Rencontre avec le DJ croate Only Fire, avant la sortie de son nouvel EP « Moana Lisa »

Article publié le 1 mars 2024

Photos : Jamie Emmerman. Interview : Henri Delebarre.

Avec leurs voix robotiques clamant des paroles salaces sur des beats entêtants, les titres du jeune DJ croate Only Fire se sont rapidement imposés sur la scène

Avec leurs voix robotiques clamant des paroles salaces sur des beats entêtants, les titres du jeune DJ croate Only Fire se sont rapidement imposés sur la scène


Avec leurs voix robotiques clamant des paroles salaces sur des beats entêtants, les titres du jeune DJ croate Only Fire se sont rapidement imposés sur la scène électro internationale, de Paris à Berlin, où il vit aujourd’hui, en passant par New York et Zagreb, où il a grandi. Après avoir mixé lors d’une Antidote Party en juillet 2023, où il instantanément fait grimper la température, le jeune DJ de 24 ans revient ce vendredi 1er mars avec « Blowjob Queen », un single annonçant la sortie de « Moana Lisa », un nouvel EP au titre tout aussi kinky, disponible en pré-commande avant sa sortie à la fin du mois. Rencontre.

ANTIDOTE : Comment était-ce de grandir en Croatie, juste après la guerre civile ?
ONLY FIRE : C’était plutôt cool, j’ai eu une très belle enfance. Mon adolescence était un peu plus ennuyeuse, je pense que c’est pour cette raison, pour tromper l’ennui, que je me suis lancé dans la musique.
Quel type de musique écoutais-tu en grandissant ?
Enfant, j’écoutais principalement de la pop. Ensuite, durant mon adolescence, je me suis ouvert à d’autres genres, notamment au hip-hop, et à d’autres musiques plus alternatives, comme l’électro expérimentale.

D’où vient ton pseudonyme, « Only Fire » ?
Je l’ai adopté quand j’avais environ 14 ans, comme ça, juste au moment où j’ai commencé à faire de la musique et où j’ai commencé à partager des remixes débiles sur YouTube. Je ne me suis jamais dit que j’allais être reconnu pour ma musique, alors je me suis accroché à ce nom, mais si j’avais su que ça allait devenir mon métier, j’y aurais certainement réfléchi davantage car a posteriori je le trouve un peu banal.
Tes chansons sont interprétées par une voix virtuelle, que tu appelles « Siri », même s’il ne s’agit pas littéralement de l’assistant vocal d’Apple. Comment procèdes-tu pour créer un titre ? Quels logiciels utilises-tu ?
Je soumets toutes mes paroles à un générateur de voix artificielle et ensuite je récupère le fichier mp3 avec la voix. Ensuite, j’arrange le tout pour que la voix matche avec le rythme des beats, ce qui est la partie la plus fastidieuse et la plus longue – ça peut parfois me prendre des heures. Il faut beaucoup couper, éditer, étirer la voix. Je fais tout ça sur Logic Pro.
Pourquoi as-tu commencé à utiliser cette voix virtuelle ?
Parce que je ne voulais pas que ce soit ma propre voix qu’on entende dans mes chansons. Mais je voulais absolument que ma musique ait des paroles. C’est tout simplement comme ça que m’est venue l’idée d’utiliser des voix robotisées.
D’où te vient cette obsession pour le sexe ? Tes paroles sont souvent très explicites…
Je ne dirais pas que c’est une obsession. J’écris juste des chansons sur ce thème parce que je trouve ça drôle à écouter. Ça donne une vibe unique à la chanson, c’est impactant de mélanger ces paroles avec des beats. Mais je n’ai pas particulièrement d’obsession pour le sexe.

Tu écris toujours d’un point de vue féminin. Pourquoi ?
Je trouve que les voix féminines sonnent mieux en musique électronique – c’est pour cette raison que j’écris du point de vue d’une femme, et aussi parce que sinon ça n’aurait pas de sens, comme j’utilise des voix féminines.
Est-ce que tu utilises l’intelligence artificielle parfois pour écrire tes chansons ou pour trouver l’inspiration?
Non, j’ai commencé la musique bien avant que l’IA ne devienne un outil aussi populaire et je continue sans.
Outre pour Antidote, tu as mixé lors d’événements pour des maisons de mode telles que JW Anderson, Loewe ou encore Ludovic de Saint Sernin. Quelle relation entretiens-tu avec la mode ?
Je pense que mes sons s’accordent bien avec la mode, parce qu’ils ont quelque chose d’inédit, de novateur, qui n’a jamais vraiment été fait auparavant, et c’est le propre de la mode d’innover. C’est probablement la raison pour laquelle ma musique résonne si bien auprès des acteur·ice·s de cette industrie.

Tu as récemment collaboré avec Brooke Candy sur un titre intitulé « Yoga ». Comment vous-êtes vous rencontré·e·s et comment avez-vous fini par collaborer ensemble ?
À vrai dire, on s’est seulement rencontré·e·s en personne, une fois que le titre est sorti ! C’était à New York, pendant son show « Elsewhere », pour lequel j’ai fait l’ouverture avec mon ami Goth Jafar. Notre titre « Yoga » a été créé à distance, alors que je vivais encore en Croatie – je lui ai envoyé les beats et elle m’a renvoyé les paroles chantées. Nous aimions tous·te les deux le travail de l’autre, donc on s’est contacté·e·s et on a décidé de collaborer sur un banger.
Quels sont tes prochains projets ? Tu as d’autres collaborations à venir ?
Mon EP « Moana Lisa » sortira le 22 mars, et ensuite je veux me concentrer davantage sur les collaborations. Il y en a beaucoup sur lesquelles je travaille, notamment une avec Miss Bashful et LSDXOXO. Il y a eu beaucoup de changements cette année, j’ai quitté Zagreb, où j’ai vécu toute ma vie, pour Berlin. J’ai beaucoup voyagé dans le monde pour mes DJ sets et je n’ai pas eu énormément de temps pour me poser !
L’EP « Moana Lisa » sortira le 22 mars et est disponible en pré-commande.

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