si j’ai vraiment bien fait. Ca va, ça vient.
Donc la musique est votre échappatoire.
C’est exactement pour cela que je fais de la musique. Je fais de la musique pour me défaire de ces émotions sombres. Mais je n’ai pas que des chansons tristes, mes morceaux parlent aussi d’amour. Fuck With Myself est par exemple un titre vraiment enjoué. Et le sujet d’une chanson peut-être lourd, à propos d’une rupture ou de la bataille avec ses propres démons, mais elle n’est pas pour autant forcément déprimante.
Dans Fuck With Myself, vous chantez « I used to care what you think about me », de quoi vous souciez-vous auparavant dont vous vous moquez désormais ?
Je pense que tout le monde se soucie de ce que pensent les autres. Quand j’ai écrit Fuck With Myself, je subissais la pression de l’écriture d’un deuxième album, des attentes des gens. Et quand j’ai commencé à faire de la musique, je n’avais pas ces préoccupations du tout. Au départ, c’était juste pour moi. Je ne fais pas de la musique pour plaire aux autres. Et quand vous devenez trop obnubilé par ce que pensent les gens, concentrez-vous sur vous-même, car il est nécessaire de s’aimer et de se faire confiance. Ma musique me représente et si ça ne convient pas à un tel ou un tel, je n’en ai strictement rien à faire.
Aujourd’hui, une majorité d’albums de musique pop présentent des morceaux en featuring, le votre n’en présente aucun. Pourquoi ?
Je pense que le processus de collaboration doit se faire de façon la plus naturelle possible. L’équation n’est pas évidente. Il faut que je sente une connexion. J’adore travailler avec d’autres artistes, j’ai écrit un morceau avec Chet Faker. Je n’ai juste pas eu l’occasion sur cet album.
Quelle serait votre collaboration rêvée ?
Il y a une multitude d’artistes avec qui je voudrais travailler. Mais il serait vain d’établir une liste de noms, car il se pourrait que je rencontre l’artiste avec qui j’ai toujours rêvé de collaborer et que finalement rien ne se passe. J’ai travaillé avec Miguel il y a quelques mois, et avec lui c’était génial car nous sommes sur la même longueur d’onde en ce qui concerne l’écriture.
Vous apparaissez souvent théâtrale dans vos clips, avez-vous déjà considéré la comédie ?
Je suis, comme vous l’avez dit, l’actrice de mes propres vidéos. Je ne voudrais pas être actrice car je ne serais pas capable d’incarner quelqu’un d’autre. Je suis un peu drama queen mais ça s’arrête là.
Vous êtes à Paris en pleine Fashion Week, quels rapports entretenez-vous avec la mode ?
La mode permet d’après moi de créer une atmosphère sur scène, dans les clips et dans la vie. C’est un moyen créatif supplémentaire de montrer qui vous êtes. Je pense avoir une personnalité multiple si bien que je ne me réduis pas à un seul style. J’adore cette marque new-yorkaise baptisée Apiece Apart, j’aime Dior, Chanel bien sûr, et aussi retomber sur des vêtements que je portais quand j’étais jeune. Oh, et j’adore Gareth Pugh aussi.
Que voulez-vous faire ensuite ?
Partir en tournée.
L’album The Altar de Banks est disponible sur iTunes et les plateformes de streaming légales.
Banks sera en concert à Paris le 8 mars 2016 à La Cigale.